Quand l’âme parle plus fort que le masque

Alexis Massoutier

Kabuki est une BD chez Ankama poignante et poétique, portée par le trait singulier de Guilherme Petreca et le scénario profond de Tiago Minamisawa. Inspirée d'une histoire vraie, elle nous plonge dans l'univers du théâtre japonais traditionnel pour raconter l'histoire d'une femme née dans le mauvais corps.

À la suite d’un drame, Kabuki décide : « Dorénavant je ne serai plus que celui que l’on attend de moi ». Masqué·e, perdu·e, Kabuki erre dans un monde de douleur et d’oubli, jusqu’à sa rencontre avec Alma qui l’aide à « se nourrir du monde » pour retrouver un sens à son existence.

« Je suis épuisé·e de vivre », confie Kabuki, une phrase qui résonne tant la souffrance est universelle, même si chaque douleur est unique. Le récit nous interpelle et nous rappelle que « la seule opinion capable de te construire ou de te détruire, c’est la tienne », comme pour faire écho à la pensée d'Adler qui affirmait que ce n’est pas ce qui nous arrive qui nous définit, mais le sens que nous donnons à ce qui nous arrive

Kabuki résonne comme un bel hommage à l'identité, à l’amour de soi et à la paix intérieure. C’est un appel à vivre, malgré tout, pour « montrer l’exemple à celles et ceux qui traversent les ténèbres ».

Les dessins, parfois durs, servent cette histoire intense, où chaque mot compte et est important, tel une chanson un poème ou une série qui nous réconforte et nous redonne de la force. Et après la BD ? Un précieux dossier documentaire nous éclaire sur le théâtre japonais, la question de genre et l’identité.

Une œuvre rare, nécessaire, qui nous murmure : « Détruisez-moi… je renaîtrai toujours plus fort·e ».

KABUKI de Guilherme Petreca (dessin) et Tiago Minamisawa (scenario) chez Ankama à 19, 95 euros

Partager:
PUB
PUB