Articles / dossiers

Littérature : sélection Les Mots à la Bouche - mai 2025

Les Mots à la Bouche

Roman gay : Pitié

Récompensé en 2015 par de nombreux prix pour son recueil de poésie Le Corps des hommes (Grasset, 2018), Andrew McMillan publie un premier roman très attendu. Pitié raconte l'histoire d'une famille ouvrière sur plusieurs générations. En 1984, avant la fermeture des usines, les grèves et l'intransigeance de Margaret Thatcher, la petite ville de Barnsley, dans le nord de l'Angleterre, était encore une cité industrielle où les hommes se levaient chaque matin pour aller s'enterrer, creuser et se tuer à la mine. Un travail harassant mais porté par une identité collective qui lui donnait du sens, et parfois de l'espoir. 

Quarante ans plus tard, la vie d'Alex, fils et petit-fils de mineurs, est dans le même état de délabrement que Barnsley. Désormais seul et sans emploi, il est confronté à ses désirs les plus profonds qu'il a longtemps refoulés. Contrairement à lui, son fils Simon vit pleinement son homosexualité, partageant sa vie entre un call-center où une nouvelle forme de prolétariat émerge, et les cabarets où son personnage de drag-queen lui rend sa fierté. Dans une ville post-industrielle marquée par la pauvreté et l'absence d'avenir, c'est lui, avec son irrévérence, sa perruque et son maquillage, qui trace le chemin de la convergence des luttes. Parviendra-t-il à entraîner son propre père dans ce désir de liberté ?

Entre chronique sociale et réflexion sur le genre, ce premier roman d'Andrew McMillan offre un plaidoyer plein de tendresse pour les hommes brisés et étrangers à eux-mêmes. Avec Pitié, acclamé par la presse britannique, on retrouve les fulgurances poétiques d'une plume parmi les plus bouleversantes de sa génération.

Pitié, de Andrew McMillan, Ed. Grasset,240 pages, 20,90€.

Essais lesbien : Pourquoi les lesbiennes sont invisibles

Où sont les représentations lesbiennes dans la société, dans nos imaginaires ? Par qui sont-elles produites ou invisibilisées ? Comment se construire face à des stéréotypes trop souvent discriminants ? Voici venue l'heure d'exister, d'exposer et d'être exposées. De repenser la façon de faire photo, de faire portrait, de faire face, pour poser enfin la question : Y a-t-il un regard lesbien ?

Pourquoi les lesbiennes sont invisibles, de Marie Docher, Ed. Seuil, 72 pages, 4,50€.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Roman Lesbien : CoLline

« Si le mois dernier Mme Q. n'avait été témoin d'une scène ordinaire à coup sûr j'aurais tiré un an de plus et laissé Luna continuer de me maltraiter jusqu'à ce que les études nous séparent, qu'elle aille faire son école de commerce privée avec sa queue-de-cheval et que je rencontre à la fac molle des gens de ma trempe sans plan de carrière. » Coline est une lycéenne de milieu populaire vivant dans une ancienne ville minière du Nord de la France. Exposée au flux suffocant des discours stéréotypés, elle trouve refuge sur les terrils ensauvagés près de chez elle. Accompagnée d'un petit chien dans la poche ventrale de sa veste et des chansons de Jamila Woods dans son casque, elle se crée une pensée et un langage magiques pour survivre. Avec ce roman, Fanny Chiarello offre une plongée dans l'esprit et l'humour rageur d'une génération en quête de sens et de beauté.

Coline, de Fanny Chiarello, Ed. Cambourakis, 152 pages, 18€.

 

 

 

 

 

 

 


Essai Queer : On ne naît pas mec : petit traité féministe sur les masculinités

Pourquoi parler encore des mecs ? On parle beaucoup d'hommes, mais plus rarement des hommes. On parle d'individus en particulier, bien peu de la classe des hommes dans son ensemble. On parle des Grands Hommes, moins de tous ceux qui envoient des photos de leur pénis sur Internet. On parle plus des ministres que des violeurs (sauf quand il s'agit du même type). Alors, si nous retournons le regard féministe vers les hommes, que voyons-nous ? Soudain, on comprend comment les hommes sont construits et les histoires qu'on se raconte sur la « nature masculine » se révèlent mensongères. On voit que l'amour des hommes pour les femmes n'est pas un cadeau et que, de toute façon, ils préfèrent les hommes. Je suis une femme blanche, trans et lesbienne et mon point de vue n'est pas moins neutre qu'un autre. Je vais recourir à des statistiques, des théories, des histoires, des dessins et des punchlines pour vous faire poser un nouveau regard sur les hommes de votre vie - et peut-être sur vous-même. 

On ne naît pas mec : petit traité féministe sur les masculinités, de Daisy Letourneur, Ed. La Découverte Poche, 240 pages, 12,50€.

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