Berne en Suisse sera à jamais un lieu de mémoire pour Jean-Luc Romero-Michel. En 2021, il y accompagnait pour son dernier voyage Alain Cocq, condamné à supporter d’atroces souffrances à la suite d’une maladie incurable, alors qu'il ne cessait de réclamer de partir en paix chez lui au lieu de devoir s'exiler pour partir sereinement. Pour cet activiste de la première heure pour le droit de mourir dans la dignité, la question d’une législation française pour la fin de vie est une urgence. Le serment de Berne, de la mort solitaire à la mort solidaire, n’est pas qu’une promesse faite à Alain Cocq, c’est un plaidoyer qui valide la nécessité pour la France d’avancer sur cette question si épineuse mais légitime et pressante. Pourquoi devoir se réfugier dans un autre pays pour pouvoir faire ses adieux. Dans cet ouvrage d’une incroyable humanité Jean-Luc Romero-Michel compare, analyse, fait le point sur l'histoire de cette requête à travers des témoignages, et des mises en perspectives de ces gouvernements qui ont sauté le pas. Quand on sait qu’en avril 2023, une Convention citoyenne s’est prononcée à 75% pour l’autorisation de l’euthanasie et du suicide assisté, on peut se demander ce qui bloque encore et toujours dans les hautes sphères. Alors oui « ce livre est un cri. Si notre vie nous appartient, il faut absolument en être de même pour notre mort », comme écrit dans la préface de Line Renaud, membre du Comité d’honneur de l’Association du Droit à Mourir dans la Dignité. Il est temps que les choses changent enfin en France, ce livre vous donne la preuve que c'est possible.
Le serment de Berne, de la mort solitaire à la mort solidaire de Jean-Luc Romero-Michel, Ed. l’Archipel, 200p, 19€


Ryan Murphy, à qui l’on doit Pose, Nip/Tuck, Glee et American Horror Story, revient avec la saison 2 de Feud sur Canal+. 7 ans après la première saison, cette série consacrée aux querelles d’Hollywood adapte le livre de Laurence Leamer, Capote’s Women, qui dépeint la relation tendue entre l’écrivain homosexuel et une bande de mondaines new-yorkaises dont il a dressé le portait sans complaisance dans une de ses nouvelles publiées dans le magazine Esquire. Une guerre ouverte déchire ce beau monde. Déjà acide, élégante et excitante, l’histoire se pimente encore plus avec un casting 5 étoiles servie par notamment Demi Moore, Naomie Watts, Calista Flockhart et Chloé Sevigny. Et il renchérit, le tout avec Gus Van Sant qui s’empare de la réalisation de 6 des 8 épisodes. On ne vous en dit pas plus ! Sachez que c’est juste jouissif du début à la fin.
Avertissement. Depuis le 1er février vous ne pouvez plus faire de selfies à connotation sexuelle de la même manière. Nudes, la nouvelle série de Amazon Prime s’attaque au « revenge porn », qui est un contenu sexuellement explicite publiquement partagé en ligne sans le consentement de la ou des personnes concernées, en guise de « vengeance ». En 10 épisodes, cette mini-série réalisée par trois cinéastes Sylvie Verheyde (Madame Claude), Andréa Bescond (Les Chatouilles) et Lucie Borletau (Chanson douce) décortique les tenants et aboutissants de cette pratique. Ce que le privé laisse filer pour devenir public et les dégâts que cela implique sont le point commun d’histoires incarnées par trois jeunes gens issus de la génération Z qui en dévoilent tous les travers. On a affaire à Victor, Ada et Sofia, victimes de manipulation, de cyberharcèlement, de vol d’identité… pour un clic de trop. Des réputations qui explosent, des traumatismes qui détruisent, des vies qui s’éparpillent, Nudes est un signal d’alarme face à toutes ces images et vidéos intimes qui se partagent sans retenue. 
Cette fédération regroupe douze structures organisatrices de quatorze festivals de films LGBTQIA+ répartis partout en France et qui contribuent, chacun à leur manière, au rayonnement et à la visibilité des œuvres et des artistes façonnant le cinéma LGBTQIA+. Les membres fondateurs : Chéries-Chéris et Cinéffable à Paris, Ciné Friendly à Rouen, Cinémarges à Bordeaux, Désir… Désirs à Tours, Écrans Mixtes à Lyon, Et alors ?! à Perpignan, Focales dans les Landes, In&Out à Nice et à Cannes, Liberté + In&Out à Toulon, Rainbow Screen à Montpellier, Vues d’en Face à Grenoble et Ze Festival dans la Région Sud.
Le 12 mars à 20h, MonCiné diffusera en avant-première le film All the colors of the world are between black and white, en présence du réalisateur nigérian Babatunde Apawolo. L'histoire raconte le lent rapprochement de deux hommes dans une société où les relations sexuelles entre personnes de même sexe sont considérées comme taboues et passibles de poursuites. Cette diffusion s’inscrit dans le cadre du festival Rendez-vous des cinémas d'Afrique en partenariat avec Vues d'en face. Le festival du film LGBTQI+ soutient ce film pour sa sortie nationale. Mon Ciné, 10 avenue Ambroise Croizat, 38400 Saint-Martin-d’Hères
Primé à Montpellier au 45e Festival International du cinéma méditerranéen, le film turc Nuit noire en Anatolie est une mise en abîme sombre et tortueuse autour d’un évènement dramatique qui remonte à la surface. Ishak est obligé de retourner dans son petit village qu’il a quitté voilà 7 ans car sa mère est mourante. Il n’y va pas de guaîté de cœur, loin de là. S’il est parti c’est qu’il a ses raisons. Cela n’aurait pu être qu’un bref passage, mais après le décès de sa maman, il décide de rester afin de trouver la paix avec ce qui s’est passé bien des années en amont. Ça ne fait pas des heureux à commencer par son ancienne petite amie, ses copains. Il faut dire qu’il est parti du jour au lendemain laissant derrière lui une trace indélébile. A l’image ultra soignée, au jeu sur les lumières et à la beauté des paysages s’ajoute un suspens qui ne fait que grandir au fil des presque deux heures de film. Tenus par des révélations qui au fur et à mesure structurent le puzzle, des flashbacks viennent nous donner des éléments de compréhension face à ce qui a meurtri ces montagnes anatoliennes dans lesquelles nous évoluons avec le héros. Ici on veut faire taire un secret, le lynchage d’un jeune homme étranger vu comme « sensible ». C’est bien plus complexe qu’il n’y paraît car c’est un regard sur la violence de la masculinité et son caractère traditionaliste qui est décortiqué, exposé, comme une critique de cette impossibilité à accepter l’autre dans sa différence. Le traumatisme est flagrant, les remords sont vivaces. Cet acte abject l’obsède, il veut savoir, comprendre. Car bien plus qu’une explication, c’est en effet miroir, d’Ishak dont il s’agit, de sa relation avec cet homme. Jamais provocatrice, toujours évocatrice, les images se référant à cette complicité ne sont amenées avec finesse pour laisser imaginer ce qui a bien pu se passer, sans jamais en dévoiler trop. Par sa profondeur rare, Nuit noire en Anatolie de Özcan Alper ne vous laissera pas indifférent.e.s.
Après Les girafes roses et bleues, un premier roman sous forme de saga, François Mallet nous dévoile une histoire d’amour comme il y en a peu entre deux garçons. Sébastien et Benjamin vivent à Cosne-sur-Loire d’où est originaire l’écrivain, mais à première vue rien ne les prédestine à se croiser. Issus de deux conditions sociales et de milieux bien différents, le destin va pourtant les lier à jamais. D’une écriture facile et prenante, on devine l’inspiration puisée dans les trames des contes de fées se profiler dans ces destins croisés. Tout y est. La découverte de l’amour, de l’homosexualité, le coup de foudre, la passion, les tourments de la vie qui les éloignent, le cours de l’existence qui prend le dessus, les souvenirs puis un évènement autour de Lady Di qui vient tout chambouler. Ce qui aurait pu verser dans le classique prend son envol sur la manière dont François Mallet s’amuse à nous donner à voir les travers de deux mondes. Là où on aurait pu imaginer que le bât blesse, l’acceptation est érigée en évidence ; à l’inverse, les préjugés, l’homophobie, le conservatisme obligent à cacher sa vraie nature pour faire bonne impression. La question du coming out, l’émancipation personnelle et familiale, le respect de l’autre dans sa différence sont au cœur de ce joli récit qui nous fait croire encore en toujours dans la force des sentiments. Ce second roman de François Mallet brosse tel un chemin initiatique, un portrait bicéphale de ce qu’est d’être gay aujourd’hui, des réalités auxquelles on se confronte et de la résilience dont il faut faire preuve pour être pleinement soi sans concession.
Le deuxième opus de Beautiful Skin Le Fanzine vient de sortir. Fidèle à l’esprit de l’unique soirée clubbing où l’on dépose l’intégralité de ses vêtements au vestiaire pour danser complètement nu.e.s toute la nuit, ces recueils papier sont une invitation à plonger dans l’univers de la nudité qui est la spécificité des Beautiful Skin Parties. A travers une sélection de portfolios de photos, de dessins, d’aquarelles, d’installations et de textes sous forme de fictions, de témoignages, de poèmes tout est fait pour vous permettre de plonger dans l’essence des sens lorsque l’on se retrouve nu.e. Prolongement de l’âme généreuse, bienveillante et singulière de ces rendez-vous nocturnes, cette parution propose par la contemplation et la lecture d’abandonner le fardeau de la société pour n’être que vous sans aucun artifice. Et qui de mieux que celleux qui partagent les principes du naturisme pour garnir de leurs approches sensibles les 78 pages de cette revue artistique. On y croise Tom de Pékin, Fabisounours, Lou Lou Re Lou Lou, Mathias Chaillot, Gabriel.e, Simon Loiseau, Sébastien Macher parmi tant d’autres. Une ode à la créativité, à l'art, à la liberté, au bonheur infini du vivre nu tout simplement.
Amaury Lorenzo, acteur ouvertement gay a reçu une volée de bois verts après la diffusion d’une séquence de baiser avec un garçon dans le soap brésilien Terra e Paixao. Fait assez rare dans un pays qui sort de plusieurs années de conservatisme « bolsonarien », cette séquence diffusée le 12 décembre a été très bien accueillie par la majorité des téléspectateurs, mis à part une frange plus extrémiste qui s’est répandue en insultes et menaces de mort sur les réseaux sociaux. L’acteur a déclaré : « concentrez-vous sur l’amour (…) Rien d'autre n'a d'importance que l'amour. Diego (Martins) et moi nous battons pour cette scène depuis des mois, sans relâche ».
Vous êtes peut-être passé à côté de cette série documentaire qui explore les différentes facettes de la communauté LGBTQI+ mené par le réalisateur Océan et la podcasteuse Sophie-Marie Larrouy. Si c’est le cas, pas d’inquiétude, vous pouvez vous y replonger à loisir car c’est disponible gratuitement sur la plateforme Francetv Slash. Après une première saison consacrée à la transition personnelle d'Océan, la seconde dédiée à la découverte des personnes trans et intersexes partout en France, on file dans le troisième volet de ce rendez-vous au cœur de la notion de famille, ce qu’elle recouvre aujourd’hui, les profils qui la composent, l’enrichissent, le rebâtissent de fond en comble. Après deux saisons qui examinent la transidentité, faire famille met à bas les schémas du « une famille, c’est un papa, une maman » pour prouver que la parentalité est une aventure bien plus large que cette vision rétrograde et étriquée imposée par une vision hétéro cis-normée qui n’a plus lieu d’être. Ce programme est tendre, galvanisant, impactant et bienveillant. Un plaidoyer pour une variété d’alternative exaltantes et épanouissantes aux vieux poncifs de la famille traditionnelle.