Violette and Co fait face depuis plusieurs mois à des violences ciblées. À la campagne de harcèlement déclenchée par une vitrine sur la Palestine et attisée par une partie de la droite parisienne s’ajoute désormais le retrait de deux subventions publiques par la Ville de Paris et la Région Île-de-France. Une nouvelle étape, institutionnelle et politique, est franchie et vise de façon de plus en plus décomplexée la librairie-café et l’association avec laquelle elle partage ses locaux.
Signez la pétition de l'association Violette and Co pour plus de transparence de la part de la Région Ile-de-France.
Venez au rassemblement organisé le 11 décembre à 18h devant le siège de la région Île-de-France à l’occasion de la cérémonie des lauréats du Budget Participatif Handicap 2025 dont Violette and Co a été exclue.
_______
Contexte
En août dernier, la librairie-café Violette and Co faisait face à du harcèlement, des menaces, des insultes et des dégradations. Ces violences et appels à la violence ont été relayés par des élu·e·s de droite sur les réseaux sociaux, élu·e·s qui poursuivent aujourd’hui leur campagne contre Violette and Co sur les bancs du Conseil de Paris et de la Région Ile de France.
Suppression brutale du projet de Violette and Co Association
Début novembre, le projet déposé par l’association Violette and Co au budget participatif handicap de la Région Ile-de-France, qui devait lui permettre de rendre accessible PMR son espace, situé en sous-sol, a été supprimé du site de la Région sans préavis, puis écarté du vote en commission, alors qu’il était arrivé très largement en tête des suffrages des Francilien·nes, avec 2 174 votes.
Aucune raison officielle du retrait de ce projet ne nous a été adressée à ce jour, malgré nos courriers.
Une subvention municipale sabotée pour cibler la librairie-café Violette and Co
Lors du Conseil de Paris du 20 novembre, la droite parisienne a obtenu le blocage d’une subvention de près de 480 000 € destinée à 40 librairies indépendantes parisiennes au seul motif que la librairie Violette and Co en faisait partie. Cette subvention devait permettre de sécuriser la librairie·café en finançant l’installation d’un rideau de fer et de rendre accessible PMR son rayon beaux-arts, situé en sous-sol, en installant une rampe d’accès.
La raison invoquée par la droite parisienne est la vente par Violette and Co du livre de coloriage From the River to the Sea, qui documente la vie des palestinien·nes en territoire occupé, mais aussi d’autres livres sur la Palestine, l’anticapitalisme et la montée de l’extrême droite présentés en vitrine.
Ce qui dérange vraiment : une librairie lesbienne, féministe, LGBTQIA+ et engagée
Un examen un peu plus attentif des manœuvres de la droite contre la seule librairie ouvertement lesbienne de Paris laisse peu de place au doute.
Déjà, en juillet 2023, le groupe Changer Paris s’était opposé à une subvention destinée à Violette and Co Association au titre que la librairie recommandait des livres jeunesse dans lesquels il était question de transidentité.
Le 7 octobre 2025, au conseil de Paris, le groupe Changer Paris a porté un voeu contre la subvention de la ville de Paris obtenue en juillet par Violette and Co Association invoquant que “[la] librairie s’est éloignée de sa nature principale, à savoir une “librairie féministe, lesbienne et LGBQTIA+” pour devenir une spécialiste de la convergence des luttes”. Le vœu avait, à l’époque, été rejeté.
Ces attaques s’inscrivent dans un contexte plus global d’offensives contre les librairies indépendantes qui mettent en avant des livres portant un message de soutien envers le peuple palestinien et une critique de la politique israélienne. Ces derniers mois cinq librairies franciliennes dont la nôtre ont été victimes de méthodes similaires d’intimidation, de harcèlement, de menaces et de dégradation de leur vitrine à la peinture à l’acide : Les Jours heureux à Rosny-sous-Bois (93110), La tête ailleurs (75011), La Petite Egypte (75002) et La Libre pensée (75005) à Paris.
Nous ne sommes pas dupes des manœuvres de la droite, dérangée tantôt par des livres LGBTQIA+, tantôt par des livres “anticapitalistes” ou encore par des livres sur la Palestine, systématiquement qualifiés d’antisémites par ces élu·e·s. A propos de l’accusation frauduleuse d’antisémitisme du Groupe Changer Paris à notre encontre, nous rappelons qu’il s’agit de diffamation et nous renvoyons à la tribune “Vitrines brisées, démocratie fissurée” parue le 2 décembre dans L’Obs, signée par 500 acteurices du livre, qui revient sur ces accusations et sur les origines du slogan “From the river to the sea”. Nous continuerons à lutter contre toutes les formes de racismes, y compris l’antisémitisme, et à sensibiliser notre public à l’histoire de la Palestine, aux questions décoloniales et à dénoncer les génocides en cours en Palestine, au Congo, au Soudan, au Yemen, et le génocide des Ouïghours en Chine.
Ce qui dérange réellement la droite semble être qu’une librairie comme Violette and Co, lesbienne, féministe, LGBTQIA+ et engagée contre toutes les formes de discriminations et d’oppressions systémiques, continue à mettre en avant et à proposer des livres engagés, importants, et dont cette affaire démontre une fois de plus la nécessité.
Nous continuerons à faire notre métier de libraires, en solidarité avec les autres librairies et maisons d’édition indépendantes, de nous battre pour notre survie financière malgré la suppression de subventions essentielles, et de déranger la droite, et l’extrême droite tant qu’il le faudra.
