Thèmatiques
Articles | Brèves
  • Comment se fait-il que les Français soient passés à côté de ce petit bijou de série ! Un pitch simplisme : « ruinés, les quatre membres de la famille Rose, habitués à mener grand train, prennent un nouveau départ dans la petite ville déprimante de Schitt's Creek ». 
    Des riches obligés de côtoyer des pauvres bouseux de la campagne canadienne : rien de nouveau sous le soleil, mais cette satyre sociale fait mouche, avec des situations et des dialogues cinglants, particulièrement entre la mère vamp et le fils gay. 
    Toujours disponible sur Mycanal, on peut aussi la trouver en DVD ou sur des plateformes étrangères, certaines avec sous-titres. 

    Partager:

  • Ryan Murphy avait, avec l’histoire romancée de Jeffrey Dahmer (l'un des tueurs en série les plus notoires de l'histoire américaine, surnommé le « monstre du Milwaukee »), inauguré Monstres, un cycle à la fois palpitant, dérangeant et percutant autour de tueurs avant tout homosexuels parmis les plus célèbres d’Amérique.

    Cette anthologie se poursuit donc actuellement avec un second volet parmi les plus intrigants de la violence contemporaine, l'histoire de Lyle et Erik Menéndez, deux frères qui ont été condamnés en 1996 pour le meurtre de leurs parents à Beverley Hills en 1989. Là où la lenteur faisait le charme morbide et pervers de Dahmer, le rythme est ici plus soutenu. Tout comme le premier opus, les choix de Murphy de mettre en avant ces histoires sordides ont alimenté le débat autant sur la véracité des faits que l’intérêt à proprement parler de mettre en scène ces histoires si choquantes. Ryan Murphy revient sur les faits, les épluches, fait rentrer le spectateur dans la tête de ces frères parricides, leur complicité, leur psychologie, leur homosexualité incestueuse. Rien n’est épargné. Le rendu est incroyable et ne vous laissera pas de marbre.

    Pour donner suite à la diffusion depuis le 29 septembre, Netflix vient de mettre en ligne un documentaire de deux heures qui donne la parole à Erik et Lyle Menéndez, incarcérés depuis plus de 30 ans. Force est de constater que cette mise en lumière a un effet inattendu puisque la série a amené la justice californienne à vouloir réentendre les frères le 29 novembre. Imaginez donc le troisième récit que Ryan Murphy s’apprête à livrer sur le personnage d’Ed Gein, le tueur en série et voleur et dépeceur de cadavres, à l’origine du personnage du meurtrier Norman Bates du Psychose d’Alfred Hitchcock ou encore de « Leatherface » dans Massacre à la tronçonneuse.
    La série Monstres, L'histoire de Lyle et Erik Menéndez et le documentaire Les Frères Menéndez, disponibles sur Netflix.

    Partager:

  • Le théâtre Clavel accueille encore pour quelques dates l’incontournable pièce Le Frigo du dramaturge argentin Copi, mise en scène par Nathalie Juvet avec Jérôme Léger. 

    L’univers surréaliste de l'auteur traverse lentement la membrane du temps et résonne aujourd'hui avec une humanité désespérée et une ironie mordante. Son œuvre phare, Le Frigo, qui explore la profonde faille entre la vie et la mort, se déploie comme un drapeau agité sur un champ de bataille où s'entrelacent rires et larmes.

    La pièce présente L, personnage central et emblématique, dont l’errance intérieure est exacerbée par l’arrivée d’un frigo, accessoire aussi banal que inquiétant, devenu le symbole d'un ultime repos avant la mort. Dans cette métaphore froide et sans vie, se joue la dernière danse entre l’amour, la solitude et la mort, où chaque personnage appelé par L évoque non seulement son passé tumultueux, mais aussi un parcours migrant entre réalité et fantasmagorie. Prisonnier de ses pulsions, L mène une lutte schizophrénique qui fait écho aux tragédies de son temps.

    Le sida, cette maladie étiquetée de « cancer gay » par une société ignare et homophobe, flotte dans l'air comme une menace omniprésente. Copi nous invite alors à réfléchir sur cette quête de liberté, sur les abîmes de la solitude, sur l’approche de la mort, mais également sur la résilience des âmes vivantes. Son message est intemporel : même si les mères restent abusives et que la solitude s’enracine, il nous rappelle que l’essence humaine demeure dans la capacité à rire, même au bord du gouffre. Une invitation à affronter l’inéluctable sans jamais renoncer à l’audace, au décalage et à la petite mort, celle de l’oubli. 
    Le Frigo de Copi au Théâtre Clavel, les 16, 23 et 30 octobre 2024 à 21h.
    Infos ici.

    Partager:

  • Depuis de nombreuses années, cette salle d’art et d’essai programme des oeuvres de qualité, souvent LGBTQIA+. La spéculation immobilière pourrait avoir raison de ce lieu culturel alternatif. Les propriétaires des murs ne souhaitent pas renouveler le bail locatif, peut-être pour en faire une énième boutique de fringues qui gangrène le quartier, le transformant en centre commercial de luxe et tuant à petit feu la vie de quartier. La mairie apporte son soutien, si vous voulez apporter votre petite pierre à l’édifice, signez la pétition.
    https://linktr.ee/luminormenac

    Partager:

  • La 8ème édition du festival du film LGBT+ aura lieu du 9 au 13 octobre. Au programme, des films venant de France, Espagne, Grande-Bretagne, Suisse, Finlande, mais aussi des USA, du Brésil, de Géorgie et du Nigéria. Autour des projections, sont prévus des débats, rencontres, soirées. De très très belles oeuvres sont à découvrir en première projection départementale, notamment au cinéma perpignanais le Castillet, mais aussi au Mémorial du camp de Rivesaltes, symbole des minorités opprimées.

    Infos : www.facebook.com/CentreLgbt66.

    Partager:

  • Strasbourg : Femingouin’fest

    exposition, théâtre

    C’est parti pour ce festival du film lesbien, féministe et queer strasbourgeois. Cette année encore, l’éclectisme est au rendez-vous : en plus d’une sélection cinéma, on pourra profiter d’apéromix, astrobingo, stand up, etc. Du 4 au 13 octobre, principalement au cinéma le Cosmos, 3 rue des Francs Bourgeois.

    Infos ici.

    Partager:


  • Le théâtre Tristan Bernard présente à Paris pour la première fois la pièce “La Nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé”, du canadien Michel Marc Bouchard, adaptée en série par Xavier Dolan en 2022. Un texte choc joliment servi par des comédien.nes et une mise en scène impeccables.

    Que s’est-il passé cette fameuse nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé? C’est le mystère au cœur de la pièce du canadien Michel Marc Bouchard, présentée actuellement au Théâtre Tristan Bernard, à Paris. La pièce débute avec le retour de Mireille, une célèbre thanatopractrice, dans sa petite ville natale du Québec, suite au décès de sa mère. Elle retrouve ses frères, qu'elle n'avait pas vus depuis des années, autour de la table où la matriarche reçoit les soins funéraires. C’est dans cette pièce que les secrets de famille et les traumas vont exploser au grand jour. 

    Dans cette ambiance à la Six Feet Under, les dialogues font mouche à chaque coup, que ce soit dans le registre de l’humour ou du drame. Car si la noirceur imprègne forcément toute la pièce — difficile d’être toujours dans la légèreté avec un cadavre au milieu des protagonistes, elle est régulièrement éclipsée par les sourires ou les rires, souvent provoqués par Chantal, la belle-sœur au franc parler pas toujours très à propos, ou Elliot, le petit frère borderline. Pour porter ce texte exigeant de Michel Marc Bouchard, il fallait une distribution solide ainsi qu’une mise en scène impeccable, et c’est le cas ici. La tension monte petit à petit jusqu’aux révélations finales qui vont vous glacer dans votre siège. 

    On comprend aisément dès lors pourquoi Xavier Dolan a tenu à adapter La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé pour le petit écran, après avoir brillamment porté au cinéma Tom à la Ferme, du même auteur. Mensonges, familles dysfonctionnelles, homophobie intériorisée, rédemption, les thèmes qui traversent l’oeuvre de Michel Marc Bouchard, à qui on doit également Les Feluettes (adaptée au cinéma en 1996 par John Greyson), font largement écho à ceux réalisateur/scénariste de Mommy ou Laurence Anyways explore dans ses films. L’excellence québécoise, dont on aurait tort de se priver, à la télé, au cinéma ou au théâtre.  

    La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé, de Michel Marc Bouchard, au Théâtre Tristan Bernard à Paris, du mardi au vendredi à 21h et le samedi à 16h et 21h

    Photo: Fabienne Rappeneau

    Partager:

  • Bêtes curieuses

    L’adolescence est une période de la vie aussi particulière qu’ambiguë. Ni gamin, ni adulte, on se retrouve coincé entre la perte d’innocence des premières années et le sentiment de ne pas être compris de nos ainés. 

    Dans Les belles Créatures, du réalisateur islandais Guðmundur Arnar Guðmundsson, nous suivons Addi, un jeune de 14 ans qui prend sous son aile Balli, un garçon introverti, victime de harcèlement. Son entrée dans sa bande va le confronter à un style de vie chaotique, avec cette horde livrée à elle-même qui se complait dans des échanges ponctués par la violence et la brutalité. Les choses s’enveniment. Mais Addi qui a été élevé par une mère qui à la capacité de voir l’avenir dans les rêves, commence à son tour à vivre une série de visions oniriques. Est-ce que ces prémonitions lui permettront de trouver une voie de sortie, là est la question.

    Dans ce récit poétique, onirique et plein de fougue, c’est l’idée d’amitié qui est explorée. Les liens qui se nouent entre Addi et Balli mettent en exergue le trouble qui naît entre deux individus. Les sentiments sont mis à rude épreuve. On se questionne sur l'évolution de la relation entre les deux protagonistes, l’importance que l’un a pour l’autre, sa légitimité, sa profondeur et les affinités qui en découlent. 

    Derrière le hurlement sourd de cette jeunesse en perdition et en quête de repères, on assiste à la naissance d’une relation bien plus forte qu’il n’y paraît. C’est à la fois touchant, sensible et puissant.

    A découvrir en salle à partir du 25 septembre.

    Partager:

  • Le 24ème festival de cinéma se déroulera du 25 septembre au 12 octobre. Des œuvres de qualité seront présentées dans 6 cinémas de la ville et sa région. Comme toutes les années, vous pourrez donner votre avis sur les films à l’issue de chaque séance. Les avis recueillis permettront de désigner les Prix du Public. Les résultats seront proclamés lors de la séance de clôture le 6 octobre.

    vuesdenface.com

    Partager:

  • « Je veux du temps, de l’argent, une liberté de mouvement et une liberté de création. Le travail du sexe est une réponse. Le travail du sexe peut être délibérément choisi », écrit Déborah Costes dans son premier roman intitulé Reprendre corps, aux éditions Globe. Rentrer dans ce livre, c’est accepter d’emblée de se prendre à pleine volée une gifle monumentale. Racontée à la première personne, on file la vie de Déborah, une jeune adulte pas encore la trentaine, qui raconte son parcours dans la « puterie », comprenez la prostitution.

    Fatigué d’une lutte permanente contre une maladie qui tait ses origines, elle décide d’arrêter ses études. De retour chez son père, elle se confronte à une précarité si grande que le seul moyen qu’elle trouve pour s’en sortir est de vendre son corps. Elle use de ses charmes pour commencer derrière un écran en mode Camgirl, puis en tant qu’escorte et enfin en dominatrice. De cette évolution dans le milieu du sexe monnayable, ce récit tonne comme une nécessité absolue, celle d’un déballage public pour se libérer d’un poids, assumer ses choix, les expliquer et reprendre enfin possession de son corps.

    176 pages écrites qui défilent à toute vitesse dans un style haletant, rempli de fureur et d’urgence qui au fil du temps, gagne en confiance, en estime de soi et en maturité. Ce chemin introspectif permet à l’autrice de prendre toujours plus de recul sur sa situation et d’analyser le statut de prostituée. Elle déconstruit sa manière d’être, ainsi que celle de ses proches, des clients, des anonymes. Elle déchiquette sans gêne tous les pans de son métier, dans les moindres détails, de la honte aux clichés, du tabou au silence en passant par les fantasmes et l’âpreté de la réalité qui se donne. On l’accompagne à chaque instant. Ce romain nous tient en haleine grâce une présentation poignante et cabossée, martelée de fêlures et lacérée d’interrogations sur la parole des travailleuses du sexe au cœur d’une société patriarcale anxiogène. Sans concession, lucide, sincère de bout en bout et à la fois intimidant et glaçant, la vérité tombe avec violence.

    Reprendre corps de Déborah Costes, Ed. Globe 176 pages, 17€

    Partager: