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  • Sortie le 2 juillet en salles, les Amants astronautes de Marco Berger est une douceur solaire et subtile qui explore avec finesse les frontières du désir et de l’identité. 

    Au cœur d’un été argentin, le réalisateur, maître dans l’art de brouiller les pistes entre hétérosexualité et homosexualité, met en scène une rencontre d’amitié d’enfance entre Pedro, un jeune homme gay, et Maxi, soi-disant hétéro. Leur jeu de séduction, léger et plein d’humour, devient peu à peu une quête de vérité intérieure, un chemin vers l’acceptation.

    Le réalisateur Berger, fidèle à ses thèmes de prédilection, mêle comédie romantique et réflexions sur la fluidité sexuelle, évitant tout manichéisme pour révéler la complexité des sentiments. La mise en scène épurée, sans artifices, capte la complicité palpable entre les deux acteurs, Lautaro Bettoni et Javier Oran, dont l’alchimie donne vie à cette histoire à la fois drôle, sexy et émouvante. Si la fin laisse un peu perplexe, avec une conclusion moins maîtrisée, l’ensemble reste un remarquable portrait de la tendresse masculine, portée par une narration sincère et sensible.

    Un très agréable moment dans lequel Berger continue ainsi à déconstruire les normes sociales, offrant un film où le désir, la friendship et la vérité cohabitent en toute liberté. Un film à voir, qui confirme tout le talent de cet auteur engagé, à la fois militant et poétique.

    Julien Claudé-Pénégry
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  • Baby, film brésilien poignant, raconte l’histoire d’un jeune homme né du mauvais côté du trottoir, condamné à une vie difficile. Sorti de prison, il est rapidement contraint par un dealer à vendre de la coke et à faire l’escort. Mais l’arrivée d’un autre escort, père de deux enfants, lui offre une lueur d’espoir. Grâce à l’amour, à la solidarité d’une communauté de danseurs de rue, Baby pourrait enfin s’en sortir. La réalisation, d’une finesse rare, mêle poésie et grâce latino-brésilienne, contrastant la sordide réalité du pays — machisme, corruption, violence — avec une solidarité porteuse d’espoir.

    Ce film de Marcelo Caetano (interview dans Strobo # 39) dépeint aussi le besoin d’appartenance, la quête de reconnaissance, dans une fresque complexe et humaine. Les personnages, sans jugement, captivent, révélant l’âme profonde du Brésil actuel. Véritable bijou cinématographique, Baby est un récit vibrant, émouvant, moderne. Le DVD va vous faire chavirer.

    Julien Claudé-Pénégry
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  • Si vous n’avez pas eu le temps d’écouter sur France Culture le 22 juin un épisode passionnant de « Toute une vie » consacré à Coccinelle (1931-2006), figure emblématique de la scène parisienne et pionnière du mouvement transgenre en France, vous pouvez vous rattraper en replay.

    Nous vous en avions parlé lors de la sortie de la bande dessinée de Gloria Ciapponi Coccu-ibelle : chercher la femme (éd. La Boîte à Bulles) qui retraçait sa vie. Réalisé par Nathalie Salles et signé Camille Desombre, ce documentaire radiophonique d'une heure offre une plongée intime dans la vie de Jacqueline Dufresnoy, alias Coccinelle, qui a marqué l’histoire du cabaret et des luttes LGBTQ+.

    Femme d’exception

    Grâce aux témoignages de celles et ceux qui l’on côtoyés, et inspirés notamment Zize Dupanier son dernier époux, mais aussi Bambi, La Briochée ou encore Romain Brau, nous parcourront une vie hors du commun. Née à Montmartre, issue d’une famille ouvrière, elle se distingue très tôt par sa sensibilité et ses manières délicates, moquée sous le surnom de « Petite Princesse ». Adolescente, elle rejoint le cabaret Madame Arthur, où elle devient rapidement une étoile, prenant le nom de scène Coccinelle. En 1959, elle réalise une avancée historique en obtenant la modification de son genre sur ses papiers d’identité, malgré l’opposition législative et les traitements dégradants subis par les personnes trans à l’époque.

    Femme libre

    Son talent la propulse sur la scène mondiale, notamment à l’Olympia en 1963 avec le spectacle « Chercher la femme » Elle enchaîne tournées, films et collaborations artistiques, incarnant une icône de liberté et de glamour. Sa carrière décline dans les années 80, mais elle reste une figure emblématique, notamment à Berlin, puis à Marseille, où elle ouvre un restaurant avant de s’éteindre en 2006.

    Femme de combats

    Aujourd’hui, son nom reste peu connu du grand public, mais son héritage est indélébile. La promenade Pigalle portant son nom et sa place dans l’histoire queer illustrent la reconnaissance tardive mais sincère de son rôle de pionnière. Le documentaire de France Culture, à travers témoignages et archives, célèbre une femme de courage dont le parcours continue d’inspirer la lutte pour la visibilité et la liberté des personnes trans. Un hommage vibrant à une légende qui a su allier beauté, talent et résilience. A écouter pour mieux explorer la vie d’une personnalité exemplaire pour nos communautés. 

    www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/toute-une-vie/coccinelle-1931-2006-reine-des-cabarets-7991690

    Portrait de Coccinelle - © inconnu, avec l'aimable autorisation de Thierry Wilson

    Julien Claudé-Pénégry
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  • Etre soi chez les De Niro

    cinema

    Alors que son père a été salué par une Palme d’Honneur pour l’ensemble de sa carrière au Festival de Cannes, Ayrin De Niro, fille de Robert De Niro, a annoncé son coming-out en tant que femme transgenre dans une interview au média Them. 
    À 29 ans, elle partage son parcours marqué par les injonctions et la quête d’identité. Élevée loin des projecteurs, elle souligne que son père voulait qu’elle trouve sa propre voie, distincte de son nom. Après des années de doute, Ayrin a entamé une thérapie hormonale, inspirée par des modèles féminins forts. Son témoignage intervient dans un contexte politique tendu, la communauté trans étant visée par certains dirigeants comme Trump. Fière et déterminée, elle veut inspirer et défendre la dignité et l’acceptation de soi, affirmant : « je ne suis pas là pour plaire. Je suis là pour être moi. »

    Julien Claudé-Pénégry
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  • La saison 2 d'Arcane impressionne par sa représentation inclusive et réaliste de l’amour lesbien, un exploit rare dans le paysage médiatique. La série, qui mêle fantasy et science-fiction, dépeint avec finesse une romance entre deux femmes, Vi et Caitlyn. Leur relation, longue, sincère et aboutie, est traitée avec respect, sans clichés ni paternalisme. La série ose même montrer une séparation temporaire, puis une relation de réconfort entre deux femmes, avant de revenir à leur amour principal, illustrant la complexité des sentiments et la diversité des parcours. La fin heureuse, avec elles vivant ensemble après les événements, marque une avancée notable, tout comme la représentation de deux femmes dans une relation amoureuse. 
    Arcane ne se contente pas de faire bonne figure, elle offre une narration profonde, traitant aussi de traumatismes, de santé mentale et de conflits personnels, tout en proposant une représentation lesbienne qui, à la fois, sort des standards habituels et s’inscrit dans une réalité nuancée. Une réussite rare, qui ouvre des perspectives pour une diversité à l’écran.

    A voir ou revoir sur Netflix

    Julien Claudé-Pénégry
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  • Mariage à L.A

    Kristen Stewart et Dylan Meyer se sont mariées le 20 avril à Los Angeles, dans une cérémonie intime au Casita Del Campo, un restaurant emblématique de Silver Lake. Discrète mais chaleureuse, la fête a rassemblé 170 proches, dont Ashley Benson.

    Fiancées depuis 2021, elles avaient scellé leur amour en déposant leur licence de mariage quelques jours plus tôt. Leur relation, née sur un tournage, s’est renforcée après la séparation de Stewart avec Stella Maxwell. 
    Actrice engagée et figure LGBT+, Stewart revendique sa bisexualité. Ce mariage, simple et authentique, témoigne de leur volonté de normaliser les unions queer, loin du sensationnalisme, et d’incarner la visibilité d’une nouvelle génération.

    Julien Claudé-Pénégry
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  • Au musée d’Orsay, l’exposition L’art est dans la rue dévoile l’âge d’or de l’affiche illustrée grâce à plus de 140 pièces issues des collections de la BnF. 
    Ce fonds exceptionnel, riche de 300 000 œuvres, témoigne jusqu’au 6 juillet de la montée en puissance de la culture de masse au XIXe siècle, période où lithographie et innovation technique propulsent l’affiche dans la rue. Entre 1840 et la Grande Guerre, ces affiches colorées transforment la ville, mêlant publicité commerciale, spectacles et revendications sociales. Des maîtres comme Toulouse-Lautrec, Mucha ou Chéret façonnent un art populaire, symbole d’une société en mutation. La rue devient alors un espace d’expression politique, d’art et de vie quotidienne, où l’image s’impose comme un vecteur de changement. L’exposition, première en son genre à Paris, offre un regard saisissant sur cette époque effervescente, où l’affiche, fragile mais puissante, devient un véritable miroir de la société.
    Infos : musee-orsay.fr

    Julien Claudé-Pénégry
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  • Jusqu'au 29 juin, Nantes célèbre la communau-té LGBTQIA+ dans toute sa diversité : 6 jours de cinéma et de découvertes, avec au programme : des films inédits, des invité.e.s, plusieurs séances de courts ou moyens métrages, des petites pépites des quatre coins du monde et quelques surprises cannoises, Queer Palm oblige… Tous les événements sont concentrés au cinéma le Quatorza (3 rue Corneille).
    Infos :  instagram.com/cinepride_nantes

    Bruno De
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  • Plongez dans l’exposition électrisante Contre, mais tout contre  à la galerie Obsession, où six jeunes photographes explorent le corps masculin sous des lumières inattendues et colorées.

    Hervé Bossy, autodidacte, joue avec la transparence des plaques de verre, mêlant silhouettes d’Etna et personnages.

    Javier Hirschfeld Moreno insuffle de l'humour dans un collage entre cartes anciennes et profils Grindr.

    Andràs Ladocsi sublime la sensibilité du corps en fusionnant couleur et portrait.

    Riccardo Olerhead orchestre ses images avec précision, tandis que Enzo Tonati manipule la lumière pour sculpter et étirer les corps, évoquant la peinture.

    Léo Woo transforme ses modèles en poésie vivante, entre chant et nature.

    Créée par deux passionnés, la galerie Obsession défie les tabous avec une sélection audacieuse d’artistes engagés. Une ode à la masculinité brute et sensuelle, révélée à travers un regard neuf et vibrant.

    Jusqu'au 5 juillet 2025.
    Infos : galerie-obsession.com

    Julien Claudé-Pénégry
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  • Jusqu’au 21 septembre 2025, le Grand Palais Immersif propose Clubbing, une exposition immersive retraçant l’histoire mondiale de la culture nocturne et des clubs. Conçue par Pierre Giner, en collaboration avec le collectif Trafik et Poptronics, cette expérience de 1 200 m² mêle technologie, musique, art et participation active pour plonger le public dans l’univers vibrant des nuits électroniques.

    L’objectif : faire découvrir l’évolution des clubs, de l’underground à la scène mainstream, via un parcours interactif. Dès l’entrée, les visiteurs sont accueillis par une enseigne lumineuse et un videur emblématique, évoquant l’ambiance mythique des dancefloors. Plusieurs espaces thématiques retracent des lieux emblématiques comme le Studio 54, le Berghain, Hacienda ou le Palace, chacun doté d’expériences interactives.

    Un moment fort est Bergaintrainter, une vidéo interactive où le visiteur doit franchir les portes du Berghain en dialogue virtuel avec un videur numérique. Son destin nocturne dépend de ses réponses et mouvements, incarnant la fascination et l’exclusion mythiques du lieu, tout en offrant une immersion ludique entre réel et virtuel.

    On the beat

    Les participants peuvent créer leur avatar, habillé par la styliste Maroussia Debeck, et explorer la Galerie des Styles de la Nuit, une vitrine de looks emblématiques : hip-hop, disco, club kids, voguing ou gabber. Ces codes vestimentaires, porteurs d’identités culturelles, sont mis en scène lors de défilés virtuels.

    L’exposition donne également la parole aux acteurs de la scène : musiciens, DJs, artistes et chercheurs comme Dave Haslam ou Etienne de Crécy, qui livrent leur témoignage sur l’évolution musicale et culturelle des clubs. Des performances sonores live, projections vidéo et défilés d’avatars créent une atmosphère de fête continue au sein d’un dancefloor numérique.

    Vibrer de plaisir

    Les créations artistiques innovantes abondent : « Espectres » de Playmodes, une installation générative mêlant images et sons, ou « Stropboscope » de Bruno Ribeiro, hommage aux rave parties des années 2000. La collaboration avec James Richton de Shock Machine donne naissance à « Release », une œuvre explorant la danse improvisée et la liberté du mouvement.

    RINSE occupe aussi une place essentielle, symbolisant la résistance sonore et la construction communautaire par la musique dans des espaces informels. La playlist officielle, composée de 200 morceaux sélectionnés par le pionnier du DJing Patrick Vidal, permet d’emporter chez soi l’énergie de la fête.

    Clubbing s’impose ainsi comme un festival sensoriel, célébrant la nuit, la danse et la créativité collective qui fera écho à ceux et celles qui sont allé.es découvrir l’expo « Disco, I’m coming out » à la Philharmonie de Paris (lire le Disco dans la peau). Une occasion unique de (re)découvrir un mouvement culturel toujours vivant, tout en proposant une expérience ludique, immersive et participative pour tous les passionnés de musique et de fête. La nuit n’attend plus que vous.

    Infos ici.

    Julien Claudé-Pénégry
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  •  Le jury présidé par le cinéaste et auteur Christophe Honoré a décerné La Queer Palm 2025 à la petite Dernière, de Hafsia Herzi. L'interprète principale du film, Nadia Melliti a également obtenu le Prix d'interprétation féminine du Festival. 

    Cannes, c’est déjà fini — le Festival, s’entend. Et comme chaque année, le rendez-vous annuel du cinéma international s’est terminé avec l’attribution des Prix. Il y a les prix officiels bien sûr, mais aussi ceux qui ne le sont pas tout à fait, comme la Queer Palm, le prix qui récompense le cinéma queer depuis maintenant 15 ans (Lire : La Queer Palm a 15 ans, plus folle la croisette ! )  

    Cette année, le jury présidé par le cinéaste et auteur Christophe Honoré a décerné La Queer Palm à… La petite Dernière, de Hafsia Herzi. Le film français succède à Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde. La petite Dernière est une adaptation du roman du même nom de Fatima Daas, paru en 2020. Il raconte la vie de Fatima, fille cadette d’une famille d’immigrés algériens, qui grandit en banlieue parisienne. Alors qu’elle entre dans l’âge adulte, celle-ci prend peu à peu conscience de son attirance pour les femmes, ce qui la met en porte à faux avec sa famille, sa foi et elle-même. 

    Le film a également obtenu la reconnaissance du prix officiel, puisque le jury présidé par Juliette Binoche a décerné le prestigieux Prix d'interprétation féminine à Nadia Melliti (photo), qui y tient le rôle principal. Une raison supplémentaire d'aller découvrir le film sur les écrans à partir du 1er octobre prochain.  

    La Queer Palm du court métrage 2025 a quant à elle été décernée à Ananth Subramaniam pour Bleat

     

    Xavier Héraud
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