Noxima Marley

Thierry Desaules

La quarantaine joviale et le regard malicieux d’un gamin toujours émerveillé, Nöxima Marley (dont le nom de scène est inspiré du personnage de Wesley Snipes dans « Extravagances » et du mythique Bob Marley dont les chansons accompagnèrent son enfance) est aujourd’hui à la tête du célèbre « Crazyness Ball » du Spyl de Strasbourg. Il enquille également les performances multidisciplinaires dans divers lieux. Rencontre avec la « Mother » des baby-Queens du Grand Est !


Peux-tu nous présenter le personnage de Nöxima Marley ?

Je suis la cousine cachée de Bob Marley (rires) ! C’est un personnage qui est né il y a quatre ans grâce à un spectacle intitulé « La pépinière fait son show » où j’ai voulu mettre en scène un présentateur mi-homme / mi-femme mais pas véritablement drag-queen, plutôt queer finalement. Du maquillage, des plumes, des talons et un corset. Tout a commencé ainsi.

Tu étais drag dans les années 90 et tu as repris après une absence de vingt ans. Quel a été le déclic ?

Le déclic s’est fait en intégrant une troupe de théâtre où on m’a demandé de venir pour faire le « comique ». ça s’appelait  « Les Amuse-gueules » et on jouait à La Java de Strasbourg. Ensuite, on a lancé « La Pépinière » avec une fille de la troupe. C’était une sorte de tremplin pour jeunes talents pluridisciplinaires : des danseurs, des chanteurs, des performeurs…

Tu diriges aujourd’hui les soirées « Crazyness Ball » du Spyl. Quel en est le concept ?

Je suis parti d’une émission très tendance en ce moment mais que j’ai suivi dès le début puisqu’elle existe depuis douze ans, Ru Paul Drag Race. J’ai décidé de me lancer dans ces bals à l’américaine que Ru Paul proposait dans son émission : le défilé, le playback, et des interventions diverses de chaque drag-queen.  J’ai mixé tout ça à ma sauce et lancé la soirée grâce à une ancienne drag de Strasbourg, Amanda LaGrande, qui avait déjà mis ce type de soirées en place depuis quelques mois. Il s’agissait à l’époque d’un simple show de drag-queens. Pour ma part, j’avais besoin de partage. Je n’aime pas être seul en scène, j’aime la notion de troupe. Je voyais bien qu’à Strasbourg il y avait de jeunes drag-queens qui voulaient se lancer, des gens qui avaient besoin d’un nouveau terrain d’expression. La direction du Spyl, qui m’avait vu dans le spectacle de la Pépinière au Cabaret Onirique, m’a donné carte blanche pour créer ce concept très ouvert.  Et ça a pris très rapidement. Le succès était au rendez-vous !

Comment analyses-tu le revival du mouvement drag queen un peu partout dans le monde aujourd’hui ?

Je ne suis pas sûr que Ru Paul Drag Race ait forcément relancé la machine. Selon moi, il y avait une réelle envie de ça, c’était latent. L’émission a été le dernier prétexte pour que les gens se lancent. Avec l’explosion des genres, l’envie des gens d’être ce qu’ils sont profondément ou d’assumer certains côtés de leur personnalité, il y avait je pense un réel besoin d’avoir des espaces pour s’exprimer. « Le Crazyness Ball » en est un. Aujourd’hui, on est plus sur de vrais performeurs qui utilisent les codes des drag-queens ou les codes queer. 

C’est dans l’air du temps. Et puis, certains ont également un besoin de starification, à un moment ou un autre. Même pour quelques minutes. Ils ont envie de monter sur scène !

Tes projets ?

Aujourd’hui, j’aspire à devenir vraiment intermittent du spectacle. Je travaille sur un spectacle baptisé « Cabaret Sauvage » qui raconte l’histoire d’un meneur de revue drag-queen qui emmène dans un voyage un peu onirique un jeune africain qui désire faire du cabaret. Je vais également travailler sur le festival « Strasbourg mon Amour » et projette de partir en Australie afin de développer et faire connaître Nöxima là-bas. Il y a également numéro très théâtral autour de ce personnage qui sera prochainement joué à Paris.

Partager:
PUB
PUB