La France était absente de la reconstitution du Fonds Mondial contre le VIH, le paludisme et la tuberculose vendredi dernier en Afrique du Sud. Malgré une vague promesse d'annonce le mois prochain, les associations de lutte contre le VIH crient à la trahison.

La huitième reconstitution du Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme s’est tenue le 21 novembre dernier à Johannesburg, en Afrique du Sud. A l’issue de la journée, le Fonds Mondial a indiqué avoir réuni des promesses de don à hauteur de 11,34 milliards de dollars US, soit 9,84 milliards d’euros.
Les Etats-Unis restent le premier pays donateur, avec un engagement à verser 4,6 milliards de dollars (3,99 milliards d’euros), suivis du Royaume Uni avec 850 millions de livres (966,31 millions d’euros).
La France, pourtant partenaire historique du Fonds, a brillé par son absence lors de cette reconstitution. Explications dans le communiqué final du Fonds Mondial : « La France a indiqué que son soutien au Fonds mondial restait inchangé, mais qu’elle ne serait en mesure de confirmer sa promesse de don que le mois prochain.» Une non-annonce qui ne passe pas pour les ONG. Dans un communiqué, les associations Aides, Coalition Plus, Sidaction, Action Santé Mondiale et The One Campaign dénoncent en effet «un abandon des malades, de la santé mondiale et de la lutte contre les épidémies les plus meurtrières du monde.» «Pourtant, ajoutent-elles, Emmanuel Macron se présentait comme un leader de la santé mondiale en ayant accueilli avec succès la sixième conférence de reconstitution à Lyon en 2019, et en augmentant à deux reprises la contribution française pour la porter à 1,6 milliard d’euros en 2022. Après tant d’efforts, le Président trahit l’héritage français en santé mondiale et abandonne les malades à leur sort.» Un désengagement international, s'il vient à se confirmer, qui ferait en tout cas écho au désengagement de la France sur la scène intérieure. Dans notre enquête publiée dans le dernier Strobo, nous montrons déjà que la France réduit sans cesse ses financements VIH sur la scène nationale.
11 milliards au lieu des 18 milliards prévus
Si dans la suite du communiqué du Fonds Mondial les différents intervenants se congratulent de cette levée de fonds, celle-ci sonne bel et bien comme un échec. Dans son “argumentaire d’investissement”, le Fonds estimait lui-même avoir besoin de 18 milliards de dollars US (15,63 milliards d’euros) «pour sauver 23 millions de vies entre 2027 et 2029, réduire le taux de mortalité combiné des trois maladies de 64 % par rapport aux niveaux de 2023 et prévenir environ 400 millions d’infections.» Cette levée de fonds apparaissait d’autant plus importante, dans un contexte mondial troublé, avec la suspension par les Etats-Unis des programmes Pepfar et USAID, importants pourvoyeurs de financements notamment dans de nombreux pays africains.
Créé en 2002, le Fonds mondial de lutte contre le VIH, la tuberculose et le paludisme est un partenariat international pour financer des programmes de prévention et de traitement dans les pays les plus touchés. Il réunit gouvernements, communautés et secteur privé. Depuis sa création, il a permis de sauver 65 millions de vies et de faire baisser la mortalité des trois pandémies de plus de 60 % et représentent près d’un tiers de tous les financements internationaux dans la lutte contre le VIH.
Photo : Cyril Ramaphosa, président d'Afrique du Sud à la reconstitution du Fonds Mondial contre le VIH, la tuberculose et le paludisme. Capture d'écran.
