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  • La World Pride, qui se tiendra à Washington D.C. les 6 et 7 juin, ainsi que celle de San Francisco, annoncent des marches résolument politiques en réponse aux nombreuses attaques de Trump contre la communauté LGBTQ+, et en particulier contre les personnes transgenres. « Plus que jamais, nous mesurons l’ampleur du combat à mener. Mais la joie est une forme de résistance. Se rassembler, s’entraider et affirmer notre fierté est plus essentiel que jamais. » C’est le message fort posté sur les réseaux sociaux par le comité organisateur de la World Pride.

    De son côté, la pride de San Francisco, dont le mot d’ordre est “Queer Joy is Resistance”,  a déclaré par l’intermédiaire de sa directrice, Suzanne Ford : "nous voulons envoyer un message au reste du pays : ici, à San Francisco, notre communauté est célébrée, et nous ne resterons pas les bras croisés face à ce que nous subissons. Ensuite, nous voulons offrir un espace sûr où chacun peut se retrouver, être en communauté et célébrer la joie. Nous ne les laisserons pas nous priver de notre joie.»

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  • Le second roman d'Arthur Cahn, publié aux éditions Christian Bourgois, est une entaille violente et à vif sur la perte, la résilience et l’homophobie. Avant de vous installer pour commencer ce livre, munissez-vous d’un stock conséquent de mouchoirs, car cette histoire ne vous laissera pas insensible. Paul, un musicien, et Fabien, son compagnon, vivent un bonheur doux avec leur fils adoptif, Octave. Mais un matin, tout bascule : Octave est retrouvé sans vie, victime d’un tragique accident domestique. Alors que Paul tente de survivre à l’insurmontable, son deuil intime est brutalement exposé. Une figure politique détourne le drame pour alimenter un discours de haine contre l’homoparentalité, plongeant Paul et son couple dans une détresse plus profonde encore. « Comment se console‐t‐on ? Est‐ce qu’il existe un lieu pour faire la paix avec l’absence, un lac où déposer son tourment ? ».

    À travers le prisme de la paternité, Cahn tisse un récit qui interroge notre rapport à l’existence, à la résilience. La dureté et la brutalité de la perte de Octave, nous plonge dans un ouragan de remise de questions, d’incompréhension, de peur… Cet ouvrage est un cahier de deuil, celui qui laisse libre court aux ressentis à l’expression d’une fracture. Celle d’un couple fragmenté, déchiré qui est en proie aux tourments de l’absence et d’un déferlement de haine de tous ceux qui d’un seul coup les jugent. Mais eux dans le silence absurde dans lequel le départ d’Octave les a fait glisser, les emmure dans un torrent de pourquoi la douce joie qui faisait d’eux une famille heureuse s’est d’un seul coup éteint. Comment se relever ? Comment faire face ? Ce livre uppercut met des mots sur une situation que l’on ne voudrait jamais vivre. De leur souffrance naît un texte poignant, déstabilisant, fragile et puissant. Arthur Cahn parvient à capturer l'essence même de l'amour et du souvenir. Le traitement du sujet se distingue par sa sensibilité empreinte d’un amour intarissable.

    La puissance de cette fiction est déstabilisante tant elle semble réelle. Dans l’injustice d’un tel évènement, le bonheur du passé semble faussé. Le deuil est à appréhender, les deux papas doivent conjuguer avec.

    Et pourtant la vie doit se poursuivre, coûte que coûte. Cri de douleur, et cri d’amour, hurlement de haine et hurlement d’espoir malgré tout, Arthur Cahn fait de sa plume délicate et douce, le terrain d’un moment de grâce.

    La lecture d’une Berceuse pour Octave et Paul vous happera d’une traite et vous laissera sur un sentiment désemparent et plein d’espérance. Éprouvant mais sublime.

    Berceuse pour Octave et Paul, de Arthur Cahn, Editions Christian Bourgois, 256 p., 19€

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  • Le collectif Scandal Family organise une scène ouverte drag avec une subtilité : aucune performance solo. Duo, trio ou performances collectives sont à l’honneur, dans un esprit de cohésion, d’union et d’adelphité. Réunir ce qui est épars, voilà le but de ce concept. Rendez-vous pour la No solo drag zone #1 au Korrigan le samedi 29 mars.

    20 Rue du Vieux Marché aux Grains, 67000 Strasbourg.

    instagram.com/thescandalefamily

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  • Les JO auréolés

    Les cérémonies des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 ont été honorées par la Victoire du Meilleur Concert lors des Victoires de la Musique. Ce trophée a été remis à Victor Le Masne, compositeur de la musique originale, et à Thomas Jolly, metteur en scène de cet événement tant attendu. Leur collaboration a su capturer l'essence de l'esprit olympique, mêlant innovation artistique et célébration des valeurs d'inclusion et de diversité.

    En remportant ce prix, Le Masne et Jolly soulignent l'importance de la culture dans le cadre des Jeux, tout en plaçant Paris sous les feux des projecteurs. D’une expérience hors du commun, ces deux génies ont offert un spectacle qui célébrait non seulement le sport, mais aussi l'art et l'humanité. Un souvenir à jamais gravé dans les mémoires des spectateurs du monde entier, des Parisiens et des sportifs. 

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  • Le Stonewall National Monument (SNM) a été érigé en hommage aux émeutes de Stonewall en 1969, parties du bar du même nom fréquenté par les gays, les travestis et les transgenres, et considérées comme le point de départ symbolique de la libération LGBTQ+. Depuis l’arrivée de Trump au pouvoir, le site du SNM a été expurgé de ses références aux transgenres, et de figures militantes historiques, comme Marsha P.Johnson ou Syvia Rivera, en faveur d’un texte qui ne prend en compte que les gays, les lesbiennes et les bisexuels. « On ne peut pas réécrire l’histoire en supprimant quelques mots sur un site web », a déclaré Stacy Lentz, co-propriétaire du Stonewall Inn. « Nous continuerons à nous battre pour que le rôle des personnes trans, en particulier des femmes trans racisées, soit pleinement reconnu. »

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  • Le 21 février restera gravé dans l’histoire de l’Assemblée de Madrid. La sénatrice trans espagnole Carla Antonelli y a prononcé un discours fort, poignant dénonçant l’acharnement de l’extrême droite contre les personnes trans. Son intervention est survenue alors que le parti Vox tentait, sans succès, de supprimer une loi protégeant cette communauté. « Tout le monde veut savoir si nous sommes trans, ce que nous sommes, si nous avons des orgasmes, si nous sommes heureux », a-t-elle déclaré, visiblement émue. Son cri du cœur a été accueilli par une ovation, et son message, devenu viral sur les réseaux sociaux, a résonné au-delà des frontières espagnoles. Carla Antonelli, figure emblématique de la lutte pour les droits des personnes trans, est la première à siéger dans une législature espagnole. Depuis son élection en 2011, elle a joué un rôle déterminant dans l’adoption de lois protégeant les droits des LGBT+.

    Dans un contexte législatif où l’Espagne dispose de 19 lois régionales en faveur des droits LGBT+, elle rappelle que la lutte est loin d’être terminée. « Ce qu’ils alimentent, ce n’est pas seulement de la haine, mais le germe d’un génocide », a-t-elle averti, dénonçant une stratégie de l’extrême droite qui cherche à légitimer la violence contre les personnes trans. Antonelli a également souligné l’épuisement moral causé par ces attaques incessantes : « pourquoi consacrer une minute à nous pointer du doigt ? » Symbole de la résistance des personnes trans, elle a conclu son intervention par : « nous avons quitté les marges : nous sommes à l’université, dans les entreprises… Nous ne retournerons pas dans l’ombre ! » affirmant avec force sa détermination à défendre ses droits et ceux de sa communauté. 

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  • Nous vous avions parlé dans le précédent numéro de Strobo du lancement fin février par Disney+ de la série Pixar Gagné ou perdu, qui initialement avait prévue d’inclure un personnage d'adolescente transgenre. Cependant, la plateforme a décidé de modifier le script, gommant toute référence à la transidentité de la protagoniste.

    Cette décision, bien qu’assumée par Disney, suscite des réactions vives, notamment de la part de Chanel Stewart, l'actrice trans qui prête sa voix au personnage. Elle a exprimé sa déception face à cette censure, soulignant l'importance de la représentation authentique. Disney enfonce le clou en introduisant un personnage ouvertement chrétien dans cette production, ce qui a provoqué des interrogations sur les choix narratifs de la compagnie.

    Ce rétropédalage s'inscrit dans un contexte plus large, où Disney est critiqué pour son soutien financier aux partisans des lois « Don't Say Gay ». Ce choix de Disney interroge sur son engagement en faveur de la diversité et de l'inclusion, un sujet qui demeure au cœur des débats sociétaux actuels aux USA.

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  • Du « pur altruisme » ! C’est par ces mots que la maire de la municipalité de La Corogne en Galice, Inés Rey a honoré deux migrants sénégalais, Ibrahima Diack et Magatte N'Diaye, pour leur bravoure lors d'une attaque homophobe en juillet 2021.

    Alors qu'ils se trouvaient en situation irrégulière, les deux hommes avaient tenté de sauver Samuel Luiz, un aide-infirmier brésilien de 24 ans, agressé par un groupe d'individus. Samuel n'a pas survécu à ses blessures, mais le geste héroïque des deux migrants a marqué les esprits. Ils sont désormais en règle.

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  • Dans une tentative apparente de complaire à Trump, deux géants de la Silicon Valley ont discrètement supprimé la Journée internationale des droits des femmes de leurs calendriers. Apple a pris cette décision sans communiqué ni annonce officielle, rapidement suivi par Google, qui a poussé la censure encore plus loin. Le moteur de recherche a également effacé de son calendrier le Mois de l’histoire des Noirs, celui de l’histoire des femmes, la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste, ainsi que les mois du patrimoine hispanique, des fiertés et du patrimoine juif américain. 

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  • Faire des applis rencontres nos espaces de sexualités, voilà le constat de l’ouvrage Ce que Grindr a fait de nous, de Thibault Lambert. Loin d’être un texte à charge, le livre étale ces moyens de découvrir qui nous sommes et de vivre nos appétits charnels sans retenue et s'attaque à un phénomène sociétal incontournable : l'impact des applications de rencontre sur la sexualité et les relations humaines. À travers une analyse approfondie et nuancée, documentée et implacable, l'auteur met en lumière les transformations engendrées par des plateformes comme Grindr, qui ont redéfini les codes de la séduction et de l'intimité.

    Thibaut Lambert, dans plusieurs interviews, explique son intention première : « j'ai voulu explorer comment ces applications, tout en facilitant les rencontres, peuvent également créer des déceptions et des frustrations. » En effet, le livre ne se contente pas de célébrer la libération sexuelle qu'apportent ces outils ; il en dépeint également les dérives. À travers des témoignages et des anecdotes, l’auteur illustre comment Grindr, tout en promettant une connexion instantanée, peut aussi exacerber l’isolement et la superficialité des interactions. L’ouvrage aborde également la question de l’identité. Lambert souligne que la plateforme est devenue un miroir des attentes sociales, où l’apparence prime souvent sur la personnalité. « Sur Grindr, la première impression est déterminée par une photo et quelques mots. Cela peut réduire la richesse des relations humaines à un simple swipe », écrit-il. Cette réflexion sur l'image de soi et l'authenticité trouve écho chez de nombreux utilisateurs qui se sentent parfois contraints de se conformer à des standards inaccessibles.

    Les enjeux de la sexualité contemporaine sont également au cœur de son analyse. En évoquant la quête de l'« instantané », Lambert note que « le désir est devenu un produit de consommation rapide, souvent sans lendemain ». Ce constat soulève des questions sur la durabilité des relations établies dans ce cadre numérique. Dans un monde où la recherche de gratification immédiate prédomine, il devient difficile de construire des liens profonds et authentiques. Enfin, Ce que Grindr a fait de nous  n’hésite pas à aborder les conséquences psychologiques de cette nouvelle ère. L’auteur évoque la montée de l’anxiété et de la dépression parmi les utilisateurs, exacerbées par les dynamiques de rejet et de compétition inhérentes à ces plateformes. « Nous vivons dans une ère où l’angoisse de la performance sociale s’invite jusque dans nos rapports intimes », alerte-t-il.

    Ce que Grindr a fait de nous offre une réflexion pertinente et nécessaire sur les implications des nouvelles technologies sur nos vies affectives. Loin d’être un simple constat, cet ouvrage invite à reconsidérer notre rapport à la rencontre, à l’identité et à la sexualité, dans un monde de plus en plus digitalisé. À travers ses pages, l'auteur nous pousse à envisager une sexualité plus consciente et authentique, loin des standards imposés par les algorithmes des applications. 

    Ce que Grindr a fait de nous – Amours et Sexualité à l’ère des applications de rencontre, de Thibault Lambert, éditions JC Lattès, Coll. Nouveaux Jours, 250 p., 20€

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