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Julien de Bomerani, créateur de la soirée « Folle de rage »

Thierry Desaules

Julien, peux-tu nous présenter le concept de ta soirée ?

C’est une soirée inclusive-friendly où je mets la pop-culture à l’honneur. Il y a deux DJ-sets, c’est souvent moi qui mixe en tant que fondateur de la soirée, DJ et drag-queen. La particularité de la soirée est que j’invite chaque fois un artiste  de la pop-culture à se produire en live. On a eu les Sister Queen, les L5, Eva Simons et là, on va recevoir Amanda Lepore. Les gens viennent spontanément costumés. Il y a beaucoup de drags, des filles, des mecs… L’idée est que tout cela demeure bon enfant !

Quel en est la périodicité ?

La soirée se tient environ quatre fois par an. Nous allons fêter notre première année d’existence le 16 novembre.

Quel regard portes-tu sur le milieu électro LGBT au sein de ta région ?

Sur Montpellier, il est hyper développé. La scène est très active. Il y a énormément de soirées et beaucoup d’associations, d’organes différents. Ce que je trouve génial, c’est l’entente qu’il y a entre nous. Pour le Sud de la France, il se passe énormément de choses mais nous ne sommes pas non plus hyper nombreux. C’est justement pour ça que j’ai crée à la fin de l’été un groupe sur Messenger afin de créer une réelle cohésion entre nous. Deux soirées au même moment et dans la même ville, ce serait forcément un peu compliqué. On fait donc en sorte de travailler en bonne intelligence, et ensemble. D’autant plus qu’on a tous des soirées très différentes, très marquées dans leur genre. Il y a de la place pour tout le monde.

Ressens-tu une influence de la communauté LGBT sur le son électro ou les forces de propositions inhérentes aux soirées ?

Le milieu gay est précurseur.  C’est le premier public de la musique électronique, c’est la base. A Montpellier, on avait la Villa Rouge, un lieu mythique et précurseur dans le milieu de l’électro et de la techno et… c’était un club gay ! A contrario, le milieu gay est aussi très porté sur la pop-music. C’est bien de pouvoir allier un son plus élitiste à des choses beaucoup plus populaires.

Comment vois-tu le grand retour de la scène drag-queen ?

J’ai 30 ans et j’ai commencé il y a un peu moins de dix ans. Ce qui est génial, c’est que depuis l’arrivée de Ru Paul sur Netflix, il y a eu une impulsion auprès d’une nouvelle génération de drags qui sont incroyablement douées. Elles ont accès à des informations qu’on n’avait pas avant : les tutos de maquillage sur Youtube etc… Dans les années 90, c’était quelque chose d’assez élitiste et les secrets étaient plutôt bien gardés. On ne trouvait pas les choses aussi facilement qu’aujourd’hui. La scène drag est en plein développement, il se passe vraiment plein de trucs. A Montpellier, ça grouille et je trouve cela extraordinaire. Je propose environ une fois par mois des scènes ouvertes « drag-queens » à Montpellier et à chaque fois, c’est génial : il y a des drag-queens, mais aussi des drag-kings, bref… on voit de tout ! C’est important parce que ça donne une tribune à des gens qui n’ont pas forcément confiance en eux. Etre drag, ça peut être simplement passager dans une vie… Ça peut apporter un peu de fun, de délire dans une vie, une aide réelle pour s’assumer plus encore. Il faut que cela continue !

Quelle évolution pour cette scène-là ?

Je n’imagine qu’une évolution positive. Je ne pense pas que cela va s’arrêter. On est au début d’une vraie transition : je pense que la drag deviendra bientôt quelque chose de commercial, de mainstream. Les gens ne voient plus cela comme quelque chose de malsain, ils commencent à comprendre que c’est simplement du spectacle.

 

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