Articles / dossiers

Agressions - édition Strobo #41 avril 2025

Julien Claudé-Pénégry

Toulouse [08/03/25]

« Un homme travesti » 

Le 8 mars, une violente agression à Toulouse met en lumière les biais médiatiques autour de la transidentité. Les faits, rapportés par de nombreux médias, évoquent un viol suivi de coups, avec pour point de départ la « découverte » de la transidentité de la victime, présentée comme un « homme travesti ». Ce choix de mots, largement inspiré par les sources policières, illustre un mégenrage qui contribue à minimiser la violence subie.

Les journalistes, souvent en manque de recul, reproduisent sans questionner un langage qui déshumanise les victimes. Dans les pages du gratuit 20 minutes, on apprend que selon Niléane, porte-parole de l'association Toutes des femmes, cette terminologie provient principalement des forces de l'ordre, qui se basent sur l'état civil plutôt que sur l'identité de genre. Ce phénomène de mégenrage constitue une violence supplémentaire pour les personnes trans. Au-delà de l'impact sur la victime, la manière dont les médias traitent cette affaire soulève des questions sur l'impartialité des sources, surtout dans un contexte où les personnes trans hésitent à porter plainte par crainte de discrimination. La répétition de stéréotypes transphobes, tels que la justification de l’agression par un « choc » à la découverte de la transidentité, renforce l'idée que ces violences seraient en quelque sorte compréhensibles. Il est crucial que les médias prennent conscience de leur rôle et adoptent une approche plus respectueuse et informée des questions de genre.

 

Tarbes [19/03/25]

Un père lesbopobe

Le tribunal correctionnel de Tarbes a condamné un père de 35 ans pour des violences et menaces à caractère lesbophobe sur sa fille de 14 ans. Les faits, survenus en avril 2023 à Laloubère, révèlent un acte d’une extrême gravité : lorsque l’homme a découvert que son adolescente était attirée par les filles, il l’a violentée physiquement et psychologiquement, n’hésitant pas à la frapper, l’étrangler, et proférer des menaces de mort. Pire encore, il lui a imposé d'écrire une lettre d'excuses et a insinué un risque de viol si elle ne renonçait pas à son orientation sexuelle. Lors de son jugement, le prévenu a tenté d’atténuer ses actes en invoquant un « choc émotionnel », mais le tribunal a souligné l'absence de remords et la gravité des violences infligées. Il a été condamné à huit mois de prison avec sursis probatoire, accompagné d’une obligation de soins et d’un stage de responsabilité parentale.

 

Bordeaux [19/03/25]

« Nous ne céderons pas »

Le 19 mars 2025, l'association Le Girofard, centre LGBT+ de Bordeaux, a exprimé son inquiétude face à la recrudescence des LGBTIphobies. Le 17 mars, un site d'information local a relayé une demande de dissolution formulée par un parti d'extrême droite. « Nous ne céderons pas face aux tentatives de déstabilisation » affirment les responsables du Girofard, soulignant l'importance de leur action pour la cohésion sociale. Selon le rapport de SOS Homophobie 2024, les violences homophobes ont augmenté, touchant particulièrement les jeunes. L'agression d'Ambarès-et-Lagrave en février 2025 et les perturbations lors de la Pride de Bordeaux en 2022 en sont des exemples tragiques. « Chaque acte de violence est un rappel de notre devoir de lutter », rappelle l'association, qui a formé près de 900 professionnels en 2024. Le Girofard s'engage à rétablir la vérité face aux fausses informations et à défendre les droits des personnes LGBTQIAP+.

 

Martinique [21/03/25]

Une première sur l’île

Aux assises de Martinique, un procès sans précédent s’est ouvert sur un vol à main armée aggravé par des motivations homophobes. Un homme, âgé de 29 ans, comparaît pour avoir été complice d'une agression violente qui a conduit à la perte d'un œil de la victime. Les faits, survenus en octobre 2020, révèlent une dimension préoccupante de l’homophobie dans la région. L’association Kap Caraibe, qui lutte pour les droits des personnes LGBT, s’est portée partie civile. 

Son avocate, Maître Vaïté Corin, insiste sur la gravité de cette agression, orchestrée par plusieurs individus, dont un seul sera jugé, l’autre étant décédé dans un accident de la circulation. La cour reconnaît l'homophobie comme une circonstance aggravante, soulignant l'importance de dénoncer de tels crimes. La communauté LGBT de Martinique suit cette affaire de près, espérant qu'elle incitera d'autres victimes à se manifester.

 

Dijon [21-28/03/25]

Frappés et dépouillés

Le lac Kir à Dijon, connu pour être un lieu de rencontres entre hommes, a été le théâtre de trois agressions violentes. Ces attaques, survenues sur des parkings en soirée, suivent un mode opératoire troublant : des hommes isolés sont attaqués par des groupes de trois à cinq individus, frappés puis dépouillés de leurs effets personnels. Le premier incident a eu lieu le 21 mars, lorsqu'un homme de 47 ans a été roué de coups de barre de fer avant de se faire voler sa carte bancaire et sa voiture. Deux jours plus tard, un quinquagénaire a subi le même sort, tandis que le 28 mars, un quadragénaire a été frappé au visage, souffrant de multiples fractures. Bien que la police n'ait pas encore qualifié ces faits d’homophobes, les similitudes entre les agressions suscitent des interrogations. Le parquet de Dijon a ouvert une enquête, et des mesures de sécurité devraient être renforcées dans le secteur.

 

La Rochelle [19/03/25]

Plusieurs menaces et insultes pendant 3 à 4 jours

Nicolas Barrault-Baudy, connu sous le nom de Nico La Rochelle, a récemment été la cible de menaces de mort et de propos homophobes sur les réseaux sociaux. Cet influenceur, actif depuis 2019, partage des anecdotes historiques sur La Rochelle et l'île de Ré, attirant ainsi des milliers d'abonnés, notamment durant le confinement. Tout a commencé après la publication d'une vidéo sur TikTok liée à un événement avec des drag-queens. Loin de susciter uniquement de l'intérêt, cette vidéo a engendré une vague de commentaires hostiles. Après avoir signalé un commentaire agressif, Nico a reçu des menaces répétées, le plongeant dans une spirale de harcèlement inédite. « C'est la première fois que je fais face à autant de violence », confie-t-il. Face à cette situation, il a déposé plainte auprès des autorités. Nico rappelle que les réseaux sociaux ne doivent pas être un terrain de défoulement pour la haine.


Belgique [04/04/25]

30 ans de prison pour un meurtre homophobe

Dans un verdict marquant pour la lutte contre l'homophobie, la cour d'assises du Luxembourg a condamné Steve Chevalier à 30 ans de réclusion pour le meurtre de Dominique Meyer, un homme de 51 ans, sur fond de haine envers les personnes LGBT. L'accusé, né en 1988, a reconnu l'homicide, mais a contesté la préméditation, arguant avoir été victime d'abus durant son enfance. Cependant, la brutalité du crime a pesé lourd dans la balance : M. Chevalier a poignardé sa victime à neuf reprises avant d'incendier le canapé sur lequel se trouvait M. Meyer. Des éléments de l'enquête ont révélé que Dominique Meyer était encore en vie au moment où son agresseur a quitté les lieux, soulignant la cruauté de l'acte. la peine prononcée reste sévère, reflétant le rejet inacceptable de la violence homophobe dans la société. Ce verdict envoie un message fort sur la nécessité de protéger les droits des minorités sexuelles et de lutter contre les crimes motivés par la haine.

 

Le Havre [06/04/25]

Injuriés et frappés

Le centre commercial des Docks Vauban au Havre a été le théâtre d'une agression homophobe choquante rapporte le quotidien Paris-Normandie. Deux jeunes personnes trans, après avoir participé à la Japan North Con, ont croisé un groupe de jeunes qui, après des insultes, ont violemment attaqué les victimes. « Nous n'avons fait que répondre aux injures », a déclaré l'une des victimes, encore sous le choc. Les coups de poings et de pieds pleuvaient jusqu'à ce qu'un agent de sécurité intervienne, utilisant un spray lacrymogène pour disperser les agresseurs. « Sans lui, cela aurait pu être bien pire », a ajouté son ami. La police, alertée, a rapidement interpellé les quatre agresseurs, tous mineurs âgés de 16 à 17 ans. 

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