Olly Alexander du groupe Years and years qui représente le Royaume-Uni pour l’édition 2024 du plus grand évènement musical télévisuel de l’année, l’Eurovision. Pour celleux qui se font une règle de ne pas rater année après année ce show, iels savent que c’est un espace unique pour la visibilité des LGBT. La présence du chanteur du groupe britannique ne va pas manquer de paillettes. En effet, le jeune homme a déclaré sur le site de l’Eurovision : « je n’arrive pas à croire que je vais faire partie d’un héritage aussi spécial et porter le drapeau du Royaume-Uni de la manière la plus gay possible ». Nous n’en doutons pas un instant. Nous avons surtout hâte de voir la performance live. Pour cela il va falloir attendre le mois de mai.
Les critiques sont dithyrambiques et il y a de quoi. Sam est un garçon est d’utilité publique. Comment devenir un homme quand on ne veut pas devenir son père ? La question semble abrupte, mais mérite d’être posée. Car c’est tout un pan de l’éducation, des échanges, des modèles, du patriarcat, de la domination, des femmes, de l’égalité, de la sexualité dont il s’agit. Avec une écriture intelligente et libre, on refait le monde, on dépasse les clichés, on déconstruit le genre. Ou plutôt Sam Certenais nous prend par la main pendant une heure pour remettre tout à plat fort de son expérience personnelle et des obstacles qui ont été les siens face à tant d’idées reçues de la part de ses proches. C’est émouvant, tendre, touchant, drôle et authentique. Un spectacle mise en scène avec brio par Noémie de Lattre qui pousse à la réflexion. Une prise de conscience salutaire.
Vous êtes peut-être passé à côté de cette série documentaire qui explore les différentes facettes de la communauté LGBTQI+ mené par le réalisateur Océan et la podcasteuse Sophie-Marie Larrouy. Si c’est le cas, pas d’inquiétude, vous pouvez vous y replonger à loisir car c’est disponible gratuitement sur la plateforme Francetv Slash. Après une première saison consacrée à la transition personnelle d'Océan, la seconde dédiée à la découverte des personnes trans et intersexes partout en France, on file dans le troisième volet de ce rendez-vous au cœur de la notion de famille, ce qu’elle recouvre aujourd’hui, les profils qui la composent, l’enrichissent, le rebâtissent de fond en comble. Après deux saisons qui examinent la transidentité, faire famille met à bas les schémas du « une famille, c’est un papa, une maman » pour prouver que la parentalité est une aventure bien plus large que cette vision rétrograde et étriquée imposée par une vision hétéro cis-normée qui n’a plus lieu d’être. Ce programme est tendre, galvanisant, impactant et bienveillant. Un plaidoyer pour une variété d’alternative exaltantes et épanouissantes aux vieux poncifs de la famille traditionnelle.
Muse et amie de Nan Goldin, actrice dans les films de John Waters, écrivaine du vif, Cookie Mueller a dévoré la vie comme peu, sans entrave, dans les excès et la liberté, la folie et l’attrait de l’expérience comme porte-drapeau. Décédée à 40 ans des suites du sida, elle a touché à tout, profité de chaque instant. Personnage singulier, elle a consigné jour après jour les moments de son existence fugace et coup de poing dans son autobiographie intitulée Traversée en eau claire dans une piscine peinte en noir. Lorsque la metteuse en scène Justine Heynemann est tombée sur le manuscrit, vous pouvez entrevoir le choc et l’envie immédiate qui a été de catalyser le tout pour lui redonner vie sur scène. Le résultat est bluffant. Au théâtre de la Huchette, la comédienne Eléonore Arnaud campe avec maestria l’énergie démesurée qui anime cette héroïne punk. Un écrin restreint, un duo réduit à l’interprète et un musicien qui saccade l’ambiance à coups de guitare électrique en tout et pour tout au service d’un seul en scène exaltant. 35 ans après sa disparition ce spectacle fait revivre pour quelques instants la tumultueuse, tonitruante, fascinante et explosive Cookie, personnalité, indomptable, alternative et excessive. Remarquable !