États-Unis : la PrEP menacée par l’offensive d’un médecin ultraconservateur

Franck Desbordes

Un vent dangereux souffle sur la santé publique américaine. La Cour suprême des États-Unis s’apprête à se prononcer sur une affaire qui pourrait priver des millions de personnes d’un outil essentiel de prévention contre le VIH : la PrEP. Derrière cette attaque, Steven Hotze, médecin texan de 74 ans, figure bien connue de l’extrême droite religieuse et croisé acharné contre les droits des personnes LGBTQIA+.
Hotze ne cache ni son homophobie ni son fanatisme. Président des Républicains conservateurs du Texas, il a multiplié les propos haineux, relayé des théories complotistes sur le Covid-19, et fait de la lutte contre les droits LGBTQIA+ son véritable cheval de bataille. Aujourd’hui, il cherche à interdire le remboursement de la PrEP par les assurances santé, affirmant, sans vergogne, que ce traitement « encourage l’homosexualité », ce qui serait contraire à ses croyances religieuses.
Sa société, Braidwood Management, avait déjà porté l’affaire devant la justice en 2020. Un juge fédéral texan, aligné sur ses positions conservatrices, lui avait donné raison. Mais l’administration Biden a fait appel, et c’est désormais la Cour suprême qui doit trancher. Le verdict pourrait avoir des conséquences dramatiques : si la décision de première instance est confirmée, ce sont près de 39 millions d’Américain·e·s qui risquent de perdre l’accès à ce traitement préventif crucial dans la lutte contre le VIH.
Et les effets seraient immédiats. Selon une étude de l’université de Yale, cela pourrait entraîner jusqu’à 2 000 nouvelles infections au VIH chaque année. Tout ça au nom d’une idéologie rétrograde, où la foi sert de prétexte à la discrimination.
Il ne s’agit pas simplement d’un débat juridique. Il s’agit d’une offensive politique et morale contre le droit à la santé, contre la science, et contre les populations déjà marginalisées. Si la Cour suprême entérine cette décision, ce serait un dangereux précédent — une victoire de l’obscurantisme sur la santé publique. 

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