Le queer dans la poche

Patrick Thévenin

Un guide LGBTQIA+ en 2025 ? L’idée peut paraître old-fashioned à l’heure où les réseaux sociaux font la pluie et le beau temps. Pourtant, force est de constater qu’Internet a multiplié les sources d’information sans jamais les regrouper. Dans ces conditions, ce guide d’un genre nouveau est une aubaine. Conçu par les journalistes Yannick Barbe et Luc Biecq (qui œuvrent aussi dans Strobo Mag), Happy Time ! se veut un véritable agenda, rempli de conseils judicieux prodigués par des stars du genre (Paloma sur le cabaret, Alexis Langlois sur le cinéma queer, Michel de l’assos Tits…) qui ouvre son horizon à 360 degrés, entre culture et sexe, sport et militance, clubbing et santé.

Comment est venue l’idée d’un guide LGBTQIA+ ?
Yannick : Avec Luc, on avait le sentiment que ça manquait : il y a tant de lieux, tant d’associations, tant de collectifs et aucun guide pour les répertorier !
Luc : Cyrielle Londero-Gobry et Marine Bourasseau, les deux éditrices qui ont lancé la collection Pride chez First, étaient enthousiastes, alors on a commencé à travailler.

Un guide physique est-il encore pertinent à l’heure du tout-Internet ?
Yannick : Quand on voit le plaisir qu’ont les gens à prendre le livre en main, on se dit que oui !
Luc : Récemment, une lectrice nous a envoyé une photo du guide mis en avant dans un centre commercial aux Sables-d’Olonne : cette visibilité fait plaisir !

Justement, la forme est très différente d’un guide « classique », plus engageante, plus incarnée en quelque sorte. C’était votre  but initial ?
Luc : Tout à fait. On ne voulait pas d’un annuaire à l’ancienne, sans vérification. Il y a un vrai travail éditorial à base d’interviews et de recommandations de personnalités comme Paloma, Léon Salin, Tristan Lopin, Vinii Revlon ou Anna La Chocha, entre autres, mais aussi de bénévoles, de responsables d’associations, d’organisateur·ices de terrain.

Le guide couvre toute la France. Paris a-t-elle enfin perdu son hégémonie en termes de propositions queer ?
Yannick : Oui, et heureusement ! On a été frappés par la diversité et la richesse des initiatives partout en France. Par exemple, la coopérative queer Rita Plage à Villeurbanne : une cantine, un bar et une programmation culturelle détonante.
Luc : Ou encore le Lezart Festival – lesbien, queer et féministe – à Vicq-sur-Gartempe, dans la Vienne. Un village d’à peine 700 âmes et le festival qui a rassemblé 5 000 personnes en 2024 !

À la lecture, on a l’impression d’un grand dynamisme et d’un renouvellement de la communauté LGBTQIA+. 
Quelles sont les grandes tendances qui se dégagent ?
Luc : Sans minimiser les attaques LGBTIphobes – y compris contre des librairies – et les difficultés financières pour se maintenir, comme pour la Mutinerie ou la Flèche d’Or à Paris, la vague drag n’est pas près de s’arrêter. Les associations de soutien destinées aux personnes trans sont de plus en plus nombreuses également.
Yannick : En termes de clubbing, ce sont plus les collectifs que les lieux qui tiennent le haut du pavé. Le stand-up queer est aussi en train de se faire sa place.

Happy Time ! de Yannick Barbe et Luc Biecq, First éditions, 192 p., 19,95€

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