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  • Ce serait un péché de ne pas regarder cette mini-série. A l’occasion des 30 ans du Sidaction, France TV diffuse It’s a sin, la mini-série événement de Russell T. Davies, qui fait le portrait d’une bande d’amis londoniens heurtés de plein fouet par le sida dans les années 80. 

    Sortez vos mouchoirs ! Pour les 30 ans du Sidaction, France 2 diffuse le 18 mars prochain, à 21h, la mini-série britannique It’s a sin. Cette œuvre bouleversante est signée Russell T. Davies, le producteur et scénariste génial à qui l’on doit Queer as folk, Cucumber, Years and years, le retour de Docteur Who… Si vous la ratez le 18 mars, pas d’inquiétude, It’s a sin, qui n’avait été diffusée en France que sur Canal +, sera ensuite disponible sur la plateforme France.tv

    It’s a sin, qui emprunte son titre à la célèbre chanson des Pet Shop Boys, raconte l’histoire d’une bande d’amis gays (et d’une de leurs amies) dans le Londres des années 80. Ils se nomment Ritchie, Roscoe, Ash, Colin, Jill. Ils se lient d’amitié et emménagent dans une colocation surnommée The Pink Palace. Ensemble, ils découvrent la vie gay, les amours, les plans cul, dans un contexte où beaucoup sont encore contraints de vivre cachés. L’arrivée progressive d’une étrange maladie qui semble toucher plus particulièrement les homosexuels va changer leur vie à toutes et tous. Certains comme Ritchie vont d’abord rester dans le déni, d’autres comme Jill vont immédiatement s’engager auprès des malades et pour faire de la prévention auprès des autres. 

    Une série sur la famille choisie

    Dans Queer as folk, sorti en 1999, Russell T. Davies avait soigneusement évité de parler du sida, afin de montrer que la communauté gay ne se résumait pas à la maladie qui l’a décimée. Il lui a fallu une vingtaine d’années avant de se sentir prêt à évoquer le VIH, en s’inspirant de ses souvenirs et de certains de ses amis (le personnage de Jill est inspiré par la militante Jill Nalder). Emmenée par un groupe de comédiens exceptionnels, notamment Olly Alexander, le chanteur de Years and years, dans le rôle de Ritchie, It’s a sin rend un bel hommage à celles et ceux qui ont dû affronter cette hécatombe, victimes comme survivant.es. Elle dépeint aussi avec justesse l’homophobie de la société britannique dans une époque où la Première ministre conservatrice Margaret Thatcher fait adopter la Section 28, une loi qui interdit de parler d’homosexualité à l’école. On aurait donc tort de réduire cette série au seul VIH. It’s a sin est avant tout une série sur la famille choisie, ce réseau d’ami.es au sein duquel tant de gays ont pu s’épanouir après avoir fui un foyer et/ou une région homophobes. C’est peut-être ce qui la rend si poignante. Elle rappelle qu’avant d’avoir été fauchés par la maladie ces hommes gays ont d’abord été des amis, des amants, des frères, des fils. Ils étaient vivants. 

    Pour plus de justesse, Russell T. Davies a tenu à ce que les personnages gays soient incarnés par des acteurs eux-mêmes gays. Une manière aussi pour la jeune génération d’être impliquée dans son histoire. On notera enfin les apparitions de Neil Patrick Harris et Stephen Fry dans des rôles secondaires ou celui de la formidable Keeley Hawes (Tipping the Velvet, Bodyguard), qui incarne la mère de Ritchie. En un mot comme en cent : à voir absolument.

    Cet article a été publié dans Strobo n°29

    Xavier Héraud
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  • Ryan Murphy, à qui l’on doit Pose, Nip/Tuck, Glee et American Horror Story, revient avec la saison 2 de Feud sur Canal+. 7 ans après la première saison, cette série consacrée aux querelles d’Hollywood adapte le livre de Laurence Leamer, Capote’s Women, qui dépeint la relation tendue entre l’écrivain homosexuel et une bande de mondaines new-yorkaises dont il a dressé le portait sans complaisance dans une de ses nouvelles publiées dans le magazine Esquire. Une guerre ouverte déchire ce beau monde. Déjà acide, élégante et excitante, l’histoire se pimente encore plus avec un casting 5 étoiles servie par notamment Demi Moore, Naomie Watts, Calista Flockhart et Chloé Sevigny. Et il renchérit, le tout avec Gus Van Sant qui s’empare de la réalisation de 6 des 8 épisodes. On ne vous en dit pas plus ! Sachez que c’est juste jouissif du début à la fin.

    Julien Claudé-Pénégry
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  • Avertissement. Depuis le 1er février vous ne pouvez plus faire de selfies à connotation sexuelle de la même manière. Nudes, la nouvelle série de Amazon Prime s’attaque au « revenge porn », qui est un contenu sexuellement explicite publiquement partagé en ligne sans le consentement de la ou des personnes concernées, en guise de « vengeance ». En 10 épisodes, cette mini-série réalisée par trois cinéastes Sylvie Verheyde (Madame Claude), Andréa Bescond (Les Chatouilles) et Lucie Borletau (Chanson douce) décortique les tenants et aboutissants de cette pratique. Ce que le privé laisse filer pour devenir public et les dégâts que cela implique sont le point commun d’histoires incarnées par trois jeunes gens issus de la génération Z qui en dévoilent tous les travers. On a affaire à Victor, Ada et Sofia, victimes de manipulation, de cyberharcèlement, de vol d’identité… pour un clic de trop. Des réputations qui explosent, des traumatismes qui détruisent, des vies qui s’éparpillent, Nudes est un signal d’alarme face à toutes ces images et vidéos intimes qui se partagent sans retenue. 

    Julien Claudé-Pénégry
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  • Cette fédération regroupe douze structures organisatrices de quatorze festivals de films LGBTQIA+ répartis partout en France et qui contribuent, chacun à leur manière, au rayonnement et à la visibilité des œuvres et des artistes façonnant le cinéma LGBTQIA+. Les membres fondateurs : Chéries-Chéris et Cinéffable à Paris, Ciné Friendly à Rouen, Cinémarges à Bordeaux, Désir… Désirs à Tours, Écrans Mixtes à Lyon, Et alors ?! à Perpignan, Focales dans les Landes, In&Out à Nice et à Cannes, Liberté + In&Out à Toulon, Rainbow Screen à Montpellier, Vues d’en Face à Grenoble et Ze Festival dans la Région Sud.

    Ses objectifs :

    - promouvoir un cinéma d’auteur engagé sur les questions LGBTQIA+;

    - s’engager contre les LGBTphobies et pour la visibilisation des minorités;

    - créer des espaces de dialogue, de coopération et de collaboration.

    « Cette initiative marque un pas important dans la reconnaissance du travail minutieux de centaines d’acteurices culturel·les, bénévoles ou non, qui font vivre l’ensemble des Festivals qui composent notre Fédération partout en France depuis de nombreuses années. Ensemble, nous serons plus forts pour faire entendre nos voix et partager nos histoires » dit Benoît Arnulf, président de la Fédération.

    Infos : Caroline Barberit-Héraud (Porte parole de la Fédération)

     06 11 90 13 25

    federationfestivalsfilmslgbt@gmail.com

    Bruno De
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  • Le 12 mars à 20h, MonCiné diffusera en avant-première le film All the colors of the world are between black and white, en présence du réalisateur nigérian Babatunde Apawolo. L'histoire raconte le lent rapprochement de deux hommes dans une société où les relations sexuelles entre personnes de même sexe sont considérées comme taboues et passibles de poursuites. Cette diffusion s’inscrit dans le cadre du festival Rendez-vous des cinémas d'Afrique en partenariat avec Vues d'en face. Le festival du film LGBTQI+ soutient ce film pour sa sortie nationale. Mon Ciné, 10 avenue Ambroise Croizat, 38400 Saint-Martin-d’Hères

    Bruno De
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  • Primé à Montpellier au 45e Festival International du cinéma méditerranéen, le film turc Nuit noire en Anatolie est une mise en abîme sombre et tortueuse autour d’un évènement dramatique qui remonte à la surface. Ishak est obligé de retourner dans son petit village qu’il a quitté voilà 7 ans car sa mère est mourante. Il n’y va pas de guaîté de cœur, loin de là. S’il est parti c’est qu’il a ses raisons. Cela n’aurait pu être qu’un bref passage, mais après le décès de sa maman, il décide de rester afin de trouver la paix avec ce qui s’est passé bien des années en amont. Ça ne fait pas des heureux à commencer par son ancienne petite amie, ses copains. Il faut dire qu’il est parti du jour au lendemain laissant derrière lui une trace indélébile. A l’image ultra soignée, au jeu sur les lumières et à la beauté des paysages s’ajoute un suspens qui ne fait que grandir au fil des presque deux heures de film. Tenus par des révélations qui au fur et à mesure structurent le puzzle, des flashbacks viennent nous donner des éléments de compréhension face à ce qui a meurtri ces montagnes anatoliennes dans lesquelles nous évoluons avec le héros. Ici on veut faire taire un secret, le lynchage d’un jeune homme étranger vu comme « sensible ». C’est bien plus complexe qu’il n’y paraît car c’est un regard sur la violence de la masculinité et son caractère traditionaliste qui est décortiqué, exposé, comme une critique de cette impossibilité à accepter l’autre dans sa différence. Le traumatisme est flagrant, les remords sont vivaces. Cet acte abject l’obsède, il veut savoir, comprendre. Car bien plus qu’une explication, c’est en effet miroir, d’Ishak dont il s’agit, de sa relation avec cet homme. Jamais provocatrice, toujours évocatrice, les images se référant à cette complicité ne sont amenées avec finesse pour laisser imaginer ce qui a bien pu se passer, sans jamais en dévoiler trop. Par sa profondeur rare, Nuit noire en Anatolie de Özcan Alper ne vous laissera pas indifférent.e.s.

    En salle le 14 février 2024

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    Julien Claudé-Pénégry
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  • Après Les girafes roses et bleues, un premier roman sous forme de saga, François Mallet nous dévoile une histoire d’amour comme il y en a peu entre deux garçons. Sébastien et Benjamin vivent à Cosne-sur-Loire d’où est originaire l’écrivain, mais à première vue rien ne les prédestine à se croiser. Issus de deux conditions sociales et de milieux bien différents, le destin va pourtant les lier à jamais. D’une écriture facile et prenante, on devine l’inspiration puisée dans les trames des contes de fées se profiler dans ces destins croisés. Tout y est. La découverte de l’amour, de l’homosexualité, le coup de foudre, la passion, les tourments de la vie qui les éloignent, le cours de l’existence qui prend le dessus, les souvenirs puis un évènement autour de Lady Di qui vient tout chambouler. Ce qui aurait pu verser dans le classique prend son envol sur la manière dont François Mallet s’amuse à nous donner à voir les travers de deux mondes. Là où on aurait pu imaginer que le bât blesse, l’acceptation est érigée en évidence ; à l’inverse, les préjugés, l’homophobie, le conservatisme obligent à cacher sa vraie nature pour faire bonne impression. La question du coming out, l’émancipation personnelle et familiale, le respect de l’autre dans sa différence sont au cœur de ce joli récit qui nous fait croire encore en toujours dans la force des sentiments. Ce second roman de François Mallet brosse tel un chemin initiatique, un portrait bicéphale de ce qu’est d’être gay aujourd’hui, des réalités auxquelles on se confronte et de la résilience dont il faut faire preuve pour être pleinement soi sans concession.

    Au contraire, de François Mallet, Grrr... Art Editions, 15€.

    Julien Claudé-Pénégry
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  • Le deuxième opus de Beautiful Skin Le Fanzine vient de sortir. Fidèle à l’esprit de l’unique soirée clubbing où l’on dépose l’intégralité de ses vêtements au vestiaire pour danser complètement nu.e.s toute la nuit, ces recueils papier sont une invitation à plonger dans l’univers de la nudité qui est la spécificité des Beautiful Skin Parties. A travers une sélection de portfolios de photos, de dessins, d’aquarelles, d’installations et de textes sous forme de fictions, de témoignages, de poèmes tout est fait pour vous permettre de plonger dans l’essence des sens lorsque l’on se retrouve nu.e. Prolongement de l’âme généreuse, bienveillante et singulière de ces rendez-vous nocturnes, cette parution propose par la contemplation et la lecture d’abandonner le fardeau de la société pour n’être que vous sans aucun artifice. Et qui de mieux que celleux qui partagent les principes du naturisme pour garnir de leurs approches sensibles les 78 pages de cette revue artistique. On y croise Tom de Pékin, Fabisounours, Lou Lou Re Lou Lou, Mathias Chaillot, Gabriel.e, Simon Loiseau, Sébastien Macher parmi tant d’autres. Une ode à la créativité, à l'art, à la liberté, au bonheur infini du vivre nu tout simplement.

    Beautiful Skin Le fanzine #2, 8€, disponible aux Mots à la bouche, Violette & Co, Palais de Tokyo, aux Cahiers de Colette...

    Julien Claudé-Pénégry
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  • Amaury Lorenzo, acteur ouvertement gay a reçu une volée de bois verts après la diffusion d’une séquence de baiser avec un garçon dans le soap brésilien Terra e Paixao. Fait assez rare dans un pays qui sort de plusieurs années de conservatisme « bolsonarien », cette séquence diffusée le 12 décembre a été très bien accueillie par la majorité des téléspectateurs, mis à part une frange plus extrémiste qui s’est répandue en insultes et menaces de mort sur les réseaux sociaux. L’acteur a déclaré : « concentrez-vous sur l’amour (…) Rien d'autre n'a d'importance que l'amour. Diego (Martins) et moi nous battons pour cette scène depuis des mois, sans relâche ».

    Bruno De
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  • Vous êtes peut-être passé à côté de cette série documentaire qui explore les différentes facettes de la communauté LGBTQI+ mené par le réalisateur Océan et la podcasteuse Sophie-Marie Larrouy. Si c’est le cas, pas d’inquiétude, vous pouvez vous y replonger à loisir car c’est disponible gratuitement sur la plateforme Francetv Slash. Après une première saison consacrée à la transition personnelle d'Océan, la seconde dédiée à la découverte des personnes trans et intersexes partout en France, on file dans le troisième volet de ce rendez-vous au cœur de la notion de famille, ce qu’elle recouvre aujourd’hui, les profils qui la composent, l’enrichissent, le rebâtissent de fond en comble. Après deux saisons qui examinent la transidentité, faire famille met à bas les schémas du « une famille, c’est un papa, une maman » pour prouver que la parentalité est une aventure bien plus large que cette vision rétrograde et étriquée imposée par une vision hétéro cis-normée qui n’a plus lieu d’être. Ce programme est tendre, galvanisant, impactant et bienveillant. Un plaidoyer pour une variété d’alternative exaltantes et épanouissantes aux vieux poncifs de la famille traditionnelle.

    Julien Claudé-Pénégry
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  • Deux jours avant Noël, Prime Video sortait Escort Boys, une série qui repositionne la place du mâle dominant dans l’échiquier des relations. Quatre amis d’enfance décident pour sauver le domaine apicole qui les a vu grandir, de vendre leur corps aux volontés féminines. En 6 épisodes de 30 minutes, le réalisateur Ruben Alves a qui l’on doit le film Miss nous propose une relecture libre de la série israélienne Johnny and the Knights of the Galilee. Le résultat est brillant, servi par un casting de beaux gosses qui ne rechignent pas à donner du leur pour rendre le jeu plus vrai que nature. Guillaume Labbé, Corentin Fila, Thibaut Evrart et Simon Ehrlacher en mettent plein la vue avec la complicité de Marysole Fertard. Au-delà de voir ces gaillards nous gâter de leurs jolies plastiques, ce sont surtout la remise en question du statut patriarcal qui est pointée du doigt. Le jeu est inversé. Les femmes ont le pouvoir et ces hommes vont devoir mettre leur orgueil de côté pour les contenter dans leurs délires, leurs envies, leurs fantasmes, leurs sexualités. Ce renversement de situation fait du bien à un moment où #MeToo est plus que jamais de retour sur le terrain médiatique. On constate les travers des injonctions subies sous le prisme masculin sur la gente féminine, l’emprise et la violence qui l’accompagne. Subtile et engagée, c’est une belle prise de position qu’Escort Boys nous propose. Servi par une pléiade de noms qui viennent se greffer au fil de l’histoire parmi lesquels Rossy de Palma, Zahia, Carole Bouquet, Amanda Lear, cette série est une belle surprise pour commencer 2024 et une excellente invitation pour repenser la société. 

    Julien Claudé-Pénégry
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