Révélé dans « Beau Menteur », le modèle et performeur dont Tracks sur Arte a récemment tiré le portrait, va marquer l’expo « Mauvaises Vies ? » de Marc Martin à La Vallée-Bruxelles. Sa performance jouera sur le don de soi face au corps nu : le public sera-t-il prêt à tout recevoir ?
Strobo : Bonjour Benjamin. Peux-tu nous dire d’où tu viens, ton parcours ?
Benjamin : J’étais transformiste/drag, je faisais du cabaret à Angers et ses alentours ! Je suis arrivé à Paris il y a 10 ans, depuis j’ai fait évoluer mon personnage en jouant avec les codes de la féminité et de la masculinité. Aujourd’hui je me mets en scène dans des performances live, dans des films et des photos à l’esthétique érotique et singulière.
Ce n’est pas la première fois que tu travailles avec Marc Martin. Dans « Beau Menteur » (en 2021), tu incarnais déjà la masculinité plurielle. Raconte-nous cette expérience.
A cette époque-là, j’étais très attaché à mon androgynie. Pourtant je bossais dans un sexshop, j’étais performer résident pour une soirée fetish. Et c’est ce paradoxe chez moi qui a plu à Marc Martin. Au départ je ne me sentais pas crédible dans ce rôle, mais il m’a guidé. Mon père est mort quand j’étais enfant. Et avec Marc j’ai ressenti une relation paternelle, il me montrait comment me raser, me parlait de ses icônes, et les mimiques à adopter pour incarner chaque personnage de Beau Menteur. Finalement, ce coffret d’images révèle aussi de moi beaucoup de vérité.
4 ans plus tard, qu’est-ce a changé, personnellement et dans ton travail de performeur ?
J’ai d’abord été très farouche à l’idée d’aborder la sexualité. Mais il y a tellement à dire et à défendre, aujourd’hui le sexe est devenu central de mon travail. Je me suis émancipé, petit à petit, et je n’ai jamais été aussi serein dans ma vie professionnelle et privée que depuis que j’ai assumé mon rapport au sexe. Aujourd’hui je me sens libre et libéré.
Dans un épisode de Tracks diffusé sur Arte, tu racontais avec beaucoup de sensibilité ton rapport au corps et à la nudité… Raconte-nous.
Le corps met mal à l’aise très souvent, alors que c’est la chose la plus naturelle avec laquelle nous devrions être instinctivement confortable à regarder, à toucher...
« Mauvaises Vies ? » inaugure la semaine de la Pride à Bruxelles. Comment souhaites-tu que le public présent au vernissage reçoive ta performance ?
L’idée de cette performance est de vouloir tout donner en interrogeant le public sur sa capacité à tout recevoir. Tout le monde pourra se poser la question. Homme ou femme, homo ou hétéro, jeune ou moins jeune... Nous sommes tous égaux face à certaines situations. On partage les mêmes valeurs avec Marc Martin, il m’a donné carte blanche.
Quels sont tes prochains projets artistiques ?
J’aime que mon personnage fasse toujours des choses différentes, dans des contextes différents. Je réalise aussi mes propres films et j’en fais la promotion sur mes réseaux sociaux @personne_public.
Crédits photos Marc Martin