Clément Legrand secoue les codes de l’art contemporain avec son style libre. À travers ses œuvres, ses prises de parole et ses collaborations, il a un parcours à part, qui passe par l’engagement et l’audace. Pour Strobo Mag, il revient sur son rapport à la création comme espace de respiration.
Strobo Mag : Bonjour Clément, ton travail dégage beaucoup d’émotion et de beauté. Est-ce que créer, pour toi, c’est une façon de te sentir vivant et d’aller bien ?
Clément LEGRAND : Créer, pour moi, c’est comme un rendez-vous où le temps s’arrête. Je suis ailleurs, complètement happé par les lignes, parfois même un peu excité…
Et quand je lâche la souris, c’est comme après un très bon dîner où on a tout goûté, un mélange de satisfaction et de petite culpabilité gourmande.
C’est ma façon de vivre mes fantasmes, d’exprimer ce que je n’oserais pas dire à voix haute… et sans ça, je deviens vite insupportable.
D’où te vient l’inspiration pour tes créations, et quel message souhaites-tu transmettre à travers elles ?
Je puise partout : dans une pub rétro, un torse dans la rue, un film des années 70, ou même un geste banal mais bien placé.
Mon travail est masculin, sensuel et parfois coquin, mais toujours avec une élégance qui empêche que ça devienne lourd.
J’aime créer des images qui font sourire… et rougir en même temps. Si ça vous donne envie de vous approcher pour voir de plus près, alors j’ai réussi.
Qu’est-ce que ça te fait de voir ton travail imprimé dans un livre ou accroché à un mur ? Est-ce que tu penses que le support change la manière dont on perçoit ton travail ?
Sur écran, c’est séduisant. Mais en vrai, c’est autre chose : le papier texturé accroche la lumière, les couleurs sont plus profondes, presque charnelles.
C’est comme la différence entre voir une photo d’un cocktail et sentir vraiment l’odeur, les reflets, l’envie de le goûter. On ne regarde plus, on savoure.
Aurais-tu un moment queer ou artistique dans ta vie qui t’a marqué et que tu n’oublieras jamais ?
Ma rencontre avec Lady Gaga. Ce qui est incroyable, c’est qu’elle ne laisse rien au hasard : tout est pensé, calculé, maîtrisé. Alors quand quelqu’un comme elle voit quelque chose chez toi et décide de le mettre en lumière, c’est très honorant. Ce n’est pas une question de dépendre d’une icône, c’est de reconnaître que quelqu’un de ce calibre a capté ton univers et a choisi de s’y intéresser. Et ça, c’est savoureux.
Tu as soutenu différentes associations LGBTQIAP+ tel que GLAAD, Le Refuge, SOS Homophobie et Les Petits Bonheurs, en quoi est-ce important pour toi ?
Ce n’est pas juste un geste de soutien. C’est une façon de rendre ce que j’ai eu la chance de vivre : la liberté d’être moi-même, de créer comme je veux, de ne pas me cacher. Ces associations, elles construisent un monde où un gamin qui se cherche aujourd’hui pourra demain être lui-même sans peur. Si je peux aider, même un peu, je le fais.
Qu’est-ce qui t’aide à rester toi et à prendre soin de toi, dans un monde qui va vite ?
Les choses simples : dessiner, rire avec mes amis, préparer un dîner, ou écouter un vinyle en buvant un verre. Je crois qu’il faut parfois couper le son du monde pour mieux entendre le sien. Et rester moi, c’est aussi continuer à pousser les limites, à être un peu provoc’, juste comme j’en ai envie.
Merci Clément pour ce regard sensible. On te suit de près pour cette année 2025 qui s’annonce, on le sent, aussi flamboyante que libre.
Retrouvez tout l’univers artistique de Clément Legrand :
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