Le 1er décembre marque chaque année la journée mondiale de lutte contre le VIH/sida. Alors qu'en théorie, on n'a jamais été aussi près de la fin de l'épidémie, le désengagement des pouvoirs publics en France, comme à l'international, n'incite pas à l'optimisme.

Nous sommes aujourd’hui le 1er décembre, journée mondiale de lutte contre le vih/sida. Alors que, selon l’Organisation mondiale de la santé, on pourrait être à cinq ans de la fin de l'épidémie, l’heure n’est pas vraiment à l’optimisme.
En France, un nombre stable de contaminations
Sur le plan national d’abord. En France, les chiffres de l’épidémie, dévoilés il y a quelques semaines, sont relativement stables par rapport aux années précédentes. Santé Publique France estime qu’en 2024, 5 125 personnes ont découvert leur séropositivité au VIH. Les transmissions se font à 53% lors de rapports hétérosexuels, et 42% lors de rapports sexuels entre hommes. 68% des personnes contaminées sont hommes cis (et parmi eux 42% sont des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes), 30% des femmes cis, 2% des personnes trans et 1% des usagers de drogue injectable. Mais on estime que 9 675 personnes vivaient avec le VIH sans le savoir.
Il reste donc encore du travail pour faire baisser les contaminations et dépister les personnes atteintes. Or, les associations qui luttent contre le VIH tirent la sonnette d’alarme depuis plusieurs mois pour alerter sur la baisse de leurs financements et le désengagement progressif des pouvoirs publics (Voir notre article), qui rendent leur action de plus en plus difficile.
Au niveau international, la situation se détériore
Au niveau international, la situation se détériore également. Depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, les Etats-Unis, principal pourvoyeur de financement contre l’épidémie, ont réduit leur soutien à la lutte contre le vih/sida au niveau mondial, en coupant drastiquement les fonds alloués au programme Pepfar et en supprimant carrément l’agence USAID, chargée de l’aide humanitaire dans les pays les plus pauvres. Des actes qui ont entraîné immédiatement la mort de dizaines de milliers de personnes, et qui continueront à en faire d'autres.
Au moins les Etats-Unis ont-il maintenu leur participation au Fonds Mondial, contrairement à la France, qui a brillé par son absence lors de la huitième journée de Reconstitution du Fonds), alors qu’elle en est un partenaire historique. Résultat, le Fonds Mondial, qui aurait besoin de 18 milliards d’euros sur trois ans, n'en a réuni que 11.
Trump interdit toute communication pour le 1er décembre
Au niveau symbolique, les Etats-Unis ont également officiellement abandonné toute action ou commémoration officielle autour de la journée mondiale. Selon le New York Times et la newsletter To end a plague… again, l’administration Trump a en effet interdit à ses employés de « promouvoir publiquement la Journée mondiale du sida sur quelque canal de communication que ce soit, y compris les réseaux sociaux, les interventions médiatiques, les allocutions ou tout autre message destiné au public ». Une première depuis 1993, année à partir de laquelle les Etats-Unis, alors dirigés par Bill Clinton, ont commencé à communiquer lors de cette journée.
Selon l'OMS, en 2024, 40,8 millions de personnes vivaient avec le VIH. La même année, 1,3 de personnes ont été contaminées et 630 000 sont mortes de complications liées au sida. «Après des décennies de progrès, la réponse au Vih se situe à un carrefour. Des services vitaux ont été interrompus et de nombreuses communautés se retrouvent confrontées à des risques et des vulnérabilités croissants.», constate l'organisation dans sa communication officielle.
Si l'OMS veut croire que l'espoir subsiste, la résignation semble de mise. A titre d’exemple, hier à peine 200 personnes étaient réunies à Paris pour la traditionnelle marche d’Act Up-Paris à l’occasion du 1er décembre (photo de Une). Sur la banderole de tête il y avait ce slogan : «Le monde se fascise, l’épidémie s’éternise». On ne saurait mieux dire.
Photo : Xavier Héraud
