Des œuvres LGBTQIA+ sympathique pour l’’été

Alexis Massoutier

L’été est la saison parfaite pour se reconnecter à soi et prendre le temps de découvrir des récits qui font du bien. Voici quelques œuvres à glisser dans votre valise, pour un été sensible, solaire et totalement queer.

New York New York, quand le manga percute la réalité

Un des premiers mangas gay qui est sorti et que j’ai acheté un peu par hasard en mai 2002. Quel plaisir de voir cette œuvre mise en avant dans une belle édition. New York New York de Marimo Ragawa chez Panini Comics nous touche encore aujourd’hui. Loin des histoires d’amour idéalisées du BoysLove japonais, souvent déconnectées de la réalité, cette fiction montre la vie quotidienne d’un couple gay aux États-Unis. 

Kain Walker est policier à Manhattan. Il a la trentaine et cache qu’il est gay. C’est un solitaire méfiant, jusqu’à ce qu’il rencontre Mel Fredericks. Leur coup de foudre est immédiat, mais leur histoire n’est pas simple "J'etais persuadé que c'etait le destin, et j'ai tout misé dessus". Homophobie, rejet de la famille, agressions, deuil, maladie, New York New York ne cache rien. Et c’est justement ça qui rend ce récit fort. Ce n’est pas une histoire « mignonne » de deux garçons qui s’aiment, c’est une histoire qui montre ce que ça peut coûter d’etre queer.  New York New York raconte une autre époque de la communauté LGBTQIAP+, où être différent·e n’est pas toujours simple. Parfois, on a l’impression de suivre un soap opéra, avec ses drames et ses retournements. C’est justement ce qui rend ces deux volumes si addictifs. Le dessin est fin, les visages expressifs, pleins d’émotion. Marimo Ragawa réussit à toucher autant le cœur que la tête. Pourquoi ce n’est pas au Japon ? Sans doute par simplicité pour exposer un couple gay là où le pays du Soleil Levant reste encore peu ouvert sur le sujet comme nous le disait l’auteur.trice de ABC BAZOOKA

Ce manga, à la fois dur et humain, rappelle dans son ton The Normal Heart, ce film incontournable sur la lutte contre le sida. Un récit que toute personne LGBTQIAP+ devrait découvrir.

New York New York de Marimo Ragawa chez Panini Comics à 16, 99 euros  (2 vol terminée)

 

 

Une famille douce au cœur de l’omegaverse

Tadaima, Okaeri, de Ichikawa Ichi chez Hana Collection est un manga qui se passe dans un monde appelé l’omegaverse. Qu’est-ce donc ? Une société divisée en trois groupes : les alphas, qui sont les leaders, les bêtas, qui sont comme les gens « normaux », et les omégas, qui peuvent avoir des enfants peu importe leur genre. Souvent, ce genre de fiction parlent de domination ou de fantasmes, mais là, c’est tout autre chose.

Ici, on suit la vie de Hiromu et Masaki, un couple d’homme qui élève leur enfant. Masaki, qui est oméga, reste à la maison pour s’occuper de leur fils, pendant que Hiromu travaille. Pas de grands drames, juste une vie de famille paisible plein d’affection se développant au fil des scènes du quotidien. Le récit s’attarde sur ces petits instants qui parlent à tout le monde : les doutes d’un parent et les gestes tendres, les moments de partage. On suit le quotidien de Masaki, souvent fatigué mais toujours attentionné, les petits bonheurs en famille, les câlins qui rassurent. C’est simple, mais touchant. Ce n’est pas l’intrigue qui fait battre le cœur du manga, mais cette ambiance apaisante et qui fait du bien à lire une sorte d’ASMR en lecture. Le dessin, tout en simplicité, accompagne cette atmosphère calme avec des dessins tout en douceur renforçant le réalisme de leur vie et qui rappelle que les familles LGBTQIAP+ peuvent être tout aussi normales que n’importe quel autre foyer.

Tadaima, Okaeri est un manga qui parle de la parentalité queer. Un moment de vie qui plaira à celles et ceux qui aiment les histoires « Tranche de vie ».

Tadaima, Okaeri de Ichikawa Ichi chez Hana Collection à 7,95 euros (5 volumes, en cours, 5eme volume disponible le 17 juillet 2025)

 

 

Moumou 1er, un enfant, deux papas, deux mamans. 

On suit dans ce livre jeunesse, Vasco, qui a perdu son doudou, Moumou, et toute sa famille se mobilise pour le retrouver. 

Avec deux mamans, deux papas, et une joyeuse pagaille pleine d’amour pour le retrouver, ce livre célèbre la diversité familiale avec tendresse et plus spécifiquement la coparentalité. La narration fluide suit ce bambin et sa recherche de son doudou, pour aboutir à un moment heureux, rappelant que l’amour parental ne dépend pas du genre, ou du schéma de la famille mais bien de la chaleur du foyer, tout simplement. 

Moumou 1er est un miroir pour les enfants de familles LGBTQIAP+, mais aussi un message d’acceptation. Les albums jeunesse, comme on le disait dans Où sont les personnages LGBTQI+ en littérature jeunesse ?, touchent aussi les adultes : pour la beauté des dessins, la tendresse de leurs récits et la force de leur représentativité.

Moumou 1ere de Chloé Vivarès (texte) & Margot Farnoux (illustrations) chez On ne compte pas pour du beurre à 15 euros

 

 

Clueless, 30 ans et toujours fabuleuse

Sorti en 1995, le film Clueless célèbre ses 30 ans cette année. Adaptation moderne, libre et decalée d’Emma de Jane Austen, Clueless suit Cher Horowitz, une ado riche et (trop) sûre d’elle, qui décide de jouer les entremetteuses dans son lycée californien.

Cher, la lycéenne stylée de Beverly Hills, est devenue, au fil des années, une icône pop et queer au point de faire une pub Rakuten lors du Super Bowl*, rien que ça ! Sous ses airs de comédie légère, le film aborde avec finesse l’acceptation de soi, les codes sociaux absurdes, la marginalité chic et la sororité. Clueless est un long métrage « camp », c’est-à-dire un style exagéré et théâtral lié à la culture queer, qui célèbre le mauvais goût avec humour et second degré, et est aussi une fiction drôle et intelligente, montrant qu’on peut être populaire tout en restant bienveillant·e.

Un film culte qui, trente ans plus tard, continue de briller par son style, son humour et son regard libre sur la différence. 

Clueless de Amy Heckerling chez Paramount Pictures à 29,99 euros (des le 7 juillet 2025)

*Le Super Bowl est la finale du championnat de football américain regardés par plus de 110 millions de spectateurs en 2024 et rien qu’aux États-Unis. C’est aussi un énorme rendez-vous pour ces pubs et son concert très attendus.

 

 

Butterfly, une série qui donne des ailes

Butterfly, mini-série britannique en trois épisodes, raconte l’histoire de Max, un enfant de 11 ans qui sait depuis des années qu’il est une fille. Depuis l’âge de 5 ans, il aime porter des vêtements dits « féminins », mais jusque-là, il se cachait. Aujourd’hui, il veut vivre pleinement comme Maxine.

Autour de lui, ses parents séparés doivent apprendre à comprendre ce qu’il vit, et l’accompagner. Sa mère Vicky l’accueille avec douceur, son père Stephen lutte, dans l’idée qu’il pourrait « arranger » les choses. Leur rencontre avec un service d'identité de genre ouvre un nouveau chemin, semé d’incompréhensions, de maladresses, mais aussi d’amour.

Butterfly, ce n’est pas seulement le parcours d’un enfant trans. C’est aussi une série sur la parentalité et sur le fait que, parfois, aimer ne suffit pas, il faut écouter, sans projeter ses peurs et apprendre à voir son enfant tel qu’il est, pas comme nous souhaiterions qu’il soit. Max crie qu’il n’est pas gay, il dit vouloir que son pénis « tombe ». Des mots fort pour un enfant reflétant sa détresse. En face, des adultes souvent perdus, parfois maladroits, qui tâtonnent pour faire au mieux.

Tony Marchant, le créateur de la série, s’est longuement entretenu avec des familles concernées avant de l’écrire. Cela se sent, il n’y a pas de caricature, pas de leçon, mais plus un regard nuancé sur une situation qui touche plus de familles qu’on le pense.

Butterfly de Tony Marchant chez Elephant Films à 19,99 euros

 

 

Qu’on cherche une romance douce à NY, une famille dans l’Omegaverse, un doudou pour se réconforter, une jeunesse qui brille ou un récit de lutte, ces œuvres partagent toutes un point commun : elles nous parlent avec sincérité. Certaines font pleurer, d’autres sourire, mais toutes laisseront quelque chose dans nos esprits et nos cœurs cet été.

 

 

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