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  • De nombreux.ses élu.es, personnalités et associations ont envoyé une lettre collective demandant au préfet de mettre fin à une discrimination flagrante. En effet, depuis 2010, iels sont exclu.e.s de la gerbe commune déposée lors de la cérémonie d’hommage aux déportés de la Seconde Guerre Mondiale, même si iels peuvent déposer leur propre gerbe, mais à part. Pourquoi ?

    Selon la présidente de l’antenne locale de l’Association des Déportés, Internés, Résistants et Patriotes (déclaration de 2010) : « l’ADIRP comprend des déportés, internés et résistants vivants alors que les homosexuels ne sont représentés que par leurs amis. Et par nature, ces personnes ne se reproduisent pas. Ils n’ont pas de famille ». Pour rappel, 50 000 homosexuel.les ont été condamnés pendant cette période, dont 5 à 15 000 déportés.

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  • Utiliser son fils pour séduire le roi. Voici l'histoire vraie et scandaleuse de Mary Villiers, comtesse de Buckingham, qui, dans l'Angleterre du XVIIè siècle, a utilisé son fils George afin qu'il séduise le roi Jacques Ier et devienne son amant tout-puissant. Basé sur le livre The King’s Assassin de Benjamin Woolley, la série Mary & George débute en mai sur Canal+. À force d’intrigues, la famille Villiers est devenue la plus titrée et la plus influente que la cour d’Angleterre ait jamais connue. Et qui mieux que Julianne Moore pour incarner cette mère manipulatrice pour utiliser sa progéniture en vue de tuer le monarque. Une mini-série dramatique britannique brillante et palpitante qui retrace le complot de ce crime historique resté secret pendant 400 ans.

    Mary & George sur Canal+ en mai.

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  • La chaîne Histoire diffuse le 17 mai prochain «  une Histoire trans: 60 ans de combat pour exister », réalisé par Pascal Petit. Un documentaire à destination du grand public, mais utile pour toutes et tous, sur un sujet trop rarement traité.

    Si l’histoire de la communauté trans est quelque fois racontée dans le cadre global d’une histoire des communautés LGBT, elle fait rarement l’objet d’un livre ou d’un documentaire à part entière. Une histoire trans, de Pascal Petit (également réalisateur du documentaire Sida : des années sombres aux premières victoires, 2023), diffusé le 17 mai sur la chaîne Histoire, vient combler ce manque. 

    Le documentaire fait la part belle aux témoignages des personnes concernées. Outre quelques simples témoins, dont l’icône Marie-Pierre Pruvot, alias Bambi, on peut citer des militant.es comme Tom Reucher ou Giovanna Rincon, des universitaires trans comme Karine Espineira ou Emmanuel Beaubatie, ou encore Marie Cau, première femme trans élue maire en France et Olivia Chaumont première femme à appartenir à une loge du Grand Orient de France après sa transition. Quelques personnalités non-trans comme l’animatrice Mireille Dumas, le sociologue Arnaud Alessandrin ou l’ancienne ministre de la Santé Roselyne Bachelot interviennent également. 

    L’ensemble dessine une histoire des personnes trans et de leurs combats pour la reconnaissance et des droits ces 60 dernières années. Une histoire qui commence par un ressenti intime: celui de ne pas être en adéquation avec le genre qui vous a été attribué à la naissance. Et qui se poursuit avec une lutte incessante pour se faire respecter, pour pouvoir changer son état civil, pour être heureux.se tout simplement. Même si les personnes trans ont toujours existé, comme le rappelle le documentaire, l’histoire trans commence véritablement grâce aux progrès de la médecine et de l’endocrinologie, avec la peintre danoise Lili Elbe (dont la vie est retracée dans le film Danish Girl) et surtout deux femmes plus médiatisées : l’américaine Christine Jorgensen et la française Jacqueline Charlotte Dufresnoy, plus connue sous le pseudonyme de Coccinelle, dont les transitions font la Une des journaux dans les années 50. 

    Une histoire trans montre également quelques archives, tantôt lumineuses, avec les images de Coccinelle et Bambi (voir aussi l’excellent documentaire que Sébastien Lifshitz a consacré à cette dernière), tantôt bouleversantes comme le témoignage de Simone, femme trans travailleuse du sexe, dans une émission de Mireille Dumas en 1992 : « la société n’est déjà pas faite pour l’être humain soit disant « normal », affirme-t-elle. Tellement de « normaux » s’y sentent mal, comment pouvez-vous penser que pour nous on ait préparé quelque chose ? Rien. Nous sommes considéré.es moins que des chiens ». 

    Retracer l’histoire trans, c’est surtout rappeler, comme le fait Giovanna Rincon, directrice de l’association Acceptess T, que la lutte est loin d’être terminée. A l’heure où le Parlement examine une loi pour la réparation de la répression des homosexuels, la militante appelle à une réparation de la répression à l’égard des personnes trans. Une telle mesure commencerait par le fait d’accéder à une revendication élémentaire: celle de pouvoir changer d’état civil librement, sans devoir passer devant un juge, comme en Argentine. L’histoire trans est encore loin d’être terminée.

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  • « Faire les tasses », pour la « génération Grinder », ça ne veut rien dire. Avant la drague sur les applis, avant l’apparition d’internet, avant le minitel et le réseau téléphonique, avant qu’il n’existe des établissements dédiés, les mecs qui cherchaient à rencontrer d’autres hommes se retrouvaient dans les tasses !

    Les tasses, dans l’argot du siècle dernier, c’était les vespasiennes, c’est-à-dire les pissotières et urinoirs publics en tout genre. Ancêtres de la monoplace et aseptisée Sanisette Decaux, les urinoirs publics comptaient parfois une dizaine de stalles. À l’époque du placard, quand l’homosexualité était condamnée par la loi (et ce n’est pas si loin en France), les tasses de chaque ville, chaque village ont joué un rôle capital d’émancipation sexuelle et sociale. 

    C’est cette histoire urbaine dénigrée que Marc Martin a voulu volontairement mettre en lumière.

    Malgré son succès au Schwules Museum de Berlin l’an dernier, malgré une exposition au musée Leslie-Lohman de New Y

    ork prévu l’an prochain, Paris s’est montré frileux avec ce projet. Aucune institution n’a osé lever le masque sur les activités clandestines qui se déroulaient dans les vespasiennes de la Capitale. Trop politiquement incorrect ! Au sein même de la communauté LGBT+, le sujet divise : une partie des porte-paroles préfèrerait gommer cette partie de notre histoire, justement parce qu’elle fait tache aujourd’hui dans le décor. Pourtant, éc

    rit Marc Martin en ouverture de son ouvrage, ces édicules, qui se confondent avec les aventures de nombreux gays, travestis, prostitués, libertaires, offraient une liberté échappant à tout enjeu formaté, à toute logique économique. Ces lieux de passage et de sociabilité atypique voyaient les classes sociales s’estomper, les cultures se mélanger...  Et c’est justement parce qu’elles ont mauvaise réputation que le photographe s’est donné tant de mal. C’est un lieu de rencontre où lui-même a fait ses classes. Dans ce projet, il démontre une face cachée du Paris Gay qui a aussi permis de faire avancer la grande Histoire… Documents historiques à l’appui, dénichés dans les archives de la police et grâce aux témoignages des ainés sur le sujet. Il ne s’agira donc pas uniquement d’une exposition artistique mais bien d’un positionnement politique de l’artiste. Il s’est entouré d’auteurs, de scientifiques pour décrypter 200 ans d’histoires, loin des représentations propres et polissées. 

    Marc Martin « Les tasses, toilettes publiques – affaires privées ».
    Sortie du livre 4 nov. 2019.

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