Un mot peut parfois résumer une émotion et aussi une œuvre. Certaines d’entre elles rassurent, inspirent ou réconfortent. Et si Strobo Mag vous offrait ces mots-clés pour mieux vous retrouver, à travers des œuvres qui font du bien et qui résonnent en vous ?
Désir : BJ Alex
Le désir, c’est ce qui traverse les pages de BJ Alex. Les fans l’attendaient depuis longtemps, et pour cause : c’est l’un des titres les plus marquants de la scène Boys’ Love. Le webtoon* BL vedette de l'éditeur Lezhin, qui a longtemps figuré dans le top 5, tout genres confondus.
BJ, c’est le sigle de Broadcasting Jockey, autrement dit les streamers en Corée du Sud. Ici, le fameux BJ Alex est un homme, masqué, et populaire jusqu’à ce que Dong-gyun, un fan réservé, découvre sa véritable identité. Ce qu’il croyait n’être qu’un fantasme virtuel devient réel. « C’est pour de vrai ? Je ne rêve pas ? Il m’enlace ? La chaleur de son corps, le parfum de sa peau… tout est tellement parfait que j’en ai du mal à respirer. »
Derrière cette tension érotique, il y a aussi une vraie réflexion sur la frontière floue entre admiration et obsession. Rapidement, une relation s’installe à la fois passionnée, dominée, et pleine de contradictions. « Tu viens souvent ici ? », « Je t’ai autorisé à me parler ? » Un échange qui en dit long sur les deux hommes : entre domination et tendresse BJ Alex joue avec les codes du pouvoir et du consentement, tout en gardant un ton humain.
Les illustrations, en couleur, donnent une fluidité à ce manhwa tout en faisant pensant à une BD française. On tourne les pages sans s’arrêter, pris par cette tension entre fantasme et émotion. Un titre culte, brut et vibrant, qui parle autant de désir charnel que du besoin d’être aimé.
* Un webtoon est une BD numérique publiée en chapitres verticaux, conçue pour être lue en défilement sur smartphone.
BJ Alex de Mingwa Ed. Kbooks à 19,95€
Renaissance : Les Fleurs se maquillent aussi
Renaissance, c’est le mot qui résume ce tendre récit signé Schwinn. Depuis la mort de son mari autoritaire, Hanayo s’est peu à peu effacée. Jusqu’au jour où elle pousse la porte d’un salon de beauté tenu par Yoshiko, une femme aussi douce que lumineuse.
En acceptant de se faire maquiller, Hanayo se redécouvre : « le plus important, c’est que vous preniez du plaisir à vous voir. ». Puis viennent d’autres phrases qui nous interpellent : « un visage, voyez-vous, ça raconte une histoire », autant de mots simples qui disent que le temps qu’on s’accorde à prendre soin de soi est précieux. Hanayo, longtemps empêchée par un mari qui lui interdisait de se mettre en valeur, s’autorise enfin à vivre pour elle-même : « quand vous m’avez maquillée la dernière fois, vous avez changé quelque chose en moi. » Et surtout : "j’ai décidé de profiter de chaque jour comme bon me semble". S’accorder de petites attentions, comme dans Mon petit nid douillet, fait du bien. Ce récit nous invite à vivre pour soi, sans se sacrifier, avec douceur et retenue. La rencontre entre ces deux femmes âgées devient alors une véritable leçon de vie : faire les choses pour soi, et non pour les autres.
Les fleurs se maquillent aussi prolonge ce message en célébrant la beauté d’être soi, à tout âge, et la liberté d’éclore enfin.
Les Fleurs se maquillent aussi de Schwinn Ed. Akata à 8.05 €
Famille : Family Compo
Une famille qui n’a pas fini de nous surprendre : c’est ce qu’on découvre dans Family Compo, chez Panini Manga. Loin des œuvres connues de Tsukasa Hojo comme Cat’s Eyes ou Nicky Larson/City Hunter, le mangaka nous plonge ici dans le quotidien d’un couple « inversé » pour qui on a un coup de cœur.
Un couple permuté ? On vous en dit plus. Le jeune étudiant Masahiko, qui a perdu ses parents, accepte d’emménager chez sa tante Yukari, son mari et leur adolescent.e. Il découvre vite qu’il ne vit pas dans une famille traditionnelle : sa tante était un homme et son oncle était une femme. Et l’élément central de l’histoire tourne autour de l’ambiguïté de genre de sa.son cousin.e : est-ce une fille ou un garçon ?
Cette famille sert de toile de fond pour parler d’identité de genre et de fluidité. Autour d’eux gravitent des personnages variés, qui enrichissent le récit. Entre les collègues du père vivant des situations farfelues et les étudiant·es avec leurs histoires drôles et pleines d’affection, on découvre des moments sincères où l’humain reste au centre. Et Masahiko, lui, comprend peu à peu que, malgré les apparences ou les rôles sociaux, une famille, c’est avant tout de l’amour, de la compréhension et de l’acceptation.
Les histoires peuvent paraître maladroites, surtout avec l’ambiguïté sexuelle pour faire rire, mais ceci datant de 1996, ça n’enlève rien à notre attachement aux personnages. Souvent, ce sont eux·elles qui corrigent les maladresses et clarifient les choses pour les lecteur·rice·s. Les illustrations, aux silhouettes soignées et aux décors pleins de détails, renforcent ce récit unique, qui bouscule les stéréotypes. Family Compo nous embarque avec humour dans une famille pas comme les autres, pleine de douceur et de bienveillance. « Un homme qui devient une femme… Une femme qui devient un homme… nous connaissons trop bien les souffrances que cela engendre », dit tante Yukari, une phrase qui rappelle l’importance de respecter les personnes trans.
Quand vient le dernier volume, on quitte cette famille pas comme les autres pour mieux regarder la nôtre. Tsukasa Hojo nous interpelle sur la diversité, qui fait souvent partie de nos vies bien plus qu’on ne le croit.
Family Compo (6 tomes - édition double) De Tsukasa Hojo Ed. Panini Comics A 16,99 euros
Courage : Au rythme de mon ruban
Le courage, c’est ce qui anime Rintarô, jeune garçon de Hiroshima dans les années 80, qui découvre la gymnastique rythmique après la mort de sa mère et un quotidien figé auprès d’un père taciturne. Ce sport, perçu comme “féminin”, devient son refuge. Malgré les moqueries, il veut suivre ce que son cœur lui dicte. “Pourquoi c’est bizarre qu’un garçon en fasse ?” demande-t-il, en fabriquant ses accessoires de gym. Au rythme de mon ruban parle parle des décisions qu'on prend pour exister pour soi, même quand les autres ne comprennent pas. “Et puis, pour un garçon, ça doit être dur de dire qu’il a envie d’essayer la GR, non ?” lance son amie. Les personnages nous touchent autant que ceux de Cicatrice, on est pris dans l'émotion, au point de vouloir connaître le dénouement de notre jeune garçon passionné de GR au fil des pages qu’on tourne.
Rintarô, à la manière de Billy Elliot, choisit de vivre autrement. Une histoire touchante qui rappelle que la plus belle liberté, c’est d’oser être soi même quand l’entourage dit non.
Au rythme de mon ruban de Yumi Kurokawa, Ed. Akata, 8,75 €.
Charme : Jurassic World : Renaissance
Charme et émoi. C’est bien ce que dégage, entre autres, Jurassic World : Renaissance, où, au milieu des dinosaures et du chaos, un homme attire nos regards : Jonathan Bailey. Élu récemment « homme le plus sexy du monde » par People, il devient le premier acteur gay à recevoir ce titre, un symbole fort et une belle victoire pour la visibilité queer.
Dans un univers de testostérone et de dinosaures, Bailey apporte une touche humaine et de charme avec son personnage. Il incarne une masculinité moderne, bienveillante et loin des clichés. Passionné par la préhistoire, il nous séduit avec son enthousiasme. Même si le film n’est pas explicitement LGBTQ+, voir un acteur gay dans ce rôle est une petite révolution : un blockbuster spectaculaire avec un acteur queer plaisant.
Jurassic World : Renaissance de Gareth Edwards Ed. Universal à 29,99 € (COMBO BLU-RAY UHD 4K + BLU-RAY)
Liberté : Nana
Liberté. C’est ce que respire Nana, le manga culte d’Ai Yazawa. Deux jeunes femmes portant le même prénom, mais aux destins opposés : l’une vit pour le rock et la rébellion, l’autre rêve d’amour et de stabilité. Ensemble, elles découvrent Tokyo, la passion et les désillusions.
Entre silhouettes androgynes, regards ambigus, tendresse entre les deux héroïnes emblématiques et présence d’un manager gay, Nana explore subtilement la fluidité des émotions et des identités. Il n’y a pas de cases toutes faites, juste des âmes qui se cherchent : “finalement, chacun est livré à lui-même, et on a beau être très proche d'une personne, on ne peut pas ne faire qu'un avec elle. C'est impossible de faire en sorte que quelqu'un nous appartienne.”
Et puis, il y a ce sens du détail : les vêtements, du Vivienne Westwood, les coiffures audacieuses, les scènes de concert, etc. Tout transpire l’affirmation de soi. “À l'époque, je n'étais pas capable d'aimer quelqu’un correctement et pourtant, je mourrais d'envie d'être aimée.”
Un manga poignant, porté par des personnages intenses et un style unique, entre punk et glamour. Nana, c’est l’écho d’une génération, celle des années 2000, et toujours la nôtre. Une œuvre qui continue de vibrer, d’inspirer et de toucher en plein cœur.
Nana Remix - Coffret T01 à T10 d’Ai Yazawa Ed. Delcourt à 85€
Légèreté : La Petite Mort
Légèreté, c’est ce que nous offre La Petite Mort. Dans ce récit drôle et coloré, La Petite Mort devient une petite célébrité après la publication d’un magazine à son nom, mais découvre vite que la notoriété a son lot de surprises et de quiproquos. Avec humour et inventivité, cette BD nous rappelle que la vie quotidienne a toujours un peu de magie, même au cœur de l’hiver. Les situations absurdes, les dialogues pétillants et les personnages attachants font sourire à chaque page. Un récit parfait pour se détendre et se laisser bercer par un univers léger et surprenant.
La petite mort de Davy Mourier Ed. Delcourt à 16,50€
Tolérance : La Belle et la Bête
Tolérance, voilà ce que nous enseigne La Belle et la Bête, ce classique intemporel restauré en 4K nous invite à voir au-delà des apparences, à regarder l’autre avec bienveillance et à aimer sans peur de la différence.
Et si on regarde de plus près, le personnage de Lefou prend aujourd’hui une dimension nouvelle. Fidèle acolyte de Gaston, il laisse transparaître un certain attachement amoureux que la version live-action du film viendra confirmer comme nous le rapporte France Inter.
Ce petit clin d’œil queer, discret mais sincère, apporte une note de diversité bienvenue dans l’univers Disney. La Belle et la Bête célèbre la tolérance avec un récit réconfortant à revoir avec un regard d’adulte, plus conscient, plus tendre, et peut-être un peu plus queer aussi.
La Belle et la Bête de Gary Trousdale et Kirk WiseEd. Disney à 24,99 € (COMBO BLU-RAY UHD 4K + BLU-RAY)
Cœur : Our Love Language, Tome 2
Ici, c’est le cœur qui parle, avec les yeux et les gestes, loin de la voix. On retrouve Fujinaga, comédien, qui décroche un rôle au théâtre et il propose à Keito d’assister à une représentation. Mais le jeune homme ressent vite un malaise : plus le talent de Fujinaga s’affirme, plus les spectateurs risquent de tomber sous son charme. Keito serait-il jaloux ? Pourtant Fujinaga est de plus en plus amoureux : “comment faire ? J’ai l’impression que le volume occupé par Keito dans ma tête continue d’augmenter, comme un verre qu’on remplirait d’eau.”
Le récit continue, après le tome 1, de nous montrer les émotions silencieuses et les gestes qui font battre le cœur dans ce tome 2. Keito se confronte à son désir : “je ne peux plus repousser indéfiniment le moment de lui demander de sortir avec moi.” L'histoire montre comment capter l’attention avec un regard, un geste ou une expression et que ça peut transmettre une foule d’émotions. Un amour impossible ? On se demande jusqu’où les sentiments de Keito et Fujinaga pourront se révéler.
Our Love Language, (Tome 2) de Rin Teku Ed. Akata à 8.50 €
Nostalgie : Maman, j’ai raté l’avion
La nostalgie nous prend la main dès que l’on revoit Maman, j’ai raté l’avion, ce classique des années 90 qui continue de faire sourire petits et grands quand Noël approche. Kevin McCallister, petit génie du bricolage et de l’astuce, se retrouve seul dans la maison familiale et transforme chaque mésaventure en une cascade d’ingéniosité et de rires.
Ce film, c’est avant tout un retour en enfance : les décorations scintillantes, la neige qui tombe doucement et cette ambiance festive qui nous enveloppe. Même sans thématique LGBTQIA+, Maman, j’ai raté l’avion parle à tout le monde, car il célèbre le courage, la débrouillardise et la chaleur des liens avec nos proches. Un vrai plaisir doudou, parfait pour se blottir sous un plaid, retrouver le frisson de l’enfance et laisser la magie des fêtes opérer.
Maman, j’ai raté l’avion de Chris Columbus Ed. Fox à 19,99 € (COMBO BLU-RAY UHD 4K + BLU-RAY)
Curiosité : Shinjuku 69 Heaven
Curiosité. C’est le moteur de Shinjuku 69 Heaven, un manga qui nous entraîne dans les lumières et les ombres du Kabukichô, le quartier chaud de Tokyo. Kei, un journaliste hétéro, y découvre un univers inconnu : celui des bars d’hôtes gay, du désir, et les codes d’une autre forme de masculinité.
Sa rencontre avec Hiromu, hôte fascinant et insaisissable, va le bouleverser et éveiller en lui une attirance qu’il ne soupçonnait pas. Unohana signe un récit à la fois sensuel et introspectif, où la curiosité permet de se découvrir. Shinjuku 69 Heaven interroge sur nos désirs et montre que s’ouvrir à l’autre, c’est aussi apprendre à se connaître.
Shinjuku 69 Heaven de Unohana Ed. Taifu à 9,35 €
Les mots sont simples à retenir, parfois impactants et réconfortants quand on en a besoin. L’hiver est propice à prendre soin de soi : commençons par notre mental et laissons-nous bercer par l’imaginaire que nous offrent ces titres.
© 2017. Mingwa.
© Tsukasa Hojo – Panini Manga
Les Fleurs se maquillent aussi : ©schwinn 2022 / KADOKAWA CORPORATION
Au rythme de mon ruban : ©Yumi Kurokawa 2020 / KADOKAWA CORPORATION
Our Love Language, Tome 2 : ©Rinteku/SQUARE ENIX
Jurassic World : © 2025 Universal Studios and Amblin Entertainment, Inc. All Rights Reserved.
© Éditions Delcourt, 2025 — Mourier
NANA © 1999 by Yazawa Manga Seisakusho / SHUEISHA Inc.
© Disney la belle et la Bete
© Maman j'ai raté l'avion










