Une pionnière des activistes trans noire est décédée

Miss Major Griffin-Gracy, une figure emblématique du mouvement LGBTQIA+ et l'une des dernières pionnières trans noires ayant vécu les émeutes de Stonewall, s’est éteinte le 13 octobre 2025 à l’âge de 78 ans, dans son domicile de Little Rock, Arkansas.

Son décès, annoncé par son organisation House of GG, marque la fin d’une vie consacrée à la lutte pour la justice, la dignité et la sécurité des personnes trans de couleur, notamment celles confrontées à l’incarcération, à la violence policière et aux discriminations systémiques.
Née dans les années 1940 à Chicago, Miss Major a vécu une vie de combat forgée par ses expériences d’exclusion et de marginalisation. Femme trans noire, elle a trouvé ses premiers liens dans la scène du Drag Ball de Chicago puis a migré à New York dans les années 1960, où elle a vécu le soulèvement historique de Stonewall en 1969. Présente lors des émeutes, elle en a été blessée et arrêtée, inscrivant son nom dans l’histoire comme une actrice essentielle de la naissance du mouvement moderne pour les droits LGBTQIA+.
Le militantisme chevillé au cœur et au corps

Son engagement ne s’est pas limité à cette période charnière. Elle a animé des initiatives sociales, comme la création de cliniques d’échange de seringues, et a œuvré pour la justice lors de l’épidémie de VIH/SIDA. En 2004, elle a cofondé le Transgender Gender-Variant Intersex Justice Project (TGIJP) à San Francisco, une organisation qui lutte contre les abus dans les prisons et les centres de détention pour trans de couleur. De 2010 à 2015, elle a été la directrice de cette structure, poursuivant son combat pour libérer et protéger ses proches.
Son héritage se perpétue aujourd’hui avec la House of GG, un centre communautaire dédié aux femmes trans et non conformes au genre dans le sud des États-Unis, symbole de sa mission de garantir sécurité, solidarité et épanouissement. Connue sous le nom de « Mama », Miss Major était une mère spirituelle pour de nombreuses générations de militant·e·s, un espoir vivant pour ceux qui avaient été rejetés ou marginalisés.

Trans et visible

Les témoignages affluent depuis l’annonce de sa disparition. Janetta Johnson, qui lui a succédé au sein du TGIJP et filleule militante, évoque une rencontre décisive en 1997 qui a changé sa vie : « elle m’a soutenue, aimée, et m’a aidée à me reconstruire. » L’actrice Laverne Cox, lors d’un hommage en 2014, soulignait : « je ne serais pas là si ce n’était pas pour elle. Elle est une légende vivante. »
Miss Major a également laissé sa trace dans la culture, notamment avec le documentaire « Major ! » (2016), qui raconte sa vie, ses luttes et ses victoires. Auteur du livre « Miss Major Speaks » en 2023, elle partageait ses expériences de survivante — sex work, prisons, institutions psychiatriques — tout en appelant à l’émancipation collective.

Son départ laisse un vide dans une lutte acharnée contre l’oppression systémique, mais sa mémoire reste gravée dans le cœur de celles et ceux qu’elle a inspirés. Elle laisse derrière elle une multitude de proches, dont son partenaire Beck Witt, ses enfants, ses sœurs et une communauté globale en deuil. Son héritage perdurera pour toujours, une lumière guidant la prochaine génération de militants et de rêveurs. 

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