En Europe, la lutte contre les pratiques de thérapies de conversion, visant à changer l’orientation sexuelle ou l’identité de genre des personnes LGBTQIA+, connaît un engouement sans précédent. Une pétition citoyenne lancée il y a tout juste un an a récemment franchi la barre symbolique du million de signatures, témoignant d’un rejet massif de ces pratiques considérées comme contraires aux droits humains.
À l’initiative de cette démarche, Mattéo Garguilo, un jeune homme de 21 ans, co-président de l’association Against Conversion Therapy (ACT). Portée par diverses organisations de défense des droits LGBTQIA+ et soutenue par une large partie de la société civile, cette initiative appelle à l’interdiction totale des thérapies de conversion dans tous les États membres de l’Union européenne. Elle dénonce notamment le caractère traumatisant, non éthique et inefficace de ces pratiques, qui ont été condamnées par plusieurs institutions internationales, telles que l’Organisation mondiale de la santé et l’Union européenne elle-même.
Les signataires, issus de différentes générations et horizons, réclament des mesures concrètes, telles que la criminalisation de ces pratiques et la mise en place de programmes de soutien pour les victimes. La campagne intervient dans un contexte où plusieurs pays européens, comme Malte ou l’Irlande, ont déjà adopté des lois interdisant ces thérapies, mais où leur usage demeure clandestin dans certains États.
Lutter, résister, revendiquer
L’Union européenne franchit une étape historique dans la lutte contre ces pratiques de conversion avec une mobilisation record : plus d’un million de signatures pour l’interdiction des thérapies de conversion. Cette initiative citoyenne européenne (ICE) a dépassé toutes les espérances. Pour être validée par les autorités nationales, elle devait obtenir un nombre minimal de signatures dans au moins sept États membres. C’est finalement dans 11 pays qu’elle a rencontré un succès remarquable, notamment en France, en Espagne, en Irlande, en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Finlande ou encore en Slovénie. La France se distingue en concentrant à elle seule environ 670 000 signatures, faisant d’elle la locomotive de cette initiative.
De nombreux responsables politiques se réjouissent de ce résultat sur les réseaux sociaux. Gabriel Attal, Clémentine Autain, ou encore Manon Aubry, eurodéputée (LFI), ont salué cette victoire : « cela montre que nous sommes nombreux à vouloir mettre fin à ces pratiques inacceptables. » Elle ajoute : « on l’a fait ! » Sur X (ex-Twitter), Manon Aubry a également salué « une mobilisation exceptionnelle en Europe, notamment en France, qui pousse la Commission à prendre cette initiative au sérieux ». Quant à Yannick Jadot ou encore le président Emmanuel Macron, ils ont également encouragé à soutenir et signer cette pétition.
Pour une reconnaissance dans l’ensemble de l’Union européenne
Les prochaines étapes sont cruciales. La collecte officielle de signatures s’est clôturée le samedi 17 mai à 23h59, journée mondiale de lutte contre l’homophobie et la transphobie. Ensuite, chaque pays doit vérifier scrupuleusement la validité des signatures, un processus qui prendra environ trois mois en France, par exemple. Une fois cette étape terminée, les organisateurs transmettront les résultats à la Commission européenne, qui disposera alors de six mois pour répondre officiellement, en proposant des mesures concrètes ou en expliquant pourquoi elle pourrait décider de ne pas agir.
L’objectif est clair : faire pression pour que l’UE interdise formellement les thérapies de conversion, pratiques souvent dénoncées comme dégradantes et inefficaces. Lors d’une conférence récente, une représentante de la société civile a souligné : « Ce sont des pratiques qui bafouent la dignité humaine. La majorité des citoyens européens veulent que cela cesse. » La mobilisation massive en France, mais aussi dans plusieurs autres États membres, témoigne d’une volonté collective de changement.
Si la Commission européenne accepte l’ICE, elle devra organiser un débat et éventuellement proposer une législation pour interdire ces pratiques dans toute l’Union. En revanche, si elle refuse, elle devra justifier sa décision. Quoi qu’il en soit, cette initiative constitue une étape importante dans la reconnaissance des droits des personnes LGBTQIA+ en Europe, en montrant que la société civile peut faire entendre sa voix et influencer directement la politique européenne.