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  • Philippe Joanny, sort son second roman intitulé Quatre-vingt-quinze, le 1er février. Un récit poignant, vif, désarçonnant et troublant sur les ravages de l’épidémie de sida à l’aune des années 2000.

    Une annonce. Alex ne s’est pas réveillé, il a fait une crise cardiaque. Comme un cri dans le noir, cette disparition projette une bande de potes dans les couloirs de la mort. Cette génération d’homosexuels qui se prend le sida en pleine face ne savent que faire. La maladie se répand, les condamne. Les traitements ne sont pas là, on ne le connait pas ce virus qui nous saigne sans distinction. « Ils tombent les uns après les autres et on les laisse tomber », tel est le constat amer, brutal et désespéré de Philippe. Pour échapper à l’inéluctable déchéance qui les attend sur un lit d’hôpital, on préfère faire la fête à outrance, se droguer pour vivre perchés et s’adonner à des overdoses de sexe. On s’offre le meilleur avant la chute. C’est de cela qu’il s’agit. Une semaine durant, jour après jour, l’auteur nous retrace le quotidien de ces amis qui défilent chez Lucien, le copain d’Alex. Les confidences se déversent, les souvenirs s’amoncèlent, les rires succèdent aux pleurs. Quelques années plus tard, Philippe interroge ses amis Willy, Adam, Léon, Hervé, Gaby, Jeff et les autres. Ils reviennent sur leur relation avec Alex, comment l’ont-ils connu et ce qu’ils ont gardé de cette semaine qui précédait les obsèques de leur ami disparu. Le mélange de styles, entre paroles rapportées et confidences, rythme ces 192 pages qui déferlent comme une urgence de vivre. On se laisse emporter par cette amitié, plus forte que tout, par cette période qui résonnera pour certains comme des scarifications douloureuses et pour d’autres comme le témoignage d’un passé bien présent. Mais la folie douce qui anime ces garçons, c’est celle de l’insouciance ultime et de l’envie de hurler : "nous sommes là, ne nous oubliez pas, jamais !" Philippe Joanny livre le récit saisissant et vibrant d’une génération sacrifiée. Vous n’en sortirez pas indemnes.

    Quatre-vingt-quinze,  de Philippe Joanny, ed. Grasset. 18€

     

    Julien Claudé-Pénégry
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  • Des jeux intemporels à la sauce LGBTQI+, blind tests et bingos drag pullulent en France. A paris, le quiz musical a lieu le mardi au Bronx (21 rue Keller, 11e), le mercredi au Mange disque (15 rue de la Reynie, 4e). Côté loto déjanté, c’est au Bronx et au Hasard Ludique une a deux fois par mois (128 avenue de Saint Ouen, 18e), A la Folie le dimanche (26 avenue Corentin Cariou, 19e). En régions, ça se passe aussi dans plusieurs grandes villes. Plus d’infos sur la webapp www.strobomag.com (rubrique sorties).

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  • Pour fêter le printemps, le Gibus co organise un festival clubbing sur l’ile franco-néérlandaise des Caraïbes. De nombreuses soirées, des DJs prestigieux, tout sera réuni pour chiller et faire la fête du 23 au 26 mars. Infos & résa ici & .

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  • Maupin récidive

    Vous avez aimé les aventures de Madame Madrigal, sa joyeuse bande de locataires dans les Chroniques de San-Francisco et vous vous êtes senti.e.s orphelin.e lorsque le 9ème et dernier tome a pointé le bout de son nez en 2014. Rassurez-vous, l’auteur Armistead Maupin n’a pas dit son dernier mot puisqu’il est en pleine écriture d’un nouvel opus. On vous prévient d’emblée, ce n’est pas une suite, mais une histoire dans l’histoire qui s’intercale entre les numéros 4 et 5 avec pour sujet : la vie de Mona Ramsey à l’époque de sa vie dans un manoir anglais. Affaire à suivre.

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  • C’est l’évènement de la fin mars à ne surtout pas rater. La comédienne Isabelle Adjani campe Marylin Monroe sur la scène de la Salle Pleyel pour une seul et unique date. Le 31 mars, elle rentrera dans la peau de celle qui défraya les chroniques de son vivant. Mystérieux personnage bordé de légendes, la française va prêter vie à cette figure emblématique en axant son jeu sur le destin vacillant de cette pépite à l’état brut. www.sallepleyel.com

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  • Après 4 ans avec leur premier spectacle baptisé « Les masculinités » où les membres de la Société Communautaire des Effeuilleurs Parisiens CEP déconstruisait la toxicité masculine, la troupe s’empare du théâtre Clavel pour un nouveau spectacle. 8 Hommes - Qui a tué le patriarcat s’attaque pour le coup à d'autres maux qui accablent notre société normée. Et pour mener l’enquête, rien de mieux que des mots bien sentis, une bonne dose de comédie, des effeuillages poétiques et des chants pour essayer de mettre la main sur le ou les responsables. 2 heures d’enquête mises en scène par Vicomte Harbourg... Infos ici

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  • La cité des Anges se pare d’un nouveau joyau de fête : le cabaret Au Petit moulin vient de se lancer dans une vie nocturne qui fait la part belle aux drag queens (soirées au Red Kafé, au Swing ou encore à l’Oméga). Situé au-dessus du bar-restaurant la Tour Halévy, cet écrin va faire la part belle aux créatures mais aussi au live. Patouchka Banana y a déjà posé ses valises de make up ! 11 rue du Commandant Raffalli, Nice

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  • Envie de vous encanailler ! Le show imaginé par le duo créatif Manon Savary et Marc Zaffuto est une ode à la sensualité à la liberté d’être, aux plaisirs du corps, à la sexualité débridée et plurielle. En mettant sur la scène du Théâtre des Variétés à partir du 13 avril prochain Fantasma, c’est tout l’esprit du cabaret en version coquine qui se déroule sous vos yeux. Les tableaux s’enchainent entre évocation suggestives, nudité frontale, jeux autour des images, simulation de coït. La tension monte, la folie s’empare du public, le show déferle de toutes parts et la Maitresse de cérémonie, Allanah Starr vous accompagne dans un voyage sans retenue au cœur du Temple des Désirs. Un tourbillon de surprises vous attend, à condition de mettre votre pudeur au placard. Vous êtes prévenus. Tous les soirs du mardi au samedi à 20, du 13 au 22 avril. www.theatre-des-varietes.fr

     

     


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  • En plus de sa résidence au Théâtre du Marais tous les dimanches soir avec son one man show intitulé sobrement Le Propre de l’Homme, Yohann Laveant, touche à tout de talent est également tous les mercredis au Cancan Pigalle. Dans cet espace alliant un restaurant, un bar et une scène, il y présente Turbo Cancan de 19h à 0h30, un rendez-vous survitaminé animé avec Charlie Broutille. Au menu : sketchs, burlesque, drag, blindtest, parodies, lipsync, numéros, jeux musicaux et karaoke ! Le temps d’un dîner, le spectacle fait le plein d’humour, d’invités et de bonne humeur. Infos ici.

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  • Si vous ne l’avez pas encore vue, courez à une représentation de La machine de Turing, la pièce aux 4 Molière qui explore la vie d’Alan Turing, mathématicien de génie, qui a contribué à décoder la machine de communication des nazis et qui a été condamné pour homosexualité. 

    Près de soixante-dix ans après sa mort, Alan Turing continue de fasciner. Le génial mathématicien anglais, au destin aussi exceptionnel que tragique, est au centre de la pièce La Machine de Turing, créée à Avignon en 2019 et présentée actuellement au Théâtre du Palais Royal, à Paris. 

    Écrite par le comédien et dramaturge français Benoît Solès, La machine de Turing est inspirée par la pièce de Hugh Whitemore Breaking the code et basée sur la biographie Alan Turing : the enigma, d’Andrew Hodges, qui a également été adapté au cinéma (Imitation Game, avec Benedict Cumberbatch).

    La Machine de Turing raconte la vie de ce génie, qui a contribué à décoder Enigma, la machine cryptée de communication des nazis et dont les travaux ont donné naissance à l’informatique et aux ordinateurs. Habilement construite, la pièce retrace sa vie, de son enfance, où il témoigne très vite une aptitude exceptionnelle aux mathématiques, à son procès pour homosexualité, qui le verra condamné à la castration chimique. Sont également évoquées la mort prématurée de celui qui fut peut-être son premier amour, Christopher, et bien sûr la seconde guerre mondiale, où sa contribution majeure — on dit que grâce à lui la guerre a été écourtée de deux ans — devra rester un secret d’Etat. 

    La pièce aborde aussi le thème de l’intelligence artificielle, dont Turing est l’un des pères, avec cette question lancinante aux enjeux tant techniques que philosophiques : les machines peuvent-elles penser ? Et si oui, les humains sont-ils des machines ? 

    Condamné pour homosexualité

    Hélas, le mathématicien ne pourra pas voir de lui-même à quel point ses travaux ont transformé le monde. Il meurt en 1954, à seulement 41 ans, après avoir croqué dans une pomme qui contenait du cyanure, un parallèle troublant avec la pomme du film Blanche Neige et les sept nains, qu’il adorait.  

    Son rôle dans la Seconde Guerre mondiale ne sera connu que des décennies après sa mort, quand la Grande Bretagne acceptera de déclassifier les documents relatifs au décryptage de la machine Enigma. La loi homophobe qui a servi à le condamner, comme Oscar Wilde avant lui, sera abrogée en 1967. Enfin, grâce à une mobilisation militante, il est gracié à titre posthume par la Reine Elizabeth II en 2013. L’Histoire le reconnaît enfin à sa juste valeur.

    Pour donner de la chair à ce personnage hors norme, il fallait un comédien avec de sacrés épaules. C’est manifestement le cas pour Benoît Solès (en alternance avec Matyas Simon), qui incarne avec brio le mathématicien anglais. Aidé par une mise en scène impeccable, signée Tristan Petitgirard, l’artiste parvient à insuffler de la vie à cette figure mystérieuse. A ses côtés, Amaury de Crayencour, en alternance avec un autre comédien, interprète une foule de rôles : le sergent qui s’occupe de son cambriolage, son amant, un champion d’échecs avec qui il travaille sur Enigma…  Face à cet alter ego changeant, Turing se montre tour à tour  brillant, fragile ou désespéré, voire tout ça en même temps.

    La profession ne s’est pas trompée sur la qualité de la pièce. La machine de Turing a reçu 4 Molière en 2019, celui du Meilleur spectacle théâtre privé, de l’Auteur francophone vivant : Benoit Solès, du metteur en scène Théâtre Privé : Tristan Petitgirard et du comédien : Benoit Solès. Une pièce incontournable sur une figure qui l’est tout autant. 

    La machine de Turing, Théâtre du Palais Royal, les mercredi, vendredi, samedi et dimanche, theatrepalaisroyal.com

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