Le Cercle des poètes disparus, où comment apprivoiser son Carpe Diem

Alexis Massoutier

La célèbre histoire de Le Cercle des Poètes disparus se joue au Théâtre Libre jusqu’au 4 janvier 2026. Rires, poésie et drame se mélangent pour interroger nos choix de vie.

Tout commence avec un professeur pas comme les autres : il ne se contente pas d’enseigner, il veut montrer à ses élèves que les mots ont le pouvoir de transformer une vie. Il les invite : « quand vous lisez, ne vous arrêtez pas à ce que pense l’auteur, demandez-vous ce que vous ressentez. »

 

Une mise en scène pleine d’énergie

Avant même que le rideau ne se lève, l’ambiance est donnée : un musicien rock des années 60 chante et, avec les comédiens déjà sur scène, le public est invité à danser.

Puis, la pièce s’ouvre sur la musique originale du film et l’on découvre un père autoritaire, des adolescents en quête de liberté et surtout un professeur qui les invite à penser par eux-mêmes, incarné avec justesse par Stéphane Freiss (en alternance avec Xavier Gallais). Les jeunes comédiens habitent chaque réplique avec énergie. Mention spéciale à Ethan Oliel, lauréat du Molière Révélation masculine, qui incarne la fougue de la jeunesse. 

Adapter au théâtre Le Cercle des Poètes disparus n’était pas évident. Le film culte avec Robbin Williams a marqué les esprits à sa sortie en 1990. Le challenge était osé mais Gérald Sibleyras signe une belle adaptation française, servie par la mise en scène fluide et rythmée d’Olivier Solivérès lauréat d’un Molière. La scénographie, simple mais parlante, alterne entre salle de classe et grotte, et la musique mêle rock des années 60 et thèmes du film. La pièce ne remplace pas le film, mais propose une lecture vivante et actuelle : un Carpe Diem toujours aussi inspirant.

La liberté et ses limites

Tout au long de la pièce, le professeur répète à ses élèves qu’il faut oser : « l'audace et l’action », « résistez à vos certitudes sinon vous êtes en danger ». Il ne s’agit pas de devenir des artistes, mais des penseurs libres. Et puis si les choses ne changent pas, c'est notre regard qui peut évoluer.

La pièce met en valeur l’importance d’assumer ses différences, de tracer sa propre voie même si cela semble étrange. Mais après le décès d’un élève, l’élan s’éteint et, sous la pression, les adolescents finissent par renier leur professeur.

Pourtant, la scène finale vient bouleverser le public et rajouter une nouvelle réflexion : Lorsque le professeur revient pour récupérer ses affaires, ses élèves se lèvent un à un sur leurs tables et ils montrent qu’ils ont toujours en eux ce qu’il leur a transmis. Le carpe diem est toujours là mais cette fois on les imagine le vivre avec plus de recul. Comme il leur avait dit, il y a « un temps pour l’audace et un temps pour la prudence ». 

Cette pièce nous rappelle que l’on a le droit d’être différent et que la liberté de penser est aussi importante que d’avoir de l’audace. On ressort avec une envie : vivre un peu plus chaque jour.

Le Cercle des poètes disparus au Théâtre Libre jusqu’au 4 janvier 2026.

 

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