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  • Oubliez la passion amoureuse, estivale et déchirante du jeune Elio dans le Nord de l’Italie de Call me by your name ou le trio torride et toxique qui se déchire au fil des tournois de tennis de Challengers, le nouveau film de Luca Guadagnino est encore un cran au-dessus !

    Avec cette adaptation d’une nouvelle de William S. Burroughs, auteur-phare de la Beat Generation, le cinéaste offre à Daniel Craig le rôle de Lee, vieil homo américain qui vit sa vie de bohème au Mexique entre vapeurs d’alcool, abus de substances en tous genres et drague éperdue de jeunes hommes, souvent professionnels du sexe tarifé. A travers sa rencontre avec le jeune Eugene, lui aussi américain expatrié dans la ville de Mexico, Queer raconte la solitude de ce vieil homo, alcolo, junkie et désabusé, qui se retrouve démuni face à son désir pour ce jeune homme bien sous tous rapports.

    Guadagnino explore plus que jamais, dans ce grand film à l’esthétique renversante, les affres de la sexualité gay, des addictions et de l’obsession. La longue scène qui montre Lee, bière à la main et clope à la bouche, s’injectant sa dose, face caméra au rythme du Leave me alone de New Order est à la fois choquante, bouleversante et sublime. Collant au plus près au style déroutant et chaotique de l’écrivain qu’il adapte, il réalise avec Queer un véritable trip moite et halluciné vers un hypothétique nirvana, un film fascinant qui a tout pour devenir culte.

    Queer, un film de Luca Guadagnino avec Daniel Craig, Drew Starkey, Jason Schwartzman… En salles le 26 février.

    Crédit photo : Yannis Drakoulidis

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  • Au cœur des ténèbres. Les Galeries Montparnasse à Paris accueillent jusqu'au 11 mai une exposition itinérante unique en son genre, Serial Killer, qui invite les visiteurs à explorer l’esprit de certains des tueurs en série les plus tristement célèbres de l’histoire. Avec plus de 1 000 artefacts originaux, dont des objets personnels de figures comme Ted Bundy et Jeffrey Dahmer, cette exposition s’annonce comme un voyage fascinant dans les méandres du mal. « Âmes sensibles s’abstenir ! », prévient Art in the City.

    En effet, cette exposition, interdite aux moins de 14 ans, entraine le public dans une réalité glaçante, loin de la fiction. Les visiteurs peuvent s’attendre à découvrir des reconstitutions détaillées de scènes de crime, des dossiers d’enquêtes et des analyses psychologiques et scientifiques. « Tout est mis en œuvre pour décrypter l’énigme insondable du passage à l’acte des tueurs en série », souligne le site. On peut également explorer la psychologie des criminels via des stations de réalité virtuelle, offrant une perspective scientifique sur leur fonctionnement. Sous couvert d’un aspect ludique et avouons-le de voyeurisme de la part de ceux qui s’y rendent, Serial Killer, l’expo sert aussi un but éducatif. Démêler le vrai du faux et en apprendre davantage sur chaque cas. Du traitement des média, à l’opinion publique en passant par les professionnels de ce genre d’affaires comme la police, les avocats et plus intime avec les parcours de ces criminels, se tisse une toile complexe autour de chacun d’entre eux pour comprendre ce qui les a amenés à en arriver à produire de telles atrocités. 

    On se retrouve profiler, enquêteur, famille et victime, on pénètre littéralement dans la tête de ces meurtriers. Serial Killer propose une réflexion sur la fascination morbide que suscitent ces figures emblématiques. Une immersion saisissante et troublante. En franchissant le seuil de cette exposition, oserez-vous plonger dans l’esprit du mal ?

    Infos et billetterie ici.

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  • Après avoir brillé au festival de Cannes puis aux Golden Globes, le film de Jacques Audiard aurait bien pu rafler une mise record aux Oscars avec Emilia Perez, nommé dans pas moins de 13 catégories (meilleur film étranger et meilleure actrice pour Karla Sofia Gascon). Mais le film est terni par la résurgence d'anciens tweets racistes et islamophobes de Gascón. Parmi les messages incriminés, l’actrice avait qualifié l’islam de « foyer d’infection » et critiqué le mouvement Black Lives Matter.

    Face à la polémique, elle a présenté ses excuses, affirmant : « je ne suis pas raciste », tout en supprimant son compte sur X. Toutefois, Netflix a décidé de la retirer de sa campagne promotionnelle, une décision qui souligne la gravité de la situation. Le réalisateur français a lui aussi laché son actrice. En parallèle, Emilia Pérez est accusée au Mexique de réduire la narco-violence à des clichés, et une pétition a été lancée pour dénoncer cette représentation jugée inappropriée.

    Le 2 mars, l’Académie des Oscars devra soit célébrer une œuvre novatrice ou se distancier d’une polémique qui entache son image. 

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  • Lionel Soukaz, cinéaste avant-gardiste et fervent défenseur des luttes LGBTQIA+, est décédé le 4 février à Marseille à 71 ans. Son œuvre, débutée dans les années 1970, est une archive essentielle des combats pour l'émancipation.

    Dans son autobiographie, il évoque sa lutte contre l'homophobie et la censure. Co-réalisateur de Race d’Ep, il a utilisé le cinéma expérimental pour défendre la cause homosexuelle, suscitant l'engagement intellectuel de figures comme Foucault et Deleuze.

    Son film Ixe (1980) est un cri de révolte contre le conservatisme, tandis que son Journal Annales (1991-2014) témoigne des ravages du Sida. Soukaz laisse un héritage précieux, inspirant les nouvelles générations avec son regard libre et subversif, marquant durablement la présence homosexuelle à l’écran. 

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  • Depuis quelques temps, nombre de livres se proposent de nous replonger dans notre histoire communautaire, en France et dans le monde. Volonté de redonner du corps culturel et social aux plus jeunes, rendre visible une histoire qui n’a de cesse de se révéler, interpréter les faits au regard des prismes contemporains, les raisons sont multiples et tout aussi défendables les unes que les autres.

    Avec  Quand nos désirs font désordre – Une histoire du mouvement homosexuel en France, 1974-1986, Mathias Quéré, historien et chercheur se focalise sur une tranche restreinte et pourtant si foisonnantes d’actions pour construire les luttes pour nos droits. Le slogan « lesbiennes, pédés, ne rasons plus les murs ! » sera le mot d’ordre de cette période phare dans la quête d’identités des personnes LGBT.

    224 pages qui passent au crible les événements relatés par la presse de l’époque, témoin des mutations en cours. L’enseignement de cette étude permet de mieux comprendre comment les homosexuels se sont affirmés dans leurs revendications en se structurant en groupes militants. Le tout parsemé d’une somme non négligeable de 31 photos pour la plupart inédites de Jean-Claude Aubry. En mettant en lumière celles et ceux qui au sein du Front homosexuel d’action révolutionnaire, les groupes de libération homosexuels, les antennes du Comité d’urgence anti-répression homosexuelle ont œuvré à défendre et ouvrir de nouvelles voies à notre visibilité, Mathias Quéré réactive la fibre combative qui nous anime pour ne jamais baisser la garde. Un ouvrage nécessaire, un autre regard sur nos vies… à lire de toute urgence !

    Quand nos désirs font désordre – Une histoire du mouvement homosexuel en France, 1974-1986, de Mathis Quéré, Editions Lux, 18€, 224 pages.

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  • Hugo Bardin, alias Paloma, la première Queen de Drag Race France, prépare un projet ambitieux : un biopic sur Bambi, icône trans des années 1950. Le tournage commencera en septembre 2025 et racontera la vie de Marie-Pierre Pruvot, vedette du music-hall et pionnière des droits trans en France.

    Alain Goldman, le producteur, souligne son parcours unique sur les scènes du cabaret Madame Arthur et du Carrousel de Paris, devenant l’une des premières à changer d’état civil dans le pays. Dès son enfance, Marie-Pierre rêvait de porter des robes, révélant ainsi son identité. Sa carrière flamboyante, qui a duré jusqu'à la fin des années 1960, s'est ensuite tournée vers l'enseignement. En rendant hommage à cette figure emblématique, Paloma souhaite inspirer les générations futures à vivre leur authenticité. Une œuvre prometteuse et engagée. 

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  • Ce lieu culturel à partager vient d’être placé en redressement judiciaire. Il serait déplorable que Grenoble perde ce lieu alternatif qui accueille souvent des événements LGBTQIA+. Donc toutes les bonnes volontés sont les bienvenues, d’abord en allant y faire la fête, mais aussi en proposant des initiatives et projets ou même en donnant un coup de main bénévole, car la Bobine restera avant tout ce que chacun y apporte.

    42 boulevard Clémenceau. 

    cooperation@labobine.net

    instagram.com/labobinegrenoble

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  • Il n’a que 21 ans lorsqu’il apprend qu’il est séropositif au VIH. De cette annonce, Nicolas Aragona ne se laisse pas engloutir par le désarroi, il en fait un atout. Il crée en 2021 l’association Superséro et investit les réseaux sociaux avec un rendez-vous destiné à tous ceux et celles qui vivent la même situation que lui et à tous ceux séronégatifs qui ont des craintes, des aprioris sur les personnes vivant avec le VIH. Il y dispense de l’aide, des informations, des coups de gueule souvent. De cette expérience, il en écrit un livre intitulé le Dico des Superséros aux éditions Améthyste qui vient juste de sortir en librairie. Loin d’être un recueil qui relate son parcours, il préfère en faire un guide qui sous forme d’abécédaire, explique tout ce qui a attrait à la vie de « tous.tes les courageux.ses vivant avec le VIH ; ces Superséros du quotidien et leurs allié.es. » Il aborde sans tabou les turpitudes qui accablent leur vie, il revient sur des termes qui sonnent et qui font mal comme « clean », « sidaïque »…, il parle de ces gestes et mots qui construisent la sérophobie, il parle de prévention, de drogues, de réduction des risques, d’IST, d’observance, de traitements.

    A base de clés d’entrée, il évoque ce que l’on vit en étant porteur.euse du VIH : « épée de Damoclès »,  de la réaction de sa « Maman », de ces « coming out » qu’il est demandé de faire, du choix de la « disance », de la fierté d’être, de cette force qu’il y à trouver pour lutter contre les préjugés, expliquer les avancées médicales, rabâcher sans cesse les informations pour que vivre comme tout le monde. Entre témoignages émouvants et conseils pratiques, il donne à tous.tes des conseils, il ose parler de ce que le silence assourdis. Il assène un flamboyant « n’ayez pas honte ! ». Une écriture incisive, décomplexée, un franc parler et le « Mot de Tata Sida » qui conclut chaque texte sous forme de petit clin d’œil plein d’espoir pour convaincre que cette infection chronique ne fait pas de nous des parias, mais des personnes comme les autres, « ni coupables, ni victimes, mais des héro.ines remarquables de cette épidémie ». Une œuvre sensible, fédératrice, simple et tellement encourageante. Il aurait vraiment été dommage que tous les efforts de visibilité, d’éducation des masses que s’évertue à distiller avec foi Nicolas, ne soient pas condensés dans un livre tel que celui-là.  A offrir sans modération.

    Le Dico des Superséros – Le guide des personnes vivant avec le VIH mais aussi les autres ! Ed. Améthyste, 19,90€, 224 pages.

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  • Du 24 janvier au 21 juillet 2025, le Musée du Louvre s'apprête à accueillir une exposition inédite, Louvre Couture, qui marque un tournant dans l'histoire du musée. Pour la première fois, cet emblématique lieu se penche sur le dialogue entre la mode contemporaine et les chefs-d'œuvre de ses collections.

    Sous la direction d'Olivier Gabet et Nathalie Crinière, l'exposition met en lumière 65 silhouettes contemporaines et une trentaine d'accessoires, issus de grandes maisons telles que Chanel, Yohji Yamamoto et Dolce & Gabbana. Ces créations dialoguent avec des œuvres allant de Byzance au Second Empire, révélant les influences réciproques entre art et mode.

    En revisitant les styles décoratifs et l'ornement, Louvre Couture souligne les liens historiques qui unissent ces deux univers. Les prêtres de mode et d’art, tels que Jacques Doucet et Madame Carven, seront également évoqués, témoignant de la richesse des échanges créatifs. Cette exposition promet d'offrir un nouveau regard sur les objets d'art, à travers le prisme des créateurs contemporains, tout en célébrant l'héritage de la mode au sein de l'institution.

    Infos et billetterie ici.

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  • Le film Young Hearts, dirigé par Anthony Schatteman, va en faire pleurer quelqu'un.e.s. Salué au Festival International du Film de Berlin 2024 par une Mention spéciale du Jury Jeunesse et primé au Festival Cannes Écrans Juniors, ce premier long métrage explore l'éveil à l'amour et à l'identité sexuelle à travers les yeux d'Elias, 14 ans, qui tombe amoureux de son nouveau voisin, Alexander.

    Dans une interview, Schatteman, dont le parcours inclut plusieurs courts métrages et séries dramatiques, partage : « j’ai réalisé ce film pour le jeune garçon que j’ai été. Si j’avais pu voir ce genre de film à 12 ans, ma vie aurait peut-être été différente. » Cette déclaration souligne l'importance de représenter des histoires d'amour homosexuelles positives pour les jeunes. Le film s’ancre dans la réalité de l’adolescence, où les sentiments prennent le pas sur la sexualité. Schatteman explique : « Elias et Alexander ne songent pas au sexe mais à leurs sentiments naissants. » Ce choix narratif permet de toucher un public large et d'initier des conversations essentielles sur l'amour à un âge où les questionnements et les premiers émois sont aussi grisants qu’effrayants.

    Le réalisateur évoque également les défis de la représentation familiale : « j'espère que mon film permettra aux parents de comprendre qu’ils doivent être plus présents pour leurs enfants. » En effet, la figure paternelle dans le film, inspirée de sa propre vie, est celle d’un homme accaparé par sa carrière, un reflet des dynamiques familiales contemporaines.

    Young Hearts ne se limite pas à une simple romance. C’est un cri d’espoir pour une acceptation universelle, où l'amour est célébré, et non condamné. Avec une esthétique lumineuse et une bande-son joyeuse, Schatteman aspire à transformer une réalité souvent sombre en un récit d'espoir : « je voulais un film solaire, optimiste et joyeux. » Le film, prévu pour une sortie le 19 février 2025, promet d'être une œuvre essentielle pour les jeunes et les moins jeunes. Nombre d’entre nous seront se reconnaitre dans ces émotions ambigües, ces instants de doute et ces moments de de légèreté où seul notre cœur s’exprime. Brillant ! 

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  • Basé sur l’histoire réelle de Justin Fashanu, premier grand joueur à avoir fait son coming out, cet hommage approche le fléau de l’homophobie par le prisme hétérosexuel. Tout part de la découverte d’un comprimé de PrEP dans le vestiaire d’une équipe de football professionnelle. L’autrice Mona El Yafi et le metteur en scène Ayouba Ali ont voulu « prendre le pouls du milieu. Quand on abordait l’homosexualité, pour la plupart des interviewés, c'était quelque chose qui n'existait pas. Et quand on insistait, beaucoup disaient que ça ne leur posait pas de problème personnel, mais que ce serait plus compliqué au niveau collectif ». Le Dyptique théâtre se produit dans la France entière

    Prochaine date le 18 mars au théâtre Jean-Vilar de Suresnes. Les Crampons, hommage à Justin Fashanou.

    www.diptyquetheatre.com

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