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  • Jusqu’au 21 septembre 2025, le Grand Palais Immersif propose Clubbing, une exposition immersive retraçant l’histoire mondiale de la culture nocturne et des clubs. Conçue par Pierre Giner, en collaboration avec le collectif Trafik et Poptronics, cette expérience de 1 200 m² mêle technologie, musique, art et participation active pour plonger le public dans l’univers vibrant des nuits électroniques.

    L’objectif : faire découvrir l’évolution des clubs, de l’underground à la scène mainstream, via un parcours interactif. Dès l’entrée, les visiteurs sont accueillis par une enseigne lumineuse et un videur emblématique, évoquant l’ambiance mythique des dancefloors. Plusieurs espaces thématiques retracent des lieux emblématiques comme le Studio 54, le Berghain, Hacienda ou le Palace, chacun doté d’expériences interactives.

    Un moment fort est Bergaintrainter, une vidéo interactive où le visiteur doit franchir les portes du Berghain en dialogue virtuel avec un videur numérique. Son destin nocturne dépend de ses réponses et mouvements, incarnant la fascination et l’exclusion mythiques du lieu, tout en offrant une immersion ludique entre réel et virtuel.

    On the beat

    Les participants peuvent créer leur avatar, habillé par la styliste Maroussia Debeck, et explorer la Galerie des Styles de la Nuit, une vitrine de looks emblématiques : hip-hop, disco, club kids, voguing ou gabber. Ces codes vestimentaires, porteurs d’identités culturelles, sont mis en scène lors de défilés virtuels.

    L’exposition donne également la parole aux acteurs de la scène : musiciens, DJs, artistes et chercheurs comme Dave Haslam ou Etienne de Crécy, qui livrent leur témoignage sur l’évolution musicale et culturelle des clubs. Des performances sonores live, projections vidéo et défilés d’avatars créent une atmosphère de fête continue au sein d’un dancefloor numérique.

    Vibrer de plaisir

    Les créations artistiques innovantes abondent : « Espectres » de Playmodes, une installation générative mêlant images et sons, ou « Stropboscope » de Bruno Ribeiro, hommage aux rave parties des années 2000. La collaboration avec James Richton de Shock Machine donne naissance à « Release », une œuvre explorant la danse improvisée et la liberté du mouvement.

    RINSE occupe aussi une place essentielle, symbolisant la résistance sonore et la construction communautaire par la musique dans des espaces informels. La playlist officielle, composée de 200 morceaux sélectionnés par le pionnier du DJing Patrick Vidal, permet d’emporter chez soi l’énergie de la fête.

    Clubbing s’impose ainsi comme un festival sensoriel, célébrant la nuit, la danse et la créativité collective qui fera écho à ceux et celles qui sont allé.es découvrir l’expo « Disco, I’m coming out » à la Philharmonie de Paris (lire le Disco dans la peau). Une occasion unique de (re)découvrir un mouvement culturel toujours vivant, tout en proposant une expérience ludique, immersive et participative pour tous les passionnés de musique et de fête. La nuit n’attend plus que vous.

    Infos ici.

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  •  Le jury présidé par le cinéaste et auteur Christophe Honoré a décerné La Queer Palm 2025 à la petite Dernière, de Hafsia Herzi. L'interprète principale du film, Nadia Melliti a également obtenu le Prix d'interprétation féminine du Festival. 

    Cannes, c’est déjà fini — le Festival, s’entend. Et comme chaque année, le rendez-vous annuel du cinéma international s’est terminé avec l’attribution des Prix. Il y a les prix officiels bien sûr, mais aussi ceux qui ne le sont pas tout à fait, comme la Queer Palm, le prix qui récompense le cinéma queer depuis maintenant 15 ans (Lire : La Queer Palm a 15 ans, plus folle la croisette ! )  

    Cette année, le jury présidé par le cinéaste et auteur Christophe Honoré a décerné La Queer Palm à… La petite Dernière, de Hafsia Herzi. Le film français succède à Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde. La petite Dernière est une adaptation du roman du même nom de Fatima Daas, paru en 2020. Il raconte la vie de Fatima, fille cadette d’une famille d’immigrés algériens, qui grandit en banlieue parisienne. Alors qu’elle entre dans l’âge adulte, celle-ci prend peu à peu conscience de son attirance pour les femmes, ce qui la met en porte à faux avec sa famille, sa foi et elle-même. 

    Le film a également obtenu la reconnaissance du prix officiel, puisque le jury présidé par Juliette Binoche a décerné le prestigieux Prix d'interprétation féminine à Nadia Melliti (photo), qui y tient le rôle principal. Une raison supplémentaire d'aller découvrir le film sur les écrans à partir du 1er octobre prochain.  

    La Queer Palm du court métrage 2025 a quant à elle été décernée à Ananth Subramaniam pour Bleat

     

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  • Chroniqueuse à Quotidien, Ambre Chalumeau signe un premier roman nerveux, porté par une écriture incisive. Les Vivants raconte l’histoire d’une bande d’amis confrontée aux épreuves de la vie, entre illusions perdues et liens indéfectibles. Dans ce portrait générationnel, les émotions valsent et le regard affûté de l’autrice donne à ce texte un vrai charme.

    Autant le dire tout de suite : ce n’est ni un simple livre de chroniqueuse télé ni le roman attendu d’une ex-étudiante brillante passée par les classes préparatoires. Ou du moins, pas seulement. Car ce texte possède deux qualités rares dans la production française contemporaine : du rythme et un sens de la formule qui tue. Lors des premières pages, on croit lire un roman d’initiation classique : une bande de jeunes qui se connaissent depuis l’enfance arrivent au seuil de l’âge adulte avec leur lot de doutes et de rêves écorchés. Très vite, ça change de braquet : l’autrice frôle parfois la satire, notamment dans la peinture des parents, figures tiraillées entre oubli de soi et égocentrisme.

    Au centre du récit, un personnage gay, plongé dans le coma, devient malgré lui objet d’étude, de soins, d’attentions prodigués par la bande. Les fragilités, les blessures mal refermées sont mises à nu. Chacun se redécouvre et tente de donner un sens au tumulte. 

    C’est émouvant, parfois amusant. On se laisse emporter, surprendre et l’on referme le livre avec l’envie de lire… le second roman de l’autrice.

    Les Vivants de Ambre Chalumeau, Ed. Stock, 20,90€.

    Crédit photo Dorian Prost.

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  • À 85 ans, Edmund White, figure emblématique de la littérature queer, dévoile ses souvenirs érotiques dans The Loves of my life », un ouvrage uniquement disponible pour le moment dans la langue de Shakespeare qui s'impose comme un témoignage vibrant et audacieux de sa vie d'homosexuel. Dans ces mémoires, White explore plus de soixante ans de liberté sexuelle, de rencontres aventureuses et de réflexions sur l'amour, le sexe et la perte.

    Dès les premières pages, le lecteur est plongé dans un récit où l'honnêteté et l'irrévérence sont les maîtres mots. White se remémore ses escapades, passant des années 50 dans le Midwest aux nuits effrénées de New York. « Bien que j'aie un petit pénis… », écrit-il, inaugurant chaque souvenir par une confession aussi touchante que drôle. Le ton léger contraste avec la mélancolie qui imprègne ses réflexions sur une vie d'amours souvent éphémères et de désirs inassouvis. Les critiques anglophones s'accordent à saluer l'œuvre. John Irving décrit les mémoires comme un roman émouvant et drôle, tandis que Robert Jones, Jr. évoque un témoignage brut débordant de sagesse transgressive. À travers ces pages, White ne se contente pas de relater des anecdotes, il brosse un portrait indélébile de l'histoire queer américaine, naviguant entre le sexe transactionnel, les relations ouvertes et les combats de l'époque de Stonewall.

    Des expériences indélébiles

     La réflexion sur sa sexualité est empreinte d'un regard critique. White se questionne : « pourquoi ces souvenirs demeurent-ils ancrés dans ma mémoire ? » Il évoque les hommes de sa vie avec tendresse, mais n'hésite pas à juger ses propres choix, souvent qualifiés de « comiques et inutiles ». Cette dualité entre fierté et regret rend son récit d'autant plus poignant. Dans un monde où le personnel est politique, The Loves of my life s'inscrit comme un document fascinant, offrant un aperçu de la culture queer à travers les décennies. Avec une plume acérée et une sensibilité rare, White nous convie à une exploration intime de l'amour sous toutes ses formes, célébrant la vie dans toute sa complexité. Ce livre s'affirme comme une lecture essentielle pour quiconque s'intéresse à l'histoire de la sexualité et à la lutte pour la reconnaissance des droits LGBTQ+. Un chef-d'œuvre qui, sans aucun doute, marquera les esprits.

    The Loves of my life, d’Edmund White, Bloomsbury Editing, 256 pages, 23,19€

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  • La rencontre qui vous attend va autant faire chavirer vos âmes que toucher vos cœurs. Écrit par Lili Miller et illustré par Zoé Crevette, Prelude of a Queen, est un conte musical qui résonne comme une libération. Abordant avec délicatesse des thèmes essentiels tels que l'identité, la diversité et l'acceptation de soi, cette œuvre offre une lecture riche en émotions et en couleurs préfacé par la célèbre drag queen Lova Ladiva.

    L'histoire suit Ugo, un enfant né un jour d'arc-en-ciel, dont le corps se pare de plumes colorées à mesure qu'il grandit. Ces plumes, symboles de sa véritable identité, sont arrachées par sa mère pour qu'il se conforme aux normes sociales. Au-delà du texte et des illustrations d’uen poésie immense, ce conte musical est accessible grâce à trois morceaux via des QR codes intégrés, qui confère à l’ensemble une expérience immersive qui enrichit la lecture.

    La métamorphose

    « Les plumes d’Ugo symbolisent les transformations physique et spirituelle », explique l’autrice, soulignant ainsi la métaphore de la recherche de soi. Ugo, confronté au harcèlement et aux moqueries, incarne la résilience face à l'adversité. Malgré la douleur de l’isolement, il découvre que l'acceptation de soi est la clé de sa victoire.  Avec ses illustrations somptueuses et son texte poignant, Prelude of a Queen se veut un véritable hymne à la diversité, célébrant les parcours singuliers de chacun. Cet album, à la fois bouleversant et inspirant, invite les jeunes lecteurs à embrasser leur unicité et à rêver sans limites. « Pourquoi ne pas accepter de laisser son corps voguer vers sa liberté ? », s'interroge Miller, lançant un message fort d'acceptation et de célébration de soi. « On ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux », l’une des plus belles citations extraites du Petit Prince d’Antoine de Saint Exupéry résonne dans l’intégralité de cette somptueuse création. 

    Prélude of a Queen est une révélation, un hymne à la beauté des différences. 

    Prélude of a Queen, de Lili Miller et Zoé Crevette, Ed Eidola, 36 p, 22€.

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  • Il y a des esprits inspirants. Ian McKellen, l’interprète de Gandalf dans l’adaptation au grand écran de l’ouvrage de Tolkien, Le Seigneur des Anneaux invite les acteurs hollywoodiens à faire leur coming out en expliquant sur BFMTV qu’« être dans le placard, c’est stupide. Il n’y a aucun besoin d’y rester ». La carrière de ce comédien britannique montre qu’il est tout à fait possible d’être ouvertement gay et d’être dans de belles productions. La preuve, il a été annoncé au casting du prochain Avengers : Doomsday, des frères Russe où il reprendra du service en Magneto aux côtés de Patrick Steewart, qui sera quant à lui Charles Xavier.

    Crédit photo : Gage Skidmore.

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  • Alors que le mois des fiertés 2025 approche, et que les deux géants des Comics US DC Comics et Marvel aiment à le célébrer, la montée des attaques contre les communautés LGBT+ et les tentatives d'effacement de personnages inclusifs, rendent de plus en plus fébrile et l'inquiétude est de plus en plus palpable. Malgré tout, Marvel se prépare à sortir un numéro spécial intitulé Marvel United : a Pride Special #1, qui mettra en avant des personnages et des équipes créatives issus de la diversité. 

    Ce recueil d'histoires courtes, réalisé par des créateurs LGBT+, offrira une variété de récits. Parmi eux, Al Ewing et Kei Zama revisiteront Aaron Fischer, le Captain America LGBT, tandis qu'Anthony Oliveira et Pablo Collar plongeront dans le passé avec une aventure de Captain America face à Hydra, un rappel des luttes contemporaines. Wyatt Kennedy et Bayleigh Underwood exploreront la romance entre Mystique et Destiny. Enfin, Zoe Tunnell et Federica Mancin proposeront une histoire palpitante impliquant Black Cat et Sera. 

    Des artistes renommés, comme Jan Bazaldua et Ernanda Souza, réaliseront les couvertures, ajoutant une touche visuelle percutante. 

    La sortie de cette anthologie est prévue pour le 4 juin 2025, sorte de baroud d'honneur pour les valeurs d'inclusion et de représentation. 

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  • Après avoir décidé de suspendre la publication de l’ouvrage collectif Face à l’obscurantisme woke, prévu pour le 9 avril, les Presses universitaires de France (PUF) ont revu leur copie et le publieront le 30 avril selon une lettre aux contributeurs, que Libération a pu consulter.  Cette décision de retrait, confirmée à l’origine par l’éditeur à Franceinfo, repose sur l’évaluation du contexte politique national et international actuel, jugé incompatible avec un accueil serein du livre. Les PUF soulignent que le projet, conçu il y a plus de deux ans, a été impacté par des financements controversés provenant du milliardaire catholique Pierre-Edouard Stérin, connu pour son engagement en faveur de la droite traditionaliste.

    Le livre se voulait une alerte sur la montée des idéologies décoloniales et des théories de la race et du genre au sein des disciplines académiques. L’éditeur a également exprimé des réserves concernant certains auteurs liés à l’Observatoire d'éthique universitaire, réputé pour ses critiques du wokisme dans le milieu universitaire. Ce dernier a récemment reçu des financements dans le cadre du « projet Périclès », visant à renforcer la présence de la droite radicale dans le paysage culturel.

    Pierre Vermeren, l’un des directeurs de l’ouvrage, a dénoncé une forme de censure préventive, soulignant que le texte n'avait pas encore été diffusé et que plusieurs éditeurs avaient manifesté leur intérêt pour sa publication. 

    Dans un contexte international où la lutte contre le « wokisme » est instrumentalisée pour restreindre la recherche, notamment aux États-Unis, PuF montre son indépendance et la liberté d’expression qui est au cœur du débat académique.

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  • Avec plus de 300 millions d'exemplaires vendus et traduit en 600 langues, Le Petit Prince, ouvrage intemporel continue de captiver les lecteurs du monde entier. Depuis le 11 avril, l'Atelier des Lumières à Paris accueille une exposition immersive inédite dédiée au chef-d'œuvre d'Antoine de Saint-Exupéry.

    L'exposition, qui a déjà rencontré un franc succès au Bassin des Lumières de Bordeaux, promet d'immerger les visiteurs dans l'univers poétique du Petit Prince. Les murs et le sol de l’Atelier seront transformés en un véritable tableau vivant, où les aquarelles de Saint-Exupéry prendront vie. 

    Les visiteurs auront l'opportunité d'explorer des paysages oniriques, de la traversée du désert aux rencontres avec roses, renards et serpents. « Tu seras pour moi unique au monde », comme le dit si bien le Petit Prince à sa rose, reflète l'expérience unique que cette exposition promet d'offrir.

    Un voyage au pays des rêves

    Cette création, fruit de la collaboration avec la Succession Antoine de Saint-Exupéry, mettra en avant non seulement les mots de l'auteur mais également son imagination débordante. Grâce à une technologie de pointe, les projections vidéo et le son spatialisé créeront un environnement à 360°, garantissant une immersion totale. « Ici, la technologie ne se contente pas d’impressionner : elle disparaît au profit d’une immersion totale », soulignent les organisateurs. Une invitation au merveilleux, au poétique, à l’émerveillement, qui s'adresse à tous les rêveurs, petits et grands, offrant une aventure collective riche en émotions. Laissez-vous happer par les thèmes universels de l'œuvre : l'amitié, l'amour et la quête de sens.

    A l'Atelier des Lumières - 38 rue Saint Maur, 75011 Paris.

    Infos et billetterie : https://lepetitprince.atelier-lumieres.com

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  • « Je pense que certains trouverons cela bizarre et surprenant, mais on peut être gay et maghrébins », déclare Tom Prezman, le réalisateur de Maurice’s Bar, un court-métrage diffusé dans le cadre de la fête du court sur Arte. Il n’est pas facile d'entrer dans les livres d'Histoire quand on est juif algérien, gay et créateur d'un des premiers bars queer de Paris. Voilà pourquoi, Tom Prezman et son acolyte Tzor Edery nous proposent de découvrir un personnage dont peu se souviennent. Et pourtant, l’histoire qui nous est contée en 15 minutes, sort des radars. En 1942, dans un train vers nulle part, une ancienne drag-queen se remémore une nuit passée dans l’un des premiers bars queers de Paris. Mais comment faire pour narrer l’inconnu. 

    Les deux créateurs de génie ont pris le parti de laisser les échos des ragots des clients raconter ce bar légendaire et son mystérieux propriétaire. Derrière un récit entièrement imaginé, nous plongeons dans un monde entièrement dessiné aux effets de gravures animées, à la découverte de  Moïse Zékri. Ce nom ne vous dit peut-être rien, mais ce parfait inconnu, tatoué, homosexuel et venant d’Afrique du Nord a ouvert un établissement où l’on est soi-même en 1906 à Paris. 

    Cet éclairage artistique et historique sur un des nombreux invisibilisé.e.s.x de notre patrimoine collectif est un petit chef d'œuvre à découvrir de toute urgence. 

    Disponible gratuitement avant le 10 mai 2025 dans l’émission Court-circuit « Fête du Court » du 23/03/2025  sur arte.fr

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  • Queer : une quête de connexion

    cinema, Littérature-Librairie

    Dans « Queer » de William S. Burroughs, nous sommes invité.e.s à suivre Lee, un personnage en quête de sens. À travers ses réflexions et ses rencontres, l’auteur explore le désir humain et la souffrance.

    Burroughs présente Lee comme quelqu’un d’autodestructeur, « désespérément avide de contact », mais aussi perdu dans ses doutes sur lui-même et sur ce qui le pousse à agir. On le voit ainsi s’efforcer « d’établir un contact tacite » pour créer une relation intime avec un certain Allerton. Mais malgré ses efforts, leur connexion demeure fragile. Chaque échec de leur rapprochement est vécu comme une souffrance pour Lee, une douleur qui semble « trancher l'âme » ce qui le blesse, « comme si son cœur saignait ».  L’auteur montre ainsi l’incapacité de Lee à se comprendre, sans le miroir de l’autre et avec pour risque d’engendrer une souffrance intérieure. Au point de s’y perdre ?

    Le voyage intérieur

    Le voyage de ce duo, à travers le Mexique des années 1940, en quête de Yage, symbolise le voyage intérieur du personnage. Lee croit que ce déplacement pourra réinventer sa relation. Mais son obsession de façonner la réalité, l’éloigne de ce qu’il vit : « je pourrais peut-être découvrir un moyen de refaçonner le réel à ma convenance ». Burroughs nous montre que vouloir tout contrôler peut devenir oppressant mais accepter la réalité est la clé pour accéder à la sérénité. Une interprétation qui a été approfondie sur grand écran et qui capture, en images, cette lutte intérieure.

    Film et Roman : mêmes quêtes, différentes perspectives

    On imagine que l’adaptation cinématographique de Queer permettra de capter un peu plus l’essence de du livre et de mieux l'appréhender en offrant une mise en scène et des silences qui en disent autant que des dialogues. C’est aussi un hommage visuel avec Daniel Craig, connu pour ses rôles de personnages durs (notamment dans les films de James Bond), qui apporte une dimension particulière à ce rôle. Le roman de Burroughs donne un ressenti d’avant-garde pour l'époque, dans sa vision des relations humaines et du désir. Et là où le roman permet une immersion forte, le film donne un autre regard sur cette histoire.

    Créer des liens

    Queer n’est pas qu’une quête romantique mais une réflexion sur la dépendance et le désir. Dans l’univers troublant de Lee, Burroughs ne nous livre pas de réponses toutes faites, mais nous met face à l’imperfection des relations. Peut-être que la vraie question n'est pas de trouver l'amour, mais de voir comment ces rencontres, parfois difficiles, nous aident à évoluer dans notre vie.

    Queer de William S. Burroughs, Ed.  Satellites, 9€

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