Les couleurs de nos voix : un cri d’amour, de colère et de résistance !

Julien Claudé-Pénégry

A l’aube de la Marche des Fiertés de Paris 2025, alors que le mois des Fiertés embrase le monde entier, une voix collective s’élève pour rappeler que l’histoire LGBTQIAP+ n’est pas seulement celle des victoires, mais aussi celle des luttes invisibles, des silences brisés, des vies sacrifiées.

Les Couleurs de Nos Voix, initiées par Jayson Feingold, Mister Rubber France 2024 avec la Marie de Paris par l’entremise de Jean-Luc Romero-Michel, adjoint à la Maire de Paris en charge des droits humains, de l’intégration et de la lutte contre les discriminations, ne sont pas une simple initiative artistique : c’est un véritable cri de résistance, un appel à la justice, à la reconnaissance et à la mémoire.

Ce projet, né d’un vide, d’un cri étouffé, témoigne de la nécessité impérieuse de faire entendre celles et ceux que l’on oublie, qu’on tue, qu’on réduit au silence. Il ne se regarde pas, il s’écoute, il se porte, il se transmet. Il incarne la rage, la tendresse et la fierté d’un combat qui continue, malgré l’ombre des lois homophobes, transphobes, et la répression violente dans plusieurs pays. D’un côté, les figures emblématiques comme Marsha P. Johnson, Sylvia Rivera ou Stormé DeLarverie, qui ont tenu le front lors de Stonewall, de l’autre, ces invisibles — les malades du sida, les trans marginalisés, les prostitué·es, les toxicos, les fétichistes, les drag queens — qui ont payé le prix fort pour que nos voix résonnent aujourd’hui.

Combattre, visibiliser, défendre

Les luttes françaises ne sont pas oubliées : Guy Hocquenghem, Didier Lestrade, Hervé Guibert, Hélène Hazera, Eva Papamargariti… tous ont bravé l’oubli et la censure pour que la parole LGBTQ+ s’inscrive dans l’Histoire. Leur héritage, c’est cette flamme qui refuse de s’éteindre, même face à la montée des lois anti-LGBT+ en Italie, Pologne, en Russie, en Turquie, aux USA ou en Ouganda, ou encore dans des territoires où la Pride est interdite, où les personnes trans sont assassinées dans l’indifférence, où nos sœurs noires restent invisibles.

Les Couleurs de Nos Voix, c’est aussi la colère face à l’inaction des États face aux crises sanitaires et sociales qui frappent nos communautés. La santé mentale des jeunes LGBTQIA+ en détresse, les parcours de transition entravés, la stigmatisation qui pèse encore sur nos corps et nos désirs. C’est un hommage aux associations telles qu’AIDES, Le Refuge, Acceptess-T, Les Sœurs de la Perpétuelle Indulgence qui, dans l’ombre, combattent chaque jour pour sauver des vies, pour faire entendre la voix de celles et ceux que le système rejette.

Rassembler ce qui est épars

Ce n’est pas une image figée, mais une révolte vive, une veillée collective, une famille éclatée mais toujours fière. Les Couleurs de Nos Voix portent en elles la mémoire de nos disparus, la rage de celles et ceux qui refusent de mourir sans avoir été vus, la promesse que nos luttes ne seront jamais oubliées. C’est une lumière dans la nuit, un symbole que, même dans la tempête, nous resterons debout, unis, fiers.

Ce projet est pour les exilé·es, pour celles et ceux qui vivent dans l’ombre, pour celles et ceux qui sont encore chassé·es, battu·es, mégenré·es, pour celles et ceux qui ne parlent pas notre langue mais comprennent la force d’un regard, d’un bras tendu, d’une voix qui s’élève.

Les Couleurs de Nos Voix, ce n’est pas qu’un cri : c’est une promesse. La nôtre, celle de ne plus laisser notre lumière s’éteindre, de continuer à lutter pour un futur où chacun pourra exister pleinement, fièrement, sans honte ni peur. Car demain, il pourrait être peut-être trop tard. Alors, levons nos voix, portons nos couleurs, et faisons de chaque silence un hurlement de liberté.

Photo : @timexplorerfromparis 
Projet : @jaysonrub 
En soutien : @jeanlucromero

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