Blanche, de Maëlle Reat chez Glénat, est un roman graphique bouleversant, tiré d’une histoire vraie. À travers le témoignage d’une femme vivant avec le VIH, l’autrice retrace des années de silence, de honte et de courage.
Une parole enfin libérée
Blanche porte depuis des années un lourd secret, sa séropositivité. Ancienne usagère d’héroïne avec son compagnon de l’epoque, elle a survécu à une periode où le virus, surnommé "le cancer gay", etait associé aux "pédés", toxicos, prostituées. « Quand il est question de drogue, est-ce qu’il reste vraiment de la place pour l’amour ? ». Quand elle se confie à sa fille, c’est ses souvenirs qui remontent. Entre honte, peur, solitude et envie d’etre heureuse son témoignage nous bouleverse. On sent la pudeur du recit lorsqu’elle doit se taire sur sa maladie auprès ses sœurs ou avec la peur de contaminer ses proches. On voit son combat pour son droit au soin, à l’amour et à la maternité.
Médecine, oubli et résilience
L’histoire alterne entre quotidien et flashbacks, mettant en lumiere une médecine défaillante avec des traitements refusés et des patients ignorés. « La première fois, je suis repartie sans réponse ni traitement. J’ai compris qu’ici, nous n’étions pas des patients ordinaires. Nous faisions partie intégrante de la recherche. ». Mais Blanche avance, portée par une envie de vivre et l’appel à sa sœur devient un moment de bascule. « Je ne sais pas par quel miracle ma sœur Liliana a fini par débarquer à l’appart…Il parait que c’est moi qui l’aurais appelée un soir, en larmes ». Avec Blanche, Maëlle Reat redonne la voix à une femme restée trop longtemps dans l’ombre. Son trait sobre et sensible accompagne son récit pour donner un livre humain.
Après avoir mis en lumière la bande dessinée Marie, récit d'une GPA (Strobo Mag 41) Glénat nous offre encore un hommage aux personnes dont les histoires n’ont jamais été racontées. Blanche nous touche en plein cœur. À lire. À transmettre. À ne pas oublier.
Blanche de Maëlle Reat chez Glénat, 25 euros.