Prides: 2 - Extrême droite : 0

Xavier Héraud

Menacées par l'extrême-droite — à des degrés divers — les marches des fiertés LGBT+ de Paris et de Budapest ont connu toutes deux une affluence record ce samedi 28 juin. 

Les marches des fiertés LGBT+ de Paris et Budapest, qui se tenaient ce samedi 28 juin ont toutes deux été de retentissants succès, malgré l’adversité. 

Il y avait pas moins de douze marche des fiertés ce samedi en France, mais celle de Paris, après les semaines de polémiques auxquelles son équipe organisatrice a été confrontée, était forcément un peu plus scrutée que les autres. De l’avis général, la marche parisienne a été un succès. Les manifestant.es ont défilé en grand nombre du Louvre jusqu’à la place de la Nation, derrière les 75 chars ou banderoles qui émaillaient le cortège, représentant plus de 130 associations, institutions et entreprises. 

Il n’y a plus de chiffres officiels depuis de nombreuses années, mais les organisateurs de la marche 2025 estiment qu’il y avait environ 500 000 personnes dans les rues de Paris ce samedi. Festive ou politique la marche ? Les manifestant.es ont tranché: c’était les deux, mon capitaine. La présidente de la Région Ile de France, Valérie Pécresse, a notamment dû avoir les oreilles qui sifflaient. Elle qui a retiré pas moins de 50 000 euros de subvention à l’Inter-LGBT (des subventions qui ne finançaient pas seulement la marche) a été visée par de nombreux slogans, tels que “Pécresse rends l’argent”, et un bon nombre de pancartes. 

Les associations comme Gaylib ou Flag qui avaient critiqué l’affiche de la marche  ont bel et bien défilé et le groupuscule d’extrême droite qui menaçait de déstabiliser la marche s’est bien présenté comme prévu, protégé par un cordon de policiers, mais personne ou presque n’a remarqué sa présence. 

Sur le podium improvisé place de la Nation (le podium initial ayant dû être supprimé après le retrait de la subvention de la Région), Alexandre Schon, président de l’Inter-LGBT (Lire son interview sur notre site) s’est félicité du succès de la marche et a notamment lancé à la foule avec l'énergie qui lui est coutumière : « L’extrême droite a voulu faire de la marche de Paris un exemple, ils en ont fait un symbole de résistance.» 

A Budapest, une pride et surtout une manif anti-Orban

A Budapest, l’enjeu était encore plus important. Dans la capitale hongroise, les manifestant.es ont défié le Premier ministre d’extrême droite Viktor Orban, qui avait interdit la pride. Les organisateurs attendaient 35 000 personnes, il y en a eu entre 100 000 et 200 000. Une belle affluence pour un pays de 9,5 millions d’habitants. Et un beau message de résistance de la société civile hongroise, un an avant les élections législatives, tant la pride a pris l’air d’une manifestation anti-Orban. 

Si le pouvoir n’a pas fait réprimer la manifestation, les participants s’exposaient à des amendes pouvant aller jusqu’à 500 euros, tandis que les organisateurs risquaient jusqu’à un an d’emprisonnement.

Dans le cortège, on trouvait plus de 70 députés européens et de nombreux élus de tous pays. Côté Français, on a pu noter la présence de l’eurodéputée Melissa Camara (Lire notre interview dans Strobo), des sénateurs Rémi Féraud et Mélanie Vogel et de l’adjoint à la maire de Paris Jean-Luc Roméro-Michel. A l’issue de la marche, Melissa Camara, eurodéputée écolo a notamment déclaré : «En ayant tenté d'empêcher la tenue de cette pride, Orbán n'aura récolté qu'une énorme mobilisation. Face au piétinement des droits fondamentaux, la société hongroise s'est levée, a marché, a protesté par dizaines de milliers. Cette pride est historique! Nous ne relâcherons jamais la pression pour la défense de nos existences, de notre dignité, de nos droits, de la démocratie».

La guerre de l'extrême-droite contre les communautés LGBT+ a beau ne pas être gagnée, il fait bon parfois remporter quelques batailles. 

Photos Paris:  Xavier Héraud

Photo Budapest : The Left

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