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  • L’Assemblée législative de transition burkinabé a adopté à l’unanimité une réforme du Code des personnes et de la famille, rendant les pratiques homosexuelles passibles de deux à cinq ans de prison et d’amendes. Les étrangers reconnus coupables seront expulsés. Jusqu’ici, aucune législation spécifique ne sanctionnait l’homosexualité dans le pays, où la communauté LGBTQ+ vivait sous forte pression sociale. Cette mesure, soutenue par le pouvoir militaire d’Ibrahim Traoré, s’inscrit dans une stratégie de rejeter les influences occidentales et de renforcer le nationalisme. Elle risque d’accroître la marginalisation, la violence, et de fragiliser la lutte contre le VIH. La communauté internationale devrait dénoncer cette régression qui place le Burkina Faso parmi une trentaine de pays africains criminalisant ces relations.

    Julien Claudé-Pénégry
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  • Dans une décision qui secoue la scène politique et les défenseurs des droits humains, le parlement slovaque a approuvé vendredi 26 septembre 2025, un amendement constitutionnel aux implications très restrictives pour la communauté LGBT. Avec 90 voix en faveur et seulement 7 contre, cette réforme marque un tournant pour la législation sociale du pays, renforçant les limites déjà existantes sur les droits des couples de même sexe.

    Le texte interdit explicitement la gestation pour autrui, une pratique souvent utilisée par les familles LGBT pour devenir parents, et limite l’adoption aux seuls couples mariés. En Slovaquie, où le mariage reste interdit aux homosexuels, cette inscription constitutionnelle écarte de facto toute possibilité d’adoption pour les couples de même sexe. Le gouvernement de Robert Fico justifie cette démarche en invoquant la préservation des « valeurs traditionnelles » et de « l’héritage culturel et spirituel » du pays, comme l’a déclaré le Premier ministre lors de la présentation du texte : « Nous avons deux sexes, masculin et féminin, définis à la naissance. » 

    Les dispositions concernant le changement de genre s’assouplissent peu : pour les personnes intersexuées, il faudra maintenant une justification « sérieuse » pour modifier le sexe inscrit à l’état civil, un processus jugé par beaucoup comme restrictif voire discriminatoire. Ce nouvel arsenal législatif n’est pas seulement une expression de conservatisme, mais aussi une riposte au consensus européen, car le texte affirme que la souveraineté slovaque doit primer sur le droit européen en matière de « questions culturelles et éthiques ». La Commission de Venise, organe de consultation du Conseil de l’Europe, avait pourtant mis en garde contre la vague des modifications, soulignant leur caractère potentiellement contraire aux engagements internationaux en matière de droits humains.

    Ce vote traduit une volonté affirmée de rupture avec la tendance européenne en matière de droits LGBT. Selon Michael McGrath, commissaire à la Justice, « la primauté du droit européen n’est pas négociable », et cette décision pourrait entraîner des sanctions si elle va à l’encontre des engagements internationaux. La décision du parlement s’inscrit dans un contexte où la Slovaquie endosse un rôle plus anticonstitutionnel dans la défense de ses valeurs traditionnelles, au détriment des droits fondamentaux.

     

     

    Xavier Héraud
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  • Aux États-Unis, l’administration Trump a été contrainte de restaurer plus d'une centaine de pages et de bases de données de santé publique concernant la communauté LGBTQ+, après plusieurs mois de bataille judiciaire.

    En janvier, peu après son entrée en fonction, Donald Trump avait signé des décrets visant à éliminer toute référence à « genre » et à « diversité » dans les documents fédéraux, entraînant la suppression de nombreux outils et rapports liés à la santé sexuelle, à la grossesse ou à l’addiction. Cette décision avait suscité la protestation d’organisations médicales et associatives, rappelant que ces données étaient vitales. La justice fédérale a récemment ordonné la réintégration de ces ressources, dans le cadre d’un règlement obligeant l’État à remettre en ligne ces contenus dans les semaines à venir. La victoire est perçue comme un revers pour l’administration Trump, accusée de vouloir invisibiliser les personnes LGBTQ+. Cependant, le gouvernement affirme continuer à œuvrer contre ce qu’il qualifie d’« idéologie radicale de genre », laissant craindre de nouveaux affrontements sur la reconnaissance des droits et de l’identité des minorités sexuelles et de genre.
     

    Julien Claudé-Pénégry
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  • Au Maroc, Ibtissame Lachgar, militante féministe et défenseuse des droits LGBTQ+, a été placée en garde à vue dimanche à la suite de la publication d’une photo sur les réseaux sociaux. Sur cette image, elle porte un t-shirt avec l’inscription « Allah is lesbian » (« Allah est lesbienne »), accompagnée d’un texte qualifiant l’islam de « fasciste, phallocrate et misogyne ».

    La publication a suscité un tollé, certains internautes appelant à son arrestation. Le parquet de Rabat a déclaré ouvrir une enquête pour « offense à la religion islamique » et a justifié la garde à vue, généralement de 48 heures. La militante, qui subit déjà un cyberharcèlement intense avec des menaces de viol, de mort et d’appels au lynchage, a été condamné à 30 mois de prison ferme et 50 000 dirhams d'amende pour « offense envers la religion et la divinité ».

    Julien Claudé-Pénégry
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  • Le 12 août, la haute cour d’Eldoret a rendu une décision historique en Afrique : elle a contraint le gouvernement kenyan à légiférer sur les droits des personnes transgenres. Un jugement inédit, qui fait suite au combat d’une femme trans arrêtée en 2019 et victime de traitements humiliants en détention, notamment de fouilles dégradantes et d’examens médicaux invasifs. La justice a reconnu une violation de ses droits et lui a attribué 7 700€ d’indemnisation.

    Plus important encore, le tribunal a donné ordre au gouvernement d’adopter une loi spécifique, le transgender protection rights act, ou d’amender le projet en cours sur les personnes intersexes. La décision marque une étape décisive, ouvrant la voie à une reconnaissance juridique et a une protection contre la discrimination. La balle est désormais dans le camp du parlement, dont la réponse déterminera si le Kenya devient un pionnier africain en matière de droits trans.

    Julien Claudé-Pénégry
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  • La Haute Cour de l’Andhra Pradesh a rendu un jugement historique en affirmant que les femmes transgenres doivent être reconnues comme des femmes au regard de la loi indienne, rejetant la définition basée uniquement sur la capacité à procréer.

    La juge Venkata Jyothirmai Pratapa a statué que limiter la féminité à la maternité est incompatible avec la Constitution, qui garantit l’égalité et la dignité pour tous. L’affaire, opposant Pokala Shabana à sa famille, concernait la protection contre la violence conjugale.

    La cour a rappelé qu’en 2014, la Cour suprême avait déjà reconnu le droit des personnes trans à s’identifier selon leur genre ressenti. Pour la communauté trans, cette décision représente une avancée majeure vers la reconnaissance de leurs droits. Cependant, le débat sur l’égalité LGBT+ en Inde, notamment le mariage entre personnes de même sexe, demeure ouvert, le gouvernement restant conservateur sur ces sujets. 

    Julien Claudé-Pénégry
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  • Le militant LGBTQI+ turc Enes Hocaoğulları a été arrêté à son retour à Ankara suite à son intervention au 48e Conseil de l’Europe où il a exposé les abus multiples de son gouvernement à l’encontre de la démocratie, des droits civiques et LGBTQIAP+.

    Une tribune a été publié par plus d’une quinzaine d’associations signataires afin de rappeler les politiques de dénigrement mis en place par le pouvoir en Turquie et appelle la communauté européenne à se mobiliser pour demander outre la libération immédiate et inconditionnelle d’Enes, une réaction ferme pour protéger le peuple turc et ses représentants.

    Julien Claudé-Pénégry
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  • L’association lgbtqia+ de la Sarthe, Homogène, a obtenu l’annulation d’un camp de trois jours prévus en août 2025 à Parigne-l’Evêque. La manifestation, organisée dans un lieu privé, devait accueillir Jannick Christen, militante reconnue pour ses propos transphobes et son engagement contre la transidentité. Craignant des pratiques de thérapies de conversion, interdites en France depuis 2022, l’association a alerté les autorités et le centre d’accueil.

    La mairie, initialement peu informée, a confirmé que l'événement a été annulé. Homogène salue cette victoire contre la haine et rappelle que la transphobie et les tentatives de conversion sont punies par la loi. 

    Julien Claudé-Pénégry
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  • Jeudi, une cour d’appel aux États-Unis a confirmé une décision contraignant l’administration Trump à réintroduire les passeports avec le genre “X” pour les personnes transgenres, intersexes non-binaires ou tout autre genre ne correspondant pas au genre assigné à la naissance.

    Nouvelle déconvenue judiciaire pour Donald Trump. Jeudi, une cour d’appel américaine a confirmé qu’il n’était pas légal de restreindre la délivrance de passeports aux seules mentions “masculin” et “féminin”.

    Le 20 janvier, jour de son investiture, Trump a signé un décret LGBTphobe limitant officiellement la reconnaissance des deux seuls genres « traditionnels » alors que les passeports avec la mention « X » étaient délivrés depuis 2021. Le département d’État avait aussitôt cessé de délivrer des passeports incluant la mention “X”.

    En juin dernier, une juge avait ordonné en première instance la reprise de leur délivrance, estimant que cette interdiction portait atteinte aux droits des personnes transgenres,intersexe et non-binaires. La cour d’appel vient de confirmer cette décision, rejetant la demande du gouvernement d’annuler le jugement de première instance et pointant les “préjudices immédiats et irréparables” pour les personnes concernées.

    C’est une victoire des personnes LGBTQ+ contre Trump et les réactionnaires américains. 

    Photo : © Shutterstock

    Franck Desbordes
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  • Harvard University a supprimé ses sites pour le Centre LGBTQ+ et le Centre pour les femmes, semblant céder aux pressions de l'administration Trump. The Advocate explique que ces actions interviennent après la menace de retrait de financement fédéral et d'enquête sur ses programmes DEI (Diversité, Équité, Inclusion), jugés contraires aux intérêts du gouvernement.

    La déléguée Hopi Hoekstra a annoncé la création d’un nouvel Office pour la culture académique, sans confirmer le maintien des centres. La Maison-Blanche a également menacé de retirer l’accréditation de Harvard via la Commission de l’éducation de la Nouvelle-Angleterre. En réponse,

    Harvard a intenté une action en justice contre ces mesures, qui ont suscité de vives critiques. Ces événements illustrent la tension croissante entre l'université et l'administration Trump, dans un contexte de restrictions accrues sur la liberté académique et les droits des minorités.

    Julien Claudé-Pénégry
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  • Une association financée par des fonds publics et proches de l’extrême droite suscite la controverse dans l’école publique de Fontenay-aux-Roses.

     Le 10 avril, lors d’un « café des parents » au collège Les Ormeaux, Réseau des parents a diffusé des conseils d’hygiène fortement stéréotypés : « produits tout-en-un pour les garçons » et « soins » ou « parfums » pour les filles, provoquant l’indignation d’Astrid Brobecker, élue écologiste dans les pages du quotidien gratuit 20 Minutes.

    Selon le site de l’association, ses messages véhiculent une vision hiérarchisée des sexes, excluant notamment personnes trans ou non-binaires. Le problème s’amplifie avec la révélation que l’organisme reçoit des financements du Fonds du Bien Commun, créé par Pierre-Édouard Stérin, proche de l’extrême droite et des milieux catholiques intégristes, ainsi que du ministère du Travail via le programme Cités éducatives. Mediapart souligne que cette association promeut aussi une propagande anti-IVG, présentant la grossesse non désirée comme un « bonheur » évident, et qualifie la dysphorie de genre de « risque » des réseaux sociaux, une thèse discréditée par la communauté scientifique.

    Maxime Pouvreau, de la CGT Éducation 92, dénonce une « bataille culturelle masquée derrière une neutralité apparente ». Astrid Brobecker ajoute : « le diable est dans les détails. » La controverse soulève des questions sur la sélection des partenaires éducatifs, dans une école publique supposée respecter la laïcité et les valeurs républicaines.

    Julien Claudé-Pénégry
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