La 17e édition du festival de film queer niçois In&Out se tiendra du 17 au 28 avril
En ces temps troublés, face aux menaces croissantes, à la montée des périls et des violences dont les communautés lgbtqia+ sont parmi les premiers victimes, nous sommes en droit de nous demander à quoi bon un festival de cinéma de films queers ? La réponse, c’est peut-être le sous-directeur général pour la Culture de l’UNESCO, le Chilien Ernesto Ottone qui nous l’apporte : « la culture est un besoin vital en temps de crise, qui permet de recréer un sentiment de cohésion et de solidarité dans l’adversité, apportant du réconfort, inspiration et espoir en période d'anxiété et d'incertitude. »
In&Out revient donc avec sa 17e édition pour aider à penser à autre chose, penser autrement ces nouveaux défis et pourquoi pas égayer un peu notre printemps. Sur douze jours de festival nous assisterons à plus d’une vingtaine de projections et recevrons autant d’invité·es. Un panorama des meilleures productions queers mondiales et plusieurs temps forts structureront l’ensemble de la programmation.
In&Out a décidé de célébrer le « génie lesbien » à l’occasion d’un week-end entièrement consacré à la visibilité lesbienne. Outre la superbe affiche dont la création a été confiée à Romy Alizée, se succéderont projections, rencontres, tables rondes, spectacle de clown, lectures et ateliers pour ce moment dédié aux femmes qui aiment les femmes.
Un coup de projecteur sera offert à un artiste drag engagé doublé d’un cinéaste talentueux, Florent Gouëlou aka Javel Habibi, qui viendra nous faire partager l’ambiance de ses mythiques soirées parisiennes à la Flèche d’Or.
Dans un moment politique totalement réactionnaire, alimenté par les tensions au Moyen-Orient et la montée des idées racistes en Occident, il nous a semblé utile de donner la parole au Marocain Abdellah Taïa et au Palestien Karim Kattan, deux auteurs qui ont placé au cœur de leurs écrits la question des identités et la place des communautés lgbtqia+ arabes.
Le Panorama propose de nombreux films en avant-première avec notamment en séance d’ouverture l’irrésistible Mascarpone – The Rainbow Cake de l’Italien Alessandro Guida et, en clôture du festival, le bouleversant Egoist du Japonais Daishi Matsunaga. En outre, le public niçois pourra découvrir l’univers sensuel de Tout le plaisir est pour moi de l’Argentin Sacha Amaral, et celui, très délicat, de Slow signé par la lituanienne Marija Kavtaradze qui aborde avec justesse le thème de l’asexualité. Mais aussi le thriller déroutant En garde de la Singapourienne Nelicia Low, un drame fraternel dans le monde de l’escrime ; le jubilatoire Moi, ma mère et les autres de l’Argentin Iair Said et l’étourdissante Trilogie d’Oslo Désir/Amour/Rêves qui permet au norvégien Dag Johan Haugerud de livrer ses méditations sur la diversité des sentiments amoureux.
Une fois de plus, In&Out ne se privera pas de rendre hommage aux personnalités que nous admirons. Nous sommes ainsi fiers de célébrer la mémoire du grand réalisateur Lionel Soukaz, décédé en février dernier, ami et invité régulier du festival, qui a su capter avec sa caméra une part de l’âme et de la mémoire de notre communauté. À travers son chef-d’œuvre, Race d’Ep (1979), c’est aussi Magnus Hirschfeld que nous honorons. Le premier des militants de la défense des droits des personnes lgbtqia+ est en effet mort en exil à Nice, il y a tout juste quatre-vingt-dix ans. Enfin, l’éternel Paul Vecchiali, cet immense réalisateur français disparu en 2023, sera à nouveau présent grâce à la diffusion de films de sa maison de production Diagonale, qui a permis l’éclosion des plus beaux films français des années 80.
Le court métrage sera enfin à l’honneur. Avec le grand retour de la Nuit du « Queer-métrage », qui a connu un très bel engouement l’année dernière. Et avec le lancement du concours « Short en queer DIY » mettant au défi cinéastes en herbe ou confirmé·es de réaliser un court métrage de fiction d’une durée limitée, sur un sujet imposé, en douze jours seulement, le temps du festival.
Montrer tous les cinémas et encourager leur production, voilà qui promet une belle réponse à notre besoin vital de culture (queer).