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  • Lionel Soukaz, cinéaste avant-gardiste et fervent défenseur des luttes LGBTQIA+, est décédé le 4 février à Marseille à 71 ans. Son œuvre, débutée dans les années 1970, est une archive essentielle des combats pour l'émancipation.

    Dans son autobiographie, il évoque sa lutte contre l'homophobie et la censure. Co-réalisateur de Race d’Ep, il a utilisé le cinéma expérimental pour défendre la cause homosexuelle, suscitant l'engagement intellectuel de figures comme Foucault et Deleuze.

    Son film Ixe (1980) est un cri de révolte contre le conservatisme, tandis que son Journal Annales (1991-2014) témoigne des ravages du Sida. Soukaz laisse un héritage précieux, inspirant les nouvelles générations avec son regard libre et subversif, marquant durablement la présence homosexuelle à l’écran. 

    Julien Claudé-Pénégry
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  • Hugo Bardin, alias Paloma, la première Queen de Drag Race France, prépare un projet ambitieux : un biopic sur Bambi, icône trans des années 1950. Le tournage commencera en septembre 2025 et racontera la vie de Marie-Pierre Pruvot, vedette du music-hall et pionnière des droits trans en France.

    Alain Goldman, le producteur, souligne son parcours unique sur les scènes du cabaret Madame Arthur et du Carrousel de Paris, devenant l’une des premières à changer d’état civil dans le pays. Dès son enfance, Marie-Pierre rêvait de porter des robes, révélant ainsi son identité. Sa carrière flamboyante, qui a duré jusqu'à la fin des années 1960, s'est ensuite tournée vers l'enseignement. En rendant hommage à cette figure emblématique, Paloma souhaite inspirer les générations futures à vivre leur authenticité. Une œuvre prometteuse et engagée. 

    Julien Claudé-Pénégry
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  • Ce lieu culturel à partager vient d’être placé en redressement judiciaire. Il serait déplorable que Grenoble perde ce lieu alternatif qui accueille souvent des événements LGBTQIA+. Donc toutes les bonnes volontés sont les bienvenues, d’abord en allant y faire la fête, mais aussi en proposant des initiatives et projets ou même en donnant un coup de main bénévole, car la Bobine restera avant tout ce que chacun y apporte.

    42 boulevard Clémenceau. 

    cooperation@labobine.net

    instagram.com/labobinegrenoble

    Bruno De
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  • Il n’a que 21 ans lorsqu’il apprend qu’il est séropositif au VIH. De cette annonce, Nicolas Aragona ne se laisse pas engloutir par le désarroi, il en fait un atout. Il crée en 2021 l’association Superséro et investit les réseaux sociaux avec un rendez-vous destiné à tous ceux et celles qui vivent la même situation que lui et à tous ceux séronégatifs qui ont des craintes, des aprioris sur les personnes vivant avec le VIH. Il y dispense de l’aide, des informations, des coups de gueule souvent. De cette expérience, il en écrit un livre intitulé le Dico des Superséros aux éditions Améthyste qui vient juste de sortir en librairie. Loin d’être un recueil qui relate son parcours, il préfère en faire un guide qui sous forme d’abécédaire, explique tout ce qui a attrait à la vie de « tous.tes les courageux.ses vivant avec le VIH ; ces Superséros du quotidien et leurs allié.es. » Il aborde sans tabou les turpitudes qui accablent leur vie, il revient sur des termes qui sonnent et qui font mal comme « clean », « sidaïque »…, il parle de ces gestes et mots qui construisent la sérophobie, il parle de prévention, de drogues, de réduction des risques, d’IST, d’observance, de traitements.

    A base de clés d’entrée, il évoque ce que l’on vit en étant porteur.euse du VIH : « épée de Damoclès »,  de la réaction de sa « Maman », de ces « coming out » qu’il est demandé de faire, du choix de la « disance », de la fierté d’être, de cette force qu’il y à trouver pour lutter contre les préjugés, expliquer les avancées médicales, rabâcher sans cesse les informations pour que vivre comme tout le monde. Entre témoignages émouvants et conseils pratiques, il donne à tous.tes des conseils, il ose parler de ce que le silence assourdis. Il assène un flamboyant « n’ayez pas honte ! ». Une écriture incisive, décomplexée, un franc parler et le « Mot de Tata Sida » qui conclut chaque texte sous forme de petit clin d’œil plein d’espoir pour convaincre que cette infection chronique ne fait pas de nous des parias, mais des personnes comme les autres, « ni coupables, ni victimes, mais des héro.ines remarquables de cette épidémie ». Une œuvre sensible, fédératrice, simple et tellement encourageante. Il aurait vraiment été dommage que tous les efforts de visibilité, d’éducation des masses que s’évertue à distiller avec foi Nicolas, ne soient pas condensés dans un livre tel que celui-là.  A offrir sans modération.

    Le Dico des Superséros – Le guide des personnes vivant avec le VIH mais aussi les autres ! Ed. Améthyste, 19,90€, 224 pages.

    Julien Claudé-Pénégry
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  • Du 24 janvier au 21 juillet 2025, le Musée du Louvre s'apprête à accueillir une exposition inédite, Louvre Couture, qui marque un tournant dans l'histoire du musée. Pour la première fois, cet emblématique lieu se penche sur le dialogue entre la mode contemporaine et les chefs-d'œuvre de ses collections.

    Sous la direction d'Olivier Gabet et Nathalie Crinière, l'exposition met en lumière 65 silhouettes contemporaines et une trentaine d'accessoires, issus de grandes maisons telles que Chanel, Yohji Yamamoto et Dolce & Gabbana. Ces créations dialoguent avec des œuvres allant de Byzance au Second Empire, révélant les influences réciproques entre art et mode.

    En revisitant les styles décoratifs et l'ornement, Louvre Couture souligne les liens historiques qui unissent ces deux univers. Les prêtres de mode et d’art, tels que Jacques Doucet et Madame Carven, seront également évoqués, témoignant de la richesse des échanges créatifs. Cette exposition promet d'offrir un nouveau regard sur les objets d'art, à travers le prisme des créateurs contemporains, tout en célébrant l'héritage de la mode au sein de l'institution.

    Infos et billetterie ici.

    Bruno De
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  • Le film Young Hearts, dirigé par Anthony Schatteman, va en faire pleurer quelqu'un.e.s. Salué au Festival International du Film de Berlin 2024 par une Mention spéciale du Jury Jeunesse et primé au Festival Cannes Écrans Juniors, ce premier long métrage explore l'éveil à l'amour et à l'identité sexuelle à travers les yeux d'Elias, 14 ans, qui tombe amoureux de son nouveau voisin, Alexander.

    Dans une interview, Schatteman, dont le parcours inclut plusieurs courts métrages et séries dramatiques, partage : « j’ai réalisé ce film pour le jeune garçon que j’ai été. Si j’avais pu voir ce genre de film à 12 ans, ma vie aurait peut-être été différente. » Cette déclaration souligne l'importance de représenter des histoires d'amour homosexuelles positives pour les jeunes. Le film s’ancre dans la réalité de l’adolescence, où les sentiments prennent le pas sur la sexualité. Schatteman explique : « Elias et Alexander ne songent pas au sexe mais à leurs sentiments naissants. » Ce choix narratif permet de toucher un public large et d'initier des conversations essentielles sur l'amour à un âge où les questionnements et les premiers émois sont aussi grisants qu’effrayants.

    Le réalisateur évoque également les défis de la représentation familiale : « j'espère que mon film permettra aux parents de comprendre qu’ils doivent être plus présents pour leurs enfants. » En effet, la figure paternelle dans le film, inspirée de sa propre vie, est celle d’un homme accaparé par sa carrière, un reflet des dynamiques familiales contemporaines.

    Young Hearts ne se limite pas à une simple romance. C’est un cri d’espoir pour une acceptation universelle, où l'amour est célébré, et non condamné. Avec une esthétique lumineuse et une bande-son joyeuse, Schatteman aspire à transformer une réalité souvent sombre en un récit d'espoir : « je voulais un film solaire, optimiste et joyeux. » Le film, prévu pour une sortie le 19 février 2025, promet d'être une œuvre essentielle pour les jeunes et les moins jeunes. Nombre d’entre nous seront se reconnaitre dans ces émotions ambigües, ces instants de doute et ces moments de de légèreté où seul notre cœur s’exprime. Brillant ! 

    Julien Claudé-Pénégry
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  • Basé sur l’histoire réelle de Justin Fashanu, premier grand joueur à avoir fait son coming out, cet hommage approche le fléau de l’homophobie par le prisme hétérosexuel. Tout part de la découverte d’un comprimé de PrEP dans le vestiaire d’une équipe de football professionnelle. L’autrice Mona El Yafi et le metteur en scène Ayouba Ali ont voulu « prendre le pouls du milieu. Quand on abordait l’homosexualité, pour la plupart des interviewés, c'était quelque chose qui n'existait pas. Et quand on insistait, beaucoup disaient que ça ne leur posait pas de problème personnel, mais que ce serait plus compliqué au niveau collectif ». Le Dyptique théâtre se produit dans la France entière

    Prochaine date le 18 mars au théâtre Jean-Vilar de Suresnes. Les Crampons, hommage à Justin Fashanou.

    www.diptyquetheatre.com

    Bruno De
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  • Jusqu'au 31 août 2025, la Cité des sciences et de l’industrie présente l’exposition immersive Silence, conçue par le Musée de la communication de Berne. Cette expérience auditive unique invite les visiteurs à plonger dans une réflexion sur le silence et le bruit, deux réalités souvent perçues comme opposées. Armés d’un casque audio, les participants explorent un parcours sensoriel où chaque coin recèle des témoignages, des anecdotes et des pièces musicales avant-gardistes.

    L’exposition questionne notre rapport au silence : est-il simplement l’absence de bruit ou revêt-il une dimension plus profonde ? À travers des installations variées, les visiteurs découvrent la richesse des silences, allant des sons naturels apaisants aux bruits ambiants troublants. Des expériences telles que l’écoute du bruit du Big Bang ou la sensation d’une chambre anéchoïque offrent un aperçu des extrêmes de notre perception sonore. À la croisée de la science, de l’art et de la sociologie, Silence est un voyage introspectif qui nous invite à redéfinir notre relation avec le monde sonore, révélant ainsi la complexité de nos émotions face à l'invisible. Une expérience fascinante et ludique qui transforme notre compréhension de l'inaudible.

    Infos : www.cite-sciences.fr

    Julien Claudé-Pénégry
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  • Après le succès de Les Girafes roses et bleues, le nouveau roman de François Mallet, intitulé Les girafes blanches, sorti fin novembre explore des thèmes familiers pour l'auteur, tels que l'amour, la tolérance et les secrets de famille, tout en nous plongeant dans une intrigue captivante. 

    Pour ceux qui ont déjà succombé au premier tome, nous retrouvons Raphaël, désormais installé à Marrakech, où il a accueilli son oncle Michel, qui a quitté le célèbre Castro de San Francisco. L'histoire se déroule sur fond de découvertes émotionnelles, alors que Solange, ignorant tout de ses origines, navigue à travers les tumultueuses années 60 et 70 dans un Paris festif et libertin. Ce nouvel opus offre une profondeur touchante, alors que le secret de famille révélé dans le livre précédent s'avère n'être que la pointe d'un iceberg émotionnel bien plus vaste.

    Fidèle à son exploration des aléas du destin, il nous entraîne avec légèreté et vivacité dans une histoire qui ne manque pas de rebondissements. Toujours aussi palpitant, ce nouveau chapitre est riche en émotions et en réflexions. Il nous plonge dans les méandres des complexités de l’existence, de qui l’on est, de ce que l’on décide de faire de sa vie.

    C’est avec brio qu’il nous happe dans le tourbillon de personnages bien sentis, attachants et complexes. François Mallet est un maître des sagas familiales qui s’amuse à tisser au fil des pages.

    Ce deuxième rendez-vous est une belle surprise qui se dévore d’un trait.

    Les Girafes blanches, de François Mallet, Ed. Grrr...art, 170 pages, 15€

    Julien Claudé-Pénégry
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  • Loïc et Yann nous avaient raconté leur histoire dans notre dossier spécial sur la GPA intitulé Les nouveaux Pères (Strobo Mag, n°25). Dans ce livre auto-édité, les deux hommes reviennent en détail sur leur parcours de pères : de leur rencontre à leur envie d’enfant, jusqu’à la naissance de la petite Rose au Mexique grâce à une gestation pour autrui et aux premiers jours heureux. Le couple n’élude rien des difficultés rencontrées en chemin, des frustrations, des moments de découragement au cours de sept années qu’aura duré leur parcours de GPA. Mais force est de constater que leur persévérance a payé. A l’heure où les extrême-droites cherchent partout à effacer les familles non-conformes à leurs normes rétrogrades, ce témoignage fait du bien à lire. Nos familles existent et elles peuvent être heureuses.

    Je t’aime papas, Loïc et Yann Navarro-Charbier, auto-édition, 174 pages, 19,50 €.

    Xavier Héraud
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  • Attention, livre passionnant. Pour sa thèse aujourd’hui publiée, le chercheur Hugo Bouvard a examiné le parcours des gays et des lesbiennes engagé.es en politique en France et aux Etats-Unis. Ce double éclairage révèle deux manières de faire de la politique et d’exister en tant que gay ou lesbienne lorsqu’on souhaite évoluer dans ce milieu-là.

    Aux Etats-Unis, un contexte de forte discrimination et la décentralisation des partis ont permis très tôt à des gays et des lesbiennes de s’engager en politique sur leur nom et de tenter de faire émerger un « vote rose ». En France, c’est paradoxalement une société moins sévère avec les homosexuels (tant qu’ils et elles restent discret.es) mais aussi un fonctionnement plus centralisé des partis qui ont rendu difficile l’émergence de figures visibles et une méfiance vis-à-vis d’un vote communautaire. Cette étude historique est complétée par une analyse des stratégies de présentations et de représentations des hommes et femmes politiques d’aujourd’hui, grâce à de nombreux entretiens. Le chercheur pose au passage de nombreuses questions (et y répond) : les élu.es doivent-ils/elles faire un « coming-out » public? Comment faire? Doivent-ils et elles obligatoirement se faire les avocat.es des revendications minoritaires? Les groupes militants LGBT au sein des partis servent-ils à quelque chose? On a rarement analysé aussi finement (voire jamais) la place des gays et lesbiennes en politique. Si vous vous intéressez au sujet, cet ouvrage est incontournable.

    Gays et lesbiennes en politiqueHugo Bouvard, Septentrion, 375 pages, 25 €

    Xavier Héraud
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